Editorial du président
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Publié le 10 Octobre 2012

L'islamisme radical et son idéologie. Réflexions sur le réseau islamiste démantelé

Les dernières journées de fêtes de Souccoth ayant eu lieu en début de semaine, il y a eu une période de quatre jours d’interruption d’activité. Mais l’actualité n’a pas attendu et la découverte de la filière terroriste accompagnée des conditions dramatiques de l’arrestation de son chef à Strasbourg a provoqué une intense mise en question des dangers qui pèsent sur la communauté juive. Ses représentants ont été reçus le dimanche 7 octobre à l’Élysée par le Président de la République qui leur a exprimé sa satisfaction sur le travail effectué par la police, mais aussi son inquiétude et sa détermination à ne tolérer aucune dérive terroriste.

Richard Prasquier

Les Français musulmans savent, doivent le savoir et le dire, que cet Islam-là est leur ennemi et qu’ils en seraient demain les victimes s’il venait à prévaloir

Les rappels de ces événements ainsi que des passages d’interventions devant les médias se trouvent sur cette Newsletter, et je n’en décrirai pas ici le détail.

 

Que peut-on dire à l’heure actuelle?

 

1° D’abord que les fêtes se sont passées de façon satisfaisante sur le plan sécuritaire avec une très importante présence des forces de l’ordre, même si, ici et là, il y a eu quelques insuffisances, compréhensibles devant les difficultés logistiques accrues par la très importante mobilisation du public dans des lieux de prière nombreux et pleins.

 

Il y a eu cependant des incidents: parmi eux, de violents jets de pierre sur une Soucca à Noisy-le-Sec et, quelques jours avant, une rafale de tirs à blanc sur le centre communautaire d’Argenteuil, dans une ville où la petite communauté juive voit près d’elle se développer un Islam fondamentaliste de plus en plus prégnant.

 

2° Ensuite, nous devons nous féliciter que, contrairement à la presse, qui a considéré comme assez négligeable l’attaque dans l’épicerie de Sarcelles, le ministre de l’Intérieur ait mis tous les moyens pour poursuivre l’enquête de la façon la plus  approfondie possible. Nous avions signalé dans un éditorial que la grenade (il y en a eu deux) était destinée non pas à faire peur, mais à tuer ou à mutiler. C’est grâce aux empreintes ADN retrouvées que l’un des auteurs a pu être identifié, celui-là même qui apparait comme le chef du groupe terroriste, et qui a accueilli la police avec des tirs de Magnum avant d’être abattu.

 

3° En ce qui concerne la filière terroriste démantelée, l’enquête dira comment elle a été constituée, quels étaient ses liens avec l’étranger, quels étaient ses projets et ses capacités d’action. Il ne semble pas qu’il y ait de preuve actuelle de plan organisé ciblant des individus particuliers ou des institutions particulières de la communauté juive. Noter des noms et des adresses disponibles sur Internet n’est pas élaborer des projets d’attentats à leur encontre.

 

4° Nous nous félicitons qu’on parle du prosélytisme dans les prisons. Certains experts en discutent l’importance, et il est clair que nous n’avons pas de statistiques probantes à ce sujet. Mais le ressenti est unanime : ce prosélytisme existe; il provient souvent des co-prisonniers, et serait aggravé par le faible nombre d’imams aumôniers. Il survient dans une ambiance où la pression du groupe, due au très fort pourcentage de musulmans dans les prisons favorise les conversions, souvent vers les formes les plus fondamentalistes de l’Islam, de musulmans jusque-là peu pratiquants ou de non-musulmans qui deviennent parfois les plus acharnés des djihadistes. Le rappel du déjà ancien gang des convertis de Roubaix suffit à montrer que l’exemple de M.Louis Sidney est loin d’être isolé. Certains signalent que l’endoctrinement du converti ne se limite pas à la prison et qu’il est souvent suivi d’une prise en charge après la sortie avec un soutien matériel ou humain (mariage approprié) pour vivre une vie d’islamiste. En tout cas, l’interpénétration entre la délinquance (trafic de stupéfiants...) et la radicalisation religieuse en prison paraît avérée. L’endoctrinement religieux offre une justification morale a posteriori des comportements criminels (c’est pour la bonne cause....) et donc un sens à l’existence de jeunes en déshérence morale.

