Le CRIF en action
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Publié le 16 Novembre 2011

Une Convention Nationale du CRIF, pourquoi? Comment? Par Raphaël Haddad, coordinateur de l’évènement

Le projet de Convention Nationale du CRIF qui se tiendra le dimanche 20 novembre à l’espace de conférences Cap 15 est une réalisation ambitieuse dans son périmètre, dans son casting, et dans son message.




Elle est une journée publique, où l’inscription est obligatoire (www.conventioncrif2011.org)



Ce projet s’inspire d’un précédent dans l’histoire de l’institution. L’histoire du CRIF est riche de temps marquants, et il n’est nul besoin de chercher bien loin pour puiser son inspiration. La Convention Nationale 2011 du CRIF s’appuie sur l’expérience de convention nationale précédente menée fin novembre 2006 durant la présidence de Roger Cukierman.
Cet évènement s’en inspire donc et il comprend aussi sa part de nouveautés.



La principale nouveauté explique en partie l’intensité du travail menée jusqu’ici : Les instances du CRIF ont pu imaginer que le principe d’une Convention Nationale puisse être reconduit régulièrement. Bien au delà d’un évènement ponctuel, même marquant, l’intention du CRIF est donc de s’engager sur une modalité supplémentaire de dialogue et d’échanges avec l’ensemble de la société.



Je remercie le Président du CRIF pour la confiance qu’il m’a témoigné en me confiant la lourde responsabilité de mener à bien cette mission ainsi que l’ensemble des membres du bureau Exécutif qui à titre individuel et collectif ont pris part à l’élaboration de ce projet, et assez unanimement plébiscité.



Il s’agit de trouver une équilibre délicat entre réflexion prospective et actualité militante et politique : le contenu de cette journée ne devait être éthéré et sans adéquation avec le quotidien, ni limité par l’actualité immédiate, bien qu’elle soit en ce moment si saisissante.



Autour du thème « Demain les Juifs de France », il s’agira dans quelques jours de nous poser et de poser à d’autres les questions qui sont celles de notre communauté pour aujourd’hui et pour demain avec la volonté politique d’affronter sans fard le réel.



Le CRIF a aussi fait le choix d’un certain degré de courage. Dans ces temps parfois difficiles, cette journée se veut un espace de débats entre nous et avec les autres, et n’élude pas les questions qui fâchent. Quelles sont les limites de la légitimité d’une parole juive publique ? Quelle est la responsabilité d’un Juif de diaspora critiquant publiquement la politique israélienne ? Quelles réponses les institutions juives apportent-elles aux inquiétudes d’un certain nombre d’entre nous à l’égard du devenir juif ? Quelles positions la communauté organisée doit-elle adopter face aux populismes nouveaux et anciens ? Et bien entendu, quelles attentes avons-nous à faire valoir auprès des candidats à l’élection présidentielle ? Voilà quelques unes des questions auxquelles nous tenterons d’apporter des réponses ce jour là, par le fruit d’un dialogue nourri, et je n’en doute pas, passionné.



Surtout, ce que cet évènement vient rappeler, c’est que la communauté juive dans son ensemble accepte le débat. Plus que cela, elle le suscite. Mieux encore, elle l’organise. Contrairement aux fantasmes que nourrissent certains, la communauté juive rappellera ce jour là qu’elle est tout le contraire d’un ghetto marginalisé. Le 20 novembre, le CRIF réaffirmera magistralement sa centralité au sein de la communauté juive. Le 20 novembre, le CRIF jettera des ponts avec le reste de la société. Ni lobby, ni censeur. D’un bras, le CRIF tendra ce jour là la main à tous ceux qui veulent du dialogue quitte à produire parfois de la controverse, mais qui sont prêts à reconnaitre la légitimité et la représentativité de cette institution. De l’autre, il pointera l’index vers ceux qui refuseront cette main tendue et montrera que le sectarisme ne réside pas toujours du côté que certains veulent nous faire croire.



Le CRIF veut montrer ce jour là que ce qu’on appelle LA parole juive, c’est en fait le concert de paroles juives : c’est un exercice assez enrichissant d’examiner l’intérêt qu’il y a à écouter attentivement des gens avec qui l’on n’est pas d’accord.



Venons-en aux nouveautés : le partenariat inédit qu’à cette occasion le CRIF a construit avec un grand quotidien national sera l’occasion de faire entendre fortement cette voix juive à l’extérieur. Soulignons d’ailleurs que l’acceptation par le FIGARO de ce partenariat signifie déjà et en tant que telle la reconnaissance du bien-fondé d’une parole juive et citoyenne. De plus, c’est une source de satisfaction d’observer que dans les débats, la pluralité de la parole politique sera présente à haut niveau, puisque des dirigeants des deux plus grands partis politiques français ont accepté de prendre part à la conclusion de cette journée, confortant ainsi l’importance que le CRIF a voulu donner à ce temps supplémentaire du calendrier.



Cette pluralité des voix juives, les associations membres du CRIF pourront elles aussi la faire entendre durant toute la journée par un « stand » dédié sur les lieux mêmes de l’évènement.



Le CRIF a aussi voulu consigner tout l’intelligence produite durant cette journée. Grâce à AKADEM, l’intégralité des débats seront filmés et mis en ligne sur internet dans le courant du mois de décembre. D’autre part, il a été demandé à chaque intervenant de bien vouloir remettre au crif avant le 20 novembre une tribune écrite qui synthétisera les propos que chacun d’entre eux souhaite tenir. Elles seront publiées dans la newsletter du CRIF. Dans un second temps, ces tribunes rejoindront l’espace « débats » du futur site internet du CRIF.



Enfin autour de ce thème « demain les Juifs de France » le CRIF, a décidé de réunir sur une plateforme nouvelle et dénommée CRIF Access, les jeunes actifs désireux de s’impliquer davantage au sein de la communauté juive. Logiquement, le thème « Demain les juifs de France » les concerne au premier chef ; aussi la veille au soir, et en guise de lever de rideau, ils seront réunis pour la première fois sur les lieux mêmes des débats qui se tiendront le lendemain.



Un grand nombre de conditions semblent réunies pour que cette journée s’inscrive comme un temps majeur du calendrier politique et communautaire. Rendez-vous le 20 novembre!



Photo : D.R.