Le billet de Dov Zerah - Les élections législatives israéliennes : le retour de Netanyahou

20 Mars 2023 | 189 vue(s)
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Israël

Chronique de Bruno Halioua, diffusée sur Radio J, lundi 12 février à 9h20.

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Opinion

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Cette chronique a été publiée dans le dernier exemplaire de la Revue Commentaire. Elle a été rédigée avant le dépôt de la loi sur la réforme judiciaire. Ce texte n’analyse ni le projet ni les conséquences institutionnelles et politiques. 

 

Benjamin NETANYAHOU : Le revoilà !

 

À la faveur des dernières élections législatives israéliennes du 1er novembre 2022 et de la constitution d’une coalition inédite, Benyamin Netanyahou est redevenu Premier ministre d’Israël, battant son propre record de longévité à ce poste, la plus importante dans l’histoire du pays. Après cinq élections en moins de trois ans, le corps électoral a donné un bloc de soixante-quatre mandats pour Benyamin Netanyahou alors que soixante et un étaient nécessaires.

 

Deux premiers enseignements peuvent en être tirés de prime abord. Benyamin Netanyahou faisait face à une opposition hétéroclite avec un slogan unique : « Tout sauf Bibi » (« TSB »). Elle n’articulait aucune proposition programmatique décisive, et consacrait ses interventions à la personnalité de Netanyahou, qualifié de machiavélique, de manipulateur et de menteur, ainsi qu’à ses trois mises en examen pour corruption. Son score constitue une victoire incontestable. Le peuple lui aurait-il pour autant donné quitus ? Vox populi, vox Dei ? La réponse à cette question est essentielle dans un pays dont la population paie l’impôt du sang et ne transige pas avec la morale politique. N’oublions pas qu’un Premier ministre en exercice a dû démissionner à cause de deux mille dollars laissés par son épouse sur un compte bancaire américain, qu’un ancien Premier ministre a fait de la prison, et qu’un Président en exercice a dû démissionner… Second enseignement : la société israélienne se serait droitisée. Mais, à regarder de plus près les résultats, les électeurs ont permis une « remise en ordre » de l’échiquier politique, qui n’a pas évolué autant qu’on le dit.

 

L’échec d’une coalition problématique.

 

Après les élections de 2021, pour faire barrage au chef du Likoud, Yamina, le parti de sionistes religieux de Naftali Bennett, n’a pas hésité à s’allier avec le parti travailliste, les post-sionistes de l’extrême gauche Meretz et le parti islamique Raam de Mansour Abbas. Pour devenir Premier ministre, Bennett a été accompagné de Guideon Saar, transfuge du Likoud, de Benny Gantz, ancien chef d’état-major toujours partant pour être ministre de la Défense, et d’Avigdor Lieberman, chef d’un parti de droite laïque, Israel Beytenou, à l’origine de la crise survenue après la remise en cause, au terme du premier round d’il y a trois ans, de son accord avec Benyamin Netanyahou. Cet attelage politique, pour le moins étrange idéologiquement, a tenu le temps que ses contradictions aient rendu impossible la poursuite de l’expérience malgré une gouvernance qui a montré que Benyamin Netanyahou n’était pas indispensable, a mis fin à l’immobilisme budgétaire et a lancé de grands programmes d’infrastructures dans la santé et les transports. Mais les compromis effectués pour constituer cette coalition ont été sanctionnés. Les électeurs n’ont pas apprécié ces contorsions idéologiques, et ont rappelé aux responsables politiques qu’il leur fallait respecter les engagements et positionnements pris pendant la campagne électorale.

 

