Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lectures de Jean-Pierre Allali - Le fils de la Nation, par Ange-Mathieu Mezzadri

08 Mars 2023 | 132 vue(s)
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France

Découvrez mon discours prononcé lors de la plénière de clôture de la 11ème Convention nationale du Crif, le 14 novembre 2021, en présence du Premier ministre Jean Castex.

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Le fils de la Nation, par Ange-Mathieu Mezzadri (*)

 

Il y a quelques années, en janvier 2015, le docteur Mezzadri nous avait proposé un étonnant recueil « Croquis Rock & Roll. Poésie Rock » où une Harpe de David voisinait avec des inscriptions hébraïques (1).

Le sujet de son nouveau livre est d’un tout autre ordre et éminemment politique : celui de l’indépendance de la Corse.  Et si certains trouveront cet essai génial, magnifique, super, excellent, d’autres n’hésiteront pas à le qualifier de déjanté, de délirant, d’invraisemblable, voire de fou. L’auteur aurait pu, comme Orwell en son temps avec « 1984 », situer son récit dans un lointain futur, « 2084 » par exemple. Étonnamment, il a choisi l’année même de la publication de son ouvrage : 2021. Provocation ou mauvais choix ? Allez savoir.

Nous sommes donc en 2021. Le président de la République est Boris Dru-Filoche, surnommé « L’effiloché ».

Le gouvernement français, quant à lui, est dirigé par Jalil Grumeau, inexpérimenté en politique, mais bardé de diplômes ronflants et qui, pour « consolider sa majorité chancelante, avec l’aile islamo-gauchiste la plus radicale », parle de « quitter l’OTAN, d’inverser les alliances conclues, et, en particulier, de mettre l’arsenal nucléaire français au service des causes progressistes et de la libération des peuples-selon eux-opprimés, dont les Palestiniens ».

« Cet homme, jeune, instruit, roué, avenant, est le fils d’un professeur en sociologie à l’université Sorbonne-Paris-Nord, ancien élu local écolo-progressiste à Bobigny et d’une Égyptienne, proche des Frères Musulmans. Profitant de la notoriété de son père, il se présenta à la députation sur la cinquième circonscription de la Seine-Saint-Denis. Il concourut sous l’étiquette du parti qu’il avait créé : L’URMF, Union Républicaine des Musulmans de France ».

Entre les deux dirigeants, les relations sont un peu troubles car, comme le dit la comptine, ils se tiennent par la barbichette. En fait, Grumeau tient l’Effiloché « par la braguette » car « Boris Dru-Filoche raffole de porter des hauts talons et de s’habiller en femme pour se faire honorer par des mecs baraqués u brin racaille ». Et Grumeau a récupéré des enregistrements des ébats du président !

Quant à l’armée, tout acquise au charismatique général  Puig-Maurras, elle ne semble pas soutenir  le pouvoir politique.

Parmi les protagonistes de ce récit, Santu Sanpieri, cousin d’Orso Vinciguerra, chef de l’Armée Corse de Libération,  et sa compagne Monica-Sarah, Alistair-Félix, en charge plus particulièrement des relations avec Israël, Enrique Passalacqua, Portoricain et Américain, Fabien Luciani, Canadien, César Ambrosi, Benjamin Susini, Dino, le docteur Théo Aberkane, Kabyle algérien, Marc Sampieri, présenté comme un médecin judaïsant, Tomasgiu Franceschini, le sergent Igor Mattei, Lissandru Léandri, Mathieu Susini et Sauveur Lantieri, plus particulièrement chargés des relations avec la Sardaigne amie,  Luca Vinciguerra, le capitaine Luigia Belgodere,  et le père Marceau Franceschini

Lors d’un séjour en Israël, Alistair Félix obtiendra le soutien d’une vingtaine de chirurgiens et de médecins du pays, volontaires pour opérer dans un hôpital installé en Sardaigne. Et cela pour rendre hommage à la terre des Justes que fut la Corse au temps terrible de la Shoah. De plus, trois d’entre eux, les docteurs Mordechaï Cohen, Dov Sebbagh et Sarah Pérès, officier de Tsahal et qui dispose d’un cabinet à Tel Aviv avaient une raison personnelle : leurs grands-pères étaient nés à Bastia. Sarah Pérès précise : « Par mon grand-père bastiais, je suis corse et je veux remercier notre île pour ce qu’elle a fait pour nous, les Juifs ». Le docteur Cohen, pour sa part, est fier de revêtir la tenue noire de combat de L’Armata Per Corsica. 

Les Corses sont d’autant plus excédés et révoltés, que le gouvernement français a interdit les processions du Vendredi saint sur l’île, allant même jusqu’à y dépêcher des hélicoptères de combat.

Une réunion décisive, une consulta, réunissant les responsables des associations corses des Amériques, de Porto-Rico et de diverses diasporas à travers le monde, se tient avec l’idée de créer un État corse indépendant. Santu Sanpieri est alors élu président du gouvernement en exil. Parmi les déclarations adoptées, celle-ci : « Nous Corses, exilés en Amérique du Nord, en lien avec nos frères en diaspora, rendons publiques à la face du monde l’existence du gouvernement de la Corse libre présidé par un universitaire de renom, issu d’une des plus illustres familles de notre île. Nous invitons tous les Corses et apparentés qui se trouvent hors du territoire français ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec nous. Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance corse ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». Evviva Corsica !

Dans les discussions du groupe indépendantiste, on apprend que deux navires de guerre français frôlent les eaux territoriales israéliennes en soutien à la population de Gaza que Tsahal s’apprêterait à frapper durement. Les navires français finissent par pénétrer dans les eaux territoriales israéliennes. Rien ne va plus entre Israël et la France. En Egypte, des milliers de manifestants scandent « Jalil, tu es un fils de l’islam », « Jalil, sauve-nous des sionistes ! », « Jalil, tu es notre calife »…En France métropolitaine, c’et le temps des pogromes et du saccage de magasins supposés appartenir à des Juifs. La Ligue de Défense Corse prête assistance à son homologue juive. Au Conseil de Sécurité de l’ONU, le représentant de la France, Rachid Khellil demande de lourdes sanctions contre Israël.

Prêts au combat, les indépendantistes,  munis de gilets pare-balles, rejoignent peu à peu le maquis. Il est à noter que dans une France en décomposition et désormais balkanisé, les Corses ne sont pas les seuls à vouloir voler de leurs propres ailes : après le réduit savoisien, la Bretagne bretonnante, l’Alsace et la Normandie ont fait sécession.

La France de Grumeau se montre alors agressive à l’égard de nombre de pays dont l’Italie. Dès lors, le gouvernement Salvini de Rome devenait un allié pour les rebelles corses.

Les raids indépendantistes se multiplient et c’est bientôt la guerre avec ses blessés et ses morts. Les hommes de Santu se lancent dans une opération de neutralisation de tous les vaisseaux battant pavillon tricolore. L’opération U Mare Pulitu est lancée.

In fine, la Corse est un État indépendant. Son Assemblée comporte deux institutions dirigées par des Grands Gonfaloniers. On ne parle plus désormais de la France mais de l’ex-France. Il est temps d’entonner le Diu Salve Regina !

Étonnant et original !

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Maïa.  Mai 2021. 240 pages. 19 euros.

(1) Éditions Autres Temps.

 

 

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