Le CRIF en action
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Publié le 29 Juin 2010

Lettre de Richard Prasquier à Laurent Joffrin, Président du directoire de Libération

Monsieur Laurent Joffrin



Président du directoire de Libération



Paris, le 23 juin 2010



Monsieur le Président du directoire,



En publiant dans l’édition du mercredi 23 juin 2010 de Libération un encart publicitaire d’une page, votre quotidien commet une erreur.
Cette page est constituée d’une pétition qui, en des termes outrageants et violents, soutient la déprogrammation et le boycott d’une œuvre cinématographique israélienne. Cette pétition est signée par des cinéastes israéliens, très engagés politiquement pour la cause palestinienne. Nous trouvons également dans la même page, un texte du réseau de cinémas Utopia, qui, rappelons-le, n’a pas hésité à pratiquer cette déprogrammation pour des motifs discriminatoires. Que ce réseau soit dirigé par des gens qui ont un véritable engagement de longue date, nous le savons et c’est leur affaire. Mais qu’à l’occasion d’un évènement extérieur, l’affaire de la flottille, qui ne se réduit pas, chacun le sait, à la représentation manichéenne des bons humanitaires contre l’horrible Etat d’Israël, ces gens n’hésitent pas à promouvoir des actions illégales et discriminatoires, c’est autre chose. Par ailleurs, pourquoi publier l’article haineux d’Eyal Sivan, partisan de la disparition de l’Etat d’Israël ?
Alors que, dans ses éditoriaux, la presse française a dénoncé cette déprogrammation ; alors que le ministre de la Culture, le Quai d’Orsay, le maire de Paris ou, par exemple, sept organisations professionnelles du cinéma se sont insurgées contre cette déprogrammation, affirmant leur stupéfaction et condamnant ce qu’elles qualifient de « prise d’otage de la culture » ; alors que de nombreuses associations (SOS Racisme, la LICRA…) ont exprimé leur colère, Libération semble réactiver ce dossier pathétique.
Pour quelle raison Libération se démarque-t-il de l’avis unanime des uns et des autres, en publiant cette publicité, alors que, tout le monde considère que le comble du crétinimisme est de censurer un cinéma israélien qui s’est imposé depuis quelques années comme… l’une des forces de l’opposition en Israël?
Or, la publication de cette publicité relève de la faute. Faut-il rappeler à Libération que le boycott qui est encouragé par Utopia et consœurs est une discrimination visée aux articles 225-1 et 225-2 du code pénal ?
Veuillez agréer, Monsieur le Président du directoire, l’expression de mes sentiments distingués.



Richard Prasquier



Photo : D.R.