Ce rappel démocratique a été sans appel pour deux partis. Yamina a disparu du paysage politique, passant de sept mandats à zéro. Cela a forgé le succès des extrémistes Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, d’autant plus qu’ils s’étaient présentés unis dans la compétition, sur la recommandation, voire l’insistance de Benyamin Netanyahou. Autre parti idéologiquement structuré, Meretz, à l’extrême gauche, a aussi payé cher sa participation à un gouvernement dirigé par un sioniste religieux, ses députés passant de six à zéro. D’abord perçue favorablement, l’association du parti islamiste Raam à la coalition est apparue contreproductive pour l’alliance au fil du temps. Benyamin Netanyahou avait également envisagé en 2021 de conclure un accord de gouvernement avec le parti de Mansour Abbas, mais les sionistes religieux de Smotrich et de Ben Gvir avaient refusé de le suivre. Cette participation islamiste à la coalition a constitué une concrétisation du souhait exprimé par une partie de plus en plus importante des Arabes israéliens de participer à la vie politique. Cette aspiration se manifeste par une augmentation régulière du nombre de volontaires au service civil, en lieu et place des trois ans dans l’armée. Parallèlement, cette association était porteuse d’espoirs ; une implication gouvernementale permettrait de mieux traiter les difficultés rencontrées par les Arabes israéliens confrontés au sous-emploi et à la violence de bandes organisées. Mais ce rêve s’est effondré à cause des comportements des responsables islamistes, et surtout avec les émeutes de mai 2021. La profanation d’une synagogue à Lod a eu l’effet d’un tsunami ; dans le même temps, les attentats se sont multipliés au point que certains n’hésitent plus à parler de troisième Intifada. Cela a alimenté une peur qui s’est réfugiée dans le vote pour les extrêmes.

 

Une clarification politique. 

 

Les électeurs de Yamina ont désavoué leurs chefs de file Naftali Bennett et Ayelet Shaked, qualifiés de parjures, et se sont reportés sur le tandem Smotrich-Ben Gvir. Ayant refusé aux dernières élections un accord avec le parti islamique Raam, leur fidélité idéologique leur a permis de passer de six à quatorze mandats. C’est ce transfert de voix, accentué par l’alliance des deux leaders, qui explique le résultat, plus qu’une droitisation de la société. Les électeurs israéliens ont rappelé à l’ordre leurs dirigeants ; quels que soient les compromis nécessaires pour former une coalition, tout n’est pas permis et leur rôle de représentation de l’opinion des électeurs reste primordial en démocratie.

 

De la même façon que les électeurs de Yamina n’avaient pas voté pour faire alliance avec la gauche et les islamistes, les électeurs de Meretz n’avaient pas voté en 2021 pour faire alliance avec des partis qui se situaient à la droite du Likoud. Cette « remise en ordre » ne peut être interprétée comme un changement fondamental de la société israélienne, ni comme une forme de droitisation. Ces élections sanctionnent également les partis sans programme, comme le parti travailliste. Dans cette perspective, il est étonnant que certains commentateurs n’aient pas hésité à accabler Merav Michaeli, chef du parti travailliste, pour avoir refusé de s’allier à Meretz avec le seul objectif de dépasser la barre de qualification de 3,25 % et d’obtenir plus de sièges grâce à cette alliance. Avec seulement quatre sièges, la déroute du parti travailliste démontre qu’un combat électoral ne peut être gagné grâce au seul slogan « Tout sauf Bibi ». Ce nouvel échec du parti tient principalement à deux causes. La première est liée à l’absence d’un travail programmatique approfondi intégrant les évolutions sociologiques de la société israélienne ainsi que les aspirations des populations. Il est grand temps que le parti travailliste procède à un examen de conscience et à un aggiornamento idéologique. La seconde tient au fonctionnement même du parti, accaparé par des apparatchiks qui ont insuffisamment intégré les jeunes, les femmes et les diversités.

 

Une certaine permanence électorale.

 

