Editorial du président
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Publié le 16 Août 2012

Les dangers du mois d’août

Ce furent de beaux jeux Olympiques, avec un lot fourni d’émotions et d’images fortes et belles. Mais il y a eu aussi cette blessure morale, cette minute de silence qui n’en fut pas et qui nous a rappelé que les victimes israéliennes ne seraient peut-être pas tout à fait, pour certains,  aussi respectables que d’autres.

Le 5 septembre,  jour anniversaire de l’attentat des jeux de Munich, le Crif organisera, au sein même et avec l’accord du Comité Olympique français, une cérémonie d’hommage aux athlètes assassinés.

 

Creux du mois d’août ou pas, l’actualité ne connaît pas vraiment la trêve. À Amiens, les violences ne furent pas une bouffée isolée de colère en réponse à des incivilités policières : elles témoignent de l’existence déjà ancienne de zones de non-droit dans certains quartiers nord de la ville, là où les médecins ne vont plus, où les enseignants travaillent la peur au ventre et où la police n’a plus les moyens de travailler de façon efficace.

 

Dans ces territoires se substituent à la légalité républicaine, dans l’entre-soi et la démission parentale,  des contre sociétés parcellisées dont les caïds regardent avec mépris cette France qui ne fait plus rêver, où le marasme du marché du travail, contrastant avec les salaires fabuleux des vedettes sportives et l’argent facile de la drogue ringardise les projets éducatifs et les discours sur le progrès.

 

Cette déshérence ne fait pas seulement le lit des mafias locales avec leurs trafics matériels : elle laisse également des espaces à l’offre de rédemption spirituelle. Quand celle-ci oriente vers un travail d’ascèse personnelle, elle ne pose guère de difficultés sauf à aspirer une part disproportionnée des ressources humaines de la société en les détournant des enjeux et exigences de la vie pratique (ce sont les controverses d’aujourd’hui en Israël entre religieux et non-religieux).

 

Mais lorsqu’elle se constitue dans le ressentiment du groupe, qu’elle fait de la lutte contre l’autre, le maudit, l’ennemi ou simplement le trop tiède, la trame de son action et le ciment de sa solidarité, qu’elle prétend imposer et qu’elle cherche à se venger, cette quête de la rédemption est  synonyme de violence et de haine et impose à la société de se défendre contre elle.

 

Dans ce cadre, la haine contre les Juifs s’exprime aujourd’hui avec une grande banalité, et avec un sentiment d’évidence ne cherchant même pas une justification. Beaucoup de ceux qui en doutaient ont fini depuis quelques mois par admettre la gravité de cette évolution, notamment depuis les assassinats de Toulouse. Les chiffres sont là-dessus accablants. Il faut beaucoup d’aveuglement pour maintenir, qu’il y a deux phénomènes opposés mais identiques, celui du radicalisme islamique d’un côté, et celui de « l’extrémisme sioniste » de l’autre. De la même façon, on construit une islamophobie supposée en pendant de l’antisémitisme, ce qui permet à certains antiracistes œcuméniques de ne pas paraître embrigadés par les Juifs. Mais les statistiques sont têtues, c’est contre les Juifs que la haine s’est libérée par les actes et les discours quotidiens.

 

La question n’est pas tant de savoir s’il y a à l’intérieur du Coran et de façon consubstantielle à la doctrine des appels à haine contre les Juifs. De ce que j’ai lu, et je ne prétends à aucune compétence dans ce domaine, il y en a à l’évidence, aussi bien dans le texte que dans des hadiths. Il y a aussi une histoire des relations entre Musulmans et Juifs en terre d’Islam qui est loin de se limiter à l’image d’Epinal du califat de Cordoue : beaucoup de mépris, beaucoup de brimades, j’engage à la lecture du remarquable livre de Georges Bensoussan sur ce sujet.

 

Mais les livres, même et surtout lorsqu’ils sont sacrés, ne disent que l’interprétation qu’en choisissent les hommes. Il y a dans la Bible des passages qui, pris au sens littéral, vaudraient appel à extermination. C’est l’honneur du judaïsme d’avoir privilégié l’interprétation sur la lettre. C’est le danger de tout radicalisme de privilégier la lettre et de se faire gloire de ses excès. Malheureusement pour l’harmonie du monde, les courants en pointe dans l’Islam d’aujourd’hui, portés par la rente pétrolière et ses finances dérivées, sont les courants littéralistes. Ils rencontrent et manipulent les frustrations et les besoins d’engagement.

 

Nous sommes, sans même parler de la crise économique, dans l’été de tous les dangers. Il y a bien sûr, et avant tout, les bruits répétés sur les renforcements du programme nucléaire iranien. Il y a la terrible guerre civile que fait à son peuple le despote syrien, persona grata de nos palais il y a peu encore.

 

Il y a aussi les victoires des Frères musulmans, notamment en Egypte. On nous a dit qu’ils étaient plutôt modérés et que le Président élu manquait tellement de charisme qu’il n’oserait rien faire ! C’est le contraire qui a eu lieu. Les Frères ont utilisé habilement une révolution qu’ils n’avaient pas provoquée pour naviguer sur sa légitimité démocratique et moderne, exemplifiée par le blogueur Wael Gonim, disparu aujourd’hui des radars médiatiques. Ils ont fait le dos rond devant les attaques juridiques des militaires, que l’opération terroriste du Sinaï a discrédités  et brutalement le président Morsi a agi avec détermination. Ainsi son objectif sera atteint : l’Egypte, pays de 85 millions d’habitants, fera de la Charia sa constitution. Son importante minorité copte est en route pour la dhimmitude aggravée et le discours des Frères s’harmonise avec celui de la rue, qui est d’une violence anti-juive extrême.

 

Oui, Mohamed Morsi a enseigné à une Université aux USA et plusieurs de ses enfants ont la nationalité américaine. Mais le « martyr » Sayyid Qutb, le maître spirituel et politique des Frères musulmans avait aussi fait des études aux Etats Unis et cela ne l’avait nullement empêché, bien au contraire, de haïr l’Occident de toutes ses forces. Il ne suffit pas de parler anglais pour aimer la démocratie libérale.

 

Parmi les récentes initiatives des islamistes égyptiens, on peut signaler l’organisation de tournées dans le pays pour promouvoir l’excision « trop peu pratiquée » en Egypte.

 

J’y ai pensé en étant invité, rare privilège, à deux circoncisions le même jour lundi dernier. Douleurs de la « victime » ? Entre 2 et 3 secondes de pleurs. Séquelles de la « mutilation » pour la vie ? Tant que des nazis ne demandent pas de vérifier la situation, je cherche….

 

Faudra-t-il expliquer au juge de Cologne et à ses admirateurs laïcistes obtus que la circoncision et l’excision, ce n’est pas pareil….

 

 Mais nous sommes dans un monde où l’amalgame est roi…..

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