La symbolique de ces manifestations entrecroisées entre la destruction et la renaissance relève du hasard des calendriers (