 

5° Tous les travaux, et ils sont nombreux, effectués par les psychologues, soulignent qu’il est aussi facile d’endoctriner  un individu malléable (beaucoup d’individus sont malléables) vers une idéologie violente, aussi aberrante soit-elle, qu’il est difficile de  désendoctriner un fanatique. C’est l’enjeu de la prévention qui doit utiliser tous les moyens d’action disponibles. Un lieu comme le camp des Milles, qui vient d’être inauguré, essaie de répondre à cette problématique. Le préfet Régis Guyot, en charge du racisme et l’antisémitisme au niveau interministériel, devra se confronter à ce problème difficile et majeur.

 

6° Je veux dire et redire, écrire et réécrire, que ce qui est en jeu n’est pas un combat intercommunautaire entre Juifs et musulmans, combat bizarre où la communauté juive agressée ne répondrait d’ailleurs jamais. C’est un combat entre ceux qui haïssent les principes, valeurs, lois et objectifs de la République française et ceux qui y sont attachés de façon consubstantielle. Ces derniers incluent hommes et femmes de toutes les religions, chrétiens, Juifs, musulmans et autres, de toutes les incroyances, agnostiques ou athées, de toutes les options politiques, de droite, du centre ou de gauche, qui doivent lutter contre des fanatiques qui ne reconnaissent que l’interprétation de la loi divine qu’ils se sont concoctée, qui vouent leurs adversaires à la mort et qui malheureusement sur le plan national et sur le plan mondial, ont le vent en poupe actuellement pour des raisons diverses, notamment de puissance financière.

 

7° Cette lutte commence par le refus de la complaisance, et la complaisance commence par l’édulcoration du langage.

 

J’ai dit, sur le perron de l’Eysée et dans les différents médias auxquels j’ai eu accès, qu’être indulgent devant l’islamisme radical, c’était être indulgent devant le nazisme. L’analogie était destinée à provoquer une prise de conscience et je l’ai prononcée de façon préméditée: autant dire que je la revendique. 

 

En tout cas les années que j’ai passées à travailler sur la Shoah et mon dégoût des amalgames me permettent de lui répondre avec une certaine fermeté: oui, une idéologie qui véhicule l’idée que les ennemis (juifs ou chrétiens...) sont des animaux, des fils de singes, de porcs, d’ânes ou de chiens (les «experts» en discutent!!) est une idéologie «bestiale» qui rend le meurtre de l’autre, du Juif en particulier, d’autant plus légitime qu’il ne s’agit même plus de tuer des êtres humains. En cela, elle est analogue à celle des nazis pour qui tuer des Juifs revenait à tuer des poux, des cafards, des rats ou des bactéries.

 

J’ai comparé des idéologies, et non pas des crimes: ceux des nazis sont  jusqu’à maintenant indépassés dans l’histoire. J’ai parlé non pas de l’Islam, ni même de l’Islamisme, mais de ce que j’ai appelé l’islamisme radical, que d’autres nomment le djihadisme ou salafisme djihadiste. Chacun de ces termes peut être discuté, mais ce que ces termes recouvrent est connu: il suffit de lire la charte du Hamas. Il est indispensable de l’identifier pour ce qu’il est: une idéologie de mort avec laquelle il serait honteux de pactiser ou de composer.

 

Les Français musulmans savent, doivent le savoir et le dire, que cet Islam-là est leur ennemi et qu’ils en seraient demain les victimes s’il venait à prévaloir.

 

Les mots importent: un agrégé comme M.Le Maire en conviendra.

 

Certains ont parfois écrit que les Israéliens se comportent comme des nazis, ce qui montre une ignorance abyssale ou une mauvaise foi tout aussi abyssale. Devant ce scandaleux amalgame, je voudrais être sûr que ceux qui ne pensent pas que l’islamisme radical et le nazisme aient des rapports entre eux, ont alors tous protesté avec la même énergie qu’ils le font aujourd’hui devant une comparaison dont je confirme qu’elle me semble malheureusement parfaitement appropriée.

 

Richard Prasquier

Président du CRIF