Editorial du président
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Publié le 4 Mars 2014

L’histoire du CRIF accompagne celle de la République

L’éditorial des 70 ans du CRIF

Préface du Président du CRIF Roger Cukierman au hors-série des Etudes du CRIF sur les 70 ans de l’institution, qui sera offert aux invités du Dîner national, ce mardi 4 mars 2014. 

Le CRIF a été créé, en pleine tourmente, dans la clandestinité, en 1943, par une poignée d’hommes courageux venus du communisme, du sionisme, du monde religieux et du Bund. Ils anticipaient déjà qu’il faudrait reconstruire la communauté juive. Ils évoquaient même le nécessaire soutien à la future création d’un État juif. Voilà donc 70 ans que l’histoire du CRIF accompagne celle de la République. Parce que le maximum de l’horreur avait été atteint avec la Shoah, on pensait que l’antisémitisme avait disparu à tout jamais dans notre pays. Hélas, nous avons connu des moments douloureux avec la profanation du cimetière de Carpentras, les attentats de la rue des Rosiers et de la rue Copernic. Et, depuis l’année 2000, se multiplient des attaques contre des citoyens de confession juive, des agressions contre des synagogues et des écoles, culminant avec le meurtre d’Ilan Halimi et la tuerie de Toulouse. 

Mais ces soixante-dix ans ont aussi été marqués par des événements positifs : la création de l’État d’Israël, accueillie dans l’enthousiasme en 1948, l’intégration fulgurante des Juifs venus d’Afrique du Nord, la reconnaissance par le président Chirac de la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs, et aussi, grâce au pape Jean-Paul II l’établissement d’une relation fraternelle entre Juifs et Catholiques, puisque les Juifs sont « les frères aînés de l’Église ».

 

Enfin, plus généralement et plus simplement, les Juifs ont apporté une contribution quotidienne à la grandeur de la France sur le plan intellectuel, scientifique, culturel, économique et politique.

 

Depuis sa création et autour des présidences successives de Léon Meiss, Vidal Modiano, Ady Steg, Jean Rosenthal, Alain de Rothschild, Théo Klein, Jean Kahn, Henri Hajdenberg, Richard Prasquier et moimême, le CRIF reste le pôle autour duquel s’articule la vie juive au plan politique. Avec l’aide des institutions qu’il regroupe et grâce au militantisme des membres de ses instances, des commissions et de ses délégations dans les régions, le CRIF peut présenter, à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire, un bilan hautement positif. Dans les années à venir, il ne baissera pas sa garde, il continuera de défendre les valeurs du judaïsme et les valeurs de la République.

 

Le CRIF est en effet une institution plurielle qui développe des relations harmonieuses avec toutes les forces vives de la nation : gouvernement, syndicats, représentants de toutes les religions. Il rappelle à tous la nécessité d’une « tolérance zéro » dans la lutte contre l’antisémitisme, contre le racisme, et pour la défense des Droits de l’homme, car la lutte contre l’intolérance ne se divise pas.

 

Il dit à tous sa solidarité avec l’État d’Israël, qui s’impose comme une de ses priorités. Il s’efforce de s’opposer à la stigmatisation de ce pays et au boycott de ses produits que certains veulent promouvoir au mépris des lois de la République. Parallèlement, le CRIF soutient le processus de paix au Proche-Orient.

 

Le CRIF, c’est aussi la préservation de la mémoire de la Shoah. Il a participé à la résolution de la crise du couvent des carmélites d’Auschwitz et a contribué à la déclaration de repentance des évêques de France, lue à Drancy, concernant l’attitude de l’épiscopat français pendant la période de Vichy.

 

Probablement parce que nous vivons en ce début du XXIe siècle dans un climat de crise qui n’est pas seulement économique, quand on est juif en France en 2013, il y a des raisons objectives d’être inquiet : la progression de l’extrême droite, l’antisionisme de l’extrême gauche, les violences commises contre les Juifs par des jeunes issus de l’immigration, la diabolisation d’Israël et l’hostilité de certains parlementaires à l’égard de pratiques religieuses telles que la circoncision ou l’abattage rituel.

 

Face à cette conjonction de menaces, le piège serait de se replier sur soi. Le CRIF refuse la fatalité de ce piège. Notre avenir sera celui que nous construirons. Il s’agit de l’avenir des Juifs tout autant que l’avenir de la France. Nous, Français juifs, sommes fiers d’être Français et sommes unis à la communauté nationale par le même amour de notre pays.

 

Aussi sommes-nous heureux de partager avec l’immense majorité du peuple français, et avec nos autorités politiques, la conviction que le racisme et l’antisémitisme sont contraires aux valeurs de la République.

 

Nul doute que nous surmonterons les difficultés actuelles et nous aurons bien d’autres anniversaires à célébrer.

 

Roger Cukierman,

Président du CRIF

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