L’analyse des résultats, non pas en nombre de mandats (qui découlent de l’impossibilité des listes à être représentées si elles n’obtiennent pas 3,25 % des voix) mais en pourcentage, démontre une certaine permanence de la géographie électorale. La droite n’a pas connu une véritable dynamique en termes de voix ; seules les évictions de Yamina et de Meretz ont fait la différence en termes de mandats. En prenant en compte les résultats en nombre de voix par bloc idéologique et non par liste coalisée, les évolutions sont minimes : le bloc de droite stagne, passant de 48,32% à 48,38% des voix. En revanche, le bloc du centre et de gauche passe de 41,61 % à 38,2 % au profit des listes « arabes » qui, elles, progressent de 8,61 % à 10,73 %. Et, si l’on additionne toutes les listes anti-Benyamin Netanyahou, on passe de 50,22 % à 48,93 % des voix entre 2021 et 2022. Les évolutions se sont davantage produites à l’intérieur de chaque bloc idéologique, et les passages de la gauche vers la droite ont été extrêmement faibles. Seule la clarification voulue par les électeurs donne la victoire à Benyamin Netanyahou, qui aurait déjà pu avoir lieu en 2021. Mais plus encore, si on prend les résultats des voix par liste, l’électorat israélien apparaît très conservateur, malgré une participation record depuis 1999. Le Likoud est passé de 24,19 % à 23,41 % des voix, soit une baisse de près d’un point ! Nous sommes loin d’un élan populaire en faveur de Benyamin Netanyahou. Si son retour est accepté, il n’est pas ardemment souhaité. Ce n’est pas un retour en grâce qui permettrait de s’affranchir de toutes les règles juridiques ou procédures judiciaires. Le sionisme religieux, représenté cette année par Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, passe de 11,33 % à 10,84 % des voix, soit une diminution de 0,5 % par rapport à la liste menée par Naftali Bennett en 2021. On peut en déduire que les listes qui ont donné la majorité à Benyamin Netanyahou n’ont pas obtenu de bons scores. En revanche, les deux partis religieux orthodoxes ont eu de meilleurs résultats. La liste orthodoxe ashkénaze passe de 5,63 % à 5,88 % des voix, soit une augmentation très minime, mais c’est surtout le Shas, parti des orthodoxes sépharades, qui passe de 7,17 % à 8,25 % des voix, soit une augmentation de 1 %, malgré une certaine focalisation du débat sur les ennuis judiciaires de son président, Aryé Dery. Seule la liste Shas ayant progressé, on comprend bien que le retour de Benyamin Netanyahou ne résulte pas d’une réelle dynamique politique de la part des électeurs israéliens.

 

Une rupture idéologique historique ? 

 

Plus qu’une droitisation de la société, ces élections peuvent constituer une rupture idéologique historique. Le parti travailliste a été un des bâtisseurs de l’État et l’a dirigé pendant trente ans. Depuis l’arrivée au pouvoir du Likoud en 1977, l’État juif a connu un profond changement de modèle économique. L’économie s’est privatisée et les mécanismes de son fonctionnement libéralisés, même s’il subsiste encore de nombreux monopoles préjudiciables à sa compétitivité ; en quarante ans, ont été progressivement remises en cause des structures collectives comme les kibboutz, et privatisées de très nombreuses entreprises. Aujourd’hui, l’enjeu est la vision du sionisme, cent vingt ans après le premier congrès sioniste mondial de 1897. Allons-nous assister à une prise de relais par les sionistes religieux ? Sans sous-estimer l’action des Amants de Sion et du Rav Kook, le sionisme religieux n’a commencé à se manifester qu’après la récupération du mur occidental du Second Temple. Allons-nous assister à un basculement avec une vision religieuse, voire messianique du nouveau sionisme ? C’est en fait du côté de la gauche que des évolutions peuvent être constatées. Celle-ci, en effet, est en pleine mutation. Yesh Atid, le parti mené par le Premier ministre sortant Yair Lapid, obtient de très bons scores, passant de 13,93 % à 17,79 % des voix, soit près de 4 % d’augmentation. Pour lui, l’exercice du pouvoir n’est pas sanctionné ; bien au contraire, les électeurs du centre et de la gauche ont suivi Yair Lapid et ont salué sa capacité à gouverner.

 

En revanche, les partenaires en payent le prix fort :

1. Les travaillistes ne finissent pas de baisser et passent cette fois-ci de 6,09 % à 3,69 % des voix, soit une baisse de près de 2,5 %.

2. L’extrême gauche de Meretz passe de 4,59 % à 3,16 % des voix, soit en dessous des fatidiques 3,25 % pour pouvoir être représenté à la Knesset.

3. Enfin, le centre représenté par Benny Gantz et Gideon Saar passe de 11,37 % des voix, si on additionne les résultats des deux listes en 2021, à 9,08 % aujourd’hui, soit une baisse de plus de 2 %. Le ralliement d’un ancien chef d’état-major, Gaby Azencot, n’a pas été d’un grand secours et a accentué le trait « brigade des généraux » de cette liste. À la différence de Yair Lapid, Benny Gantz n’apparaît pas comme un potentiel Premier ministre.

 

Lapid devient le chef de l’opposition.

 

Le premier gagnant de cette élection en nombre de voix est donc Yair Lapid, qui s’installe durablement dans le paysage politique en ayant littéralement « siphonné » les voix du parti travailliste, du Meretz et de Benny Gantz. Il devient le chef de l’opposition à Benyamin Netanyahou ; les autres partis d’opposition ne sont plus que des alliés fragilisés car même Avigdor Lieberman, qui représente une partie des voix des immigrés russes, baisse de plus de 1 % en passant de 5,63 % à 4,48 % des voix.

