Editorial du président
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Publié le 2 Mars 2011

Editorial de Richard Prasquier : nous avons mieux a faire que de poursuivre des polémiques faussement spectaculaires

1° J’ai envoyé à Sammy Ghozlan une lettre lui annonçant que je suspendais pendant trois mois sa participation au Comité Directeur du CRIF, de façon à obtenir une clarification nécessaire sur les initiatives prises depuis quelques mois par le BNVCA sans aucune concertation avec notre institution. Elles se situent dans un périmètre de responsabilités qui est celui du CRIF ou celui du Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ). Le BNVCA n’est membre ni du CRIF (il n’a jamais demandé à y entrer), ni du SPCJ.




2°Le CRIF considère que certaines de ces initiatives, et notamment celles avec lesquelles il était en désaccord, ont entrainé des confusions et des incompréhensions dans les medias, les pouvoirs publics et la communauté juive dans la mesure où le BNVCA est présidé et représenté par Sammy Ghozlan, lui-même membre du comité directeur du CRIF, connu et cité comme tel.



3° Le BNVCA s’est arrogé, sans qu’on sache pourquoi, des privilèges de représentation et d’interpellation qui n’ont pas de légitimité démocratique dans le cadre des institutions. Nous n’avons pas voulu rendre publiques de façon nominative nos réserves vis-à-vis de certaines de ses prises de position et nous avons donc dû les assumer, car nous ne voulions pas, et nous ne voulons toujours pas, nourrir la polémique. Au demeurant, nous sommes d’accord sur l’essentiel, mais pas toujours sur la façon de l’exprimer. Or celle-ci a des conséquences dans un monde politique où il faut prévoir les réactions, et où il ne suffit pas d’exprimer des émotions. A de nombreuses reprises, les témoins en sont légion, j’ai essayé d’obtenir de Sammy Ghozlan, pour lequel, on le sait, j’ai estime et affection, qu’il s’harmonise avec nous avant d’intervenir au nom de son association, que le CRIF n’a par ailleurs nullement eu l’intention de « détruire ». Ces tentatives se sont malheureusement soldées par des échecs.



4° La mesure prise à l’encontre de Sammy Ghozlan est conservatoire et temporaire, la plus modérée de celles qui s’imposaient, sauf à considérer le CRIF comme une auberge espagnole et accepter la cacophonie. Cette mesure est parfaitement bien comprise par ceux qui connaissent la situation, et elle n’est pas l’effet d’une impulsion solitaire. Je désirais que cette décision fût discrète, pour favoriser les conditions d’une discussion ultérieure. Je suis stupéfait de voir que Sammy Ghozlan l’a rendue publique et a alerté les organes de la presse nationale. Il devrait savoir que cela ne peut que nous affaiblir tous. Parmi ceux qui le soutiennent, certains cherchent à diviser la communauté en blocs séparés et hostiles. Je sais que ce n’est pas son cas. Je lui conserve mon amitié mais je lui demande de revenir à une discipline communautaire qui ne ferait que de le grandir.



5° Sammy Ghozlan est membre du comité directeur du CRIF non pas parce qu’il y a été élu ou nommé par une institution, mais parce que je l’y ai coopté, comme les règlements du CRIF m’autorisent à le faire pour cinq personnes. Je l’ai fait pour manifester mon estime pour son travail de militant, malgré les inquiétudes de certains sur la possibilité de le faire travailler en équipe. C’est parce que je l’y ai coopté que j’ai la possibilité aussi de l’éloigner du comité directeur. Je demanderai à une prochaine réunion du comité directeur d’entériner cette décision.



Aujourd’hui plus que jamais, nous avons mieux à faire que de poursuivre ce genre de polémiques faussement spectaculaires. J’appelle l’ensemble des organisations de la communauté juive, qu’elles fassent ou non partie du CRIF, qu’elles expriment d’une façon ou d’une autre leurs récriminations à son égard, à un dialogue responsable. Le CRIF, je m’y engage, en prendra sa part. Il ne faillira pas, en tout cas, au devoir qui est le sien, d’exprimer dans le champ politique et dans leur diversité les sentiments, opinions et inquiétudes de la population juive de France, celle qui, en tout cas, se reconnaît en lui.



Richard Prasquier
Président du CRIF



Photo : © 2011 Erez Lichtfeld
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