 

Le second gagnant est constitué par l’ensemble des partis arabes. Cette fois-ci, ils n’ont pas pu faire liste commune car les différences entre Tal-Hadash, Raam et Balad étaient trop importantes, notamment sur la perspective d’une participation à une majorité parlementaire. Pour Raam, le Rubicon avait déjà été franchi ; pour Tal-Hadash, cette participation était envisageable mais elle était inacceptable pour Balad, le parti le plus proche de l’Autorité palestinienne. Du fait de cette division, Balad n’est plus représenté à la Knesset. Raam passe de 3,79 % à 4,07 % des voix. Le fait de participer à une coalition avec des partis sionistes a été approuvé par les électeurs. Et, si l’on additionne les voix de Tal-Hadash et de Balad qui avaient fait liste commune en 2021, on passe de 4,82 % à 6,66 %, soit une hausse de près de 2 %.

 

Même si la victoire de la droite est en partie trompeuse, Benyamin Netanyahou a constitué le trente-septième gouvernement israélien. Il a été installé le 29 décembre 2022, après deux mois d’intenses négociations.

 

Les premiers pas du nouveau gouvernement. 

 

Ce nouveau gouvernement soulève de nombreuses inquiétudes eu égard aux postures idéologiques du tandem Smotrich-Ben Gvir, sans s’étendre sur les dérapages répétés de ce dernier. Dans le même temps, le succès de leurs deux partis laisse craindre une emprise plus grande de la loi religieuse sur la vie quotidienne, des revendications plus importantes de subventions pour les écoles religieuses, sans oublier l’exemption de service militaire pour les étudiants des écoles talmudiques. Au-delà du rapport gauche/droite, le camp laïque est largement majoritaire en Israël alors que la coalition est principalement composée de religieux. Le camp laïque, sans prendre en compte les partis arabes qui ne le sont pas vraiment, compte 61,61 % des voix contre 25 % pour le camp religieux. Le grand questionnement porte sur la capacité de Benyamin Netanyahou à contenir les nombreuses exigences des sionistes religieux et des partis orthodoxes pour éviter d’être en porte-à-faux avec les aspirations de la société israélienne. Outre ces considérations générales, la constitution du gouvernement n’a pu se faire qu’en portant un coup de canif à la morale politique israélienne, avec l’abrogation de la loi interdisant à un député de devenir ministre en cas de condamnation. Pour permettre à Aryé Dery d’être membre du gouvernement, la Knesset a adopté une loi personnelle. Malgré le vote des parlementaires, la Cour suprême n’a pas validé cette nomination, notamment au motif que le chef du parti Shas avait promis en 2022 de se retirer de la vie politique pour échapper à la prison. Et Benyamin Netanyahou a fini par remercier son ministre de la Santé et de l’Intérieur.

 

Ce dernier épisode, tout comme celui de l’élection du président de la Knesset, démontrent les capacités de manœuvre de Benyamin Netanyahou. Le poste revenait au Likoud et le Premier ministre a fait élire Amir Ohana. En choisissant un député ouvertement homosexuel, apparaissant à la télévision avec son mari et leurs deux enfants, Netanyahou a fait un pied de nez à ses partenaires officiellement anti-LGBT. Cela confirme les appréciations portées sur Netanyahou tant par ses alliés que par ses adversaires. On pourrait même aller jusqu’à le qualifier de « boulanger de Jérusalem » compte tenu de sa capacité à « les rouler tous dans la farine ».

 

Dans son jeu d’équilibriste entre les forces centrifuges de sa coalition, Benyamin Netanyahou n’a pas hésité à évoluer sur la loi du retour. Après avoir exclu toute modification de cette loi systémique israélienne, il a fini par accepter un durcissement des conditions de la judaïté des candidats au bénéfice de cette loi. C’est probablement un signal donné par ce nouveau gouvernement pour rappeler qu’Israël est l’État des Juifs ; il faut s’attendre à ce que de nouveaux messages soient adressés en ce sens. Même s’il paraît logique que des partis sionistes rappellent et défendent les idéaux sionistes, cela ne doit pas exclure la recherche d’une solution pour la paix avec les Palestiniens ; ce sujet a été le grand absent du débat électoral et du programme de la coalition.

 

Malheureusement, pour le moment, le gouvernement s’est attaqué à la réforme de la justice, notamment pour retirer à la Cour suprême le pouvoir d’annuler des lois non conformes aux lois fondamentales… Mais les Israéliens sont descendus en très grand nombre dans la rue et n’ont pas tardé à prévenir le gouvernement qu’ils n’hésiteraient pas à s’opposer à d’éventuelles atteintes à la démocratie. Quelles que soient les critiques adressées à leur système judiciaire, les Israéliens y tiennent car ils considèrent que les juges – et surtout la Cour suprême – s’inscrivent dans la tradition juive du Prophète, qui n’hésitait pas à réprimander le roi, à lui donner des leçons de morale. Il est impossible d’occulter la dimension personnelle de ce projet pour le Premier ministre, compte tenu de ses ennuis judiciaires ; son fils n’a pas hésité à tenir des propos outranciers à l’égard de la justice en critiquant la longueur des procédures, certains actes survenus en période électorale ou des rétractations de témoins… Quel que soit son intérêt personnel, Benyamin Netanyahou devra se méfier, car une manifestation sur une question de société peut se transformer en crise politique. Il lui faudra veiller à ne pas fracturer un peu plus le pays et à s’attaquer aux problèmes de la société. La liste est longue : réduction des inégalités qui se sont accentuées avec les salaires de la high tech ; mise en place d’un programme pour développer l’emploi des Arabes et des orthodoxes ; lutte contre l’inflation qui passe notamment par le démantèlement des monopoles ; développement des infrastructures ferroviaires et des transports collectifs dans les villes pour endiguer la thrombose de la circulation automobile ; rénovation et renforcement des structures sanitaires et éducatives, etc.

 

Les menaces. 

 

Au-delà des enjeuxinternes, n’oublions pas les menaces qui entourent Israël :

1. Le Hamas à partir de Gaza, avec l’envoi régulier de roquettes et de missiles, sans sous-estimer l’agitation entretenue dans les territoires et même en Israël, comme on a pu le voir lors des émeutes de mai 2021 dans les villes de Lod, Jaffa et Ramla.

2. La menace du Hezbollah au nord, avec ses dizaines de milliers de missiles. À la différence du Hamas, le Hezbollah ne s’aventure pas dans des « rounds » réguliers de confrontation avec Israël ; il n’est pas prêt à prendre le risque d’une campagne de bombardements semblable à celle de l’été 2006, qui a profondément marqué le Liban, ses infrastructures et sa population. Par ailleurs, toute initiative du Hezbollah à partir du Liban serait de nature à remettre en cause l’accord israélo-libanais sur la frontière maritime entre les deux pays et le bénéfice du pactole des hydrocarbures. Ne négligeons pas enfin la réaction des Libanais qui n’apprécient pas la mainmise du Hezbollah sur le pays, les effets collatéraux de ses initiatives ou les conséquences de l’explosion d’août 2020 dans un entrepôt du port de Beyrouth... Même si la situation économique catastrophique du pays du Cèdre réduit les marges de manœuvre belliqueuses du Hezbollah, Israël est obligé de compter avec son arsenal et le risque de son utilisation par son parrain iranien.

3. Le front le plus actif est la Syrie, où les Iraniens cherchent à développer et à consolider leur présence. Cela conduit l’armée israélienne à bombarder régulièrement les sites iraniens ; elle peut le faire avec l’accord tacite de la Russie, qui cherche à contenir les prétentions iraniennes sur la Syrie. Cette posture russe explique l’implication discrète d’Israël dans le conflit en Ukraine et le refus de Jérusalem de livrer des drones ou autres matériels militaires à Kiev. Ce double jeu de Poutine permet de comprendre qu’il ait salué la victoire et le retour de Netanyahou au pouvoir.

4. La dernière menace, mais la plus dangereuse, est la volonté de la « mollacratie » iranienne de détenir l’arme nucléaire.

 

Enfin, rappelons un fait largement passé inaperçu : ni Benny Gantz ni Avigdor Lieberman n’ont proposé de nom de Premier ministre au président de l’État, et ils se sont « mis en réserve ». Même si, pour le moment, Benyamin Netanyahou fait tout pour ne pas accorder d’importance à ce signal, on peut lui faire confiance pour s’en servir aux fins de calmer ses impétueux partenaires ou pour avoir une solution de rechange. Benyamin Netanyahou est le maître du jeu.

 

La question reste de savoir ce qu’il fera de son pouvoir, et quel sera le contenu de la page qu’il souhaite écrire dans l’histoire d’Israël.

 

Dov Zerah

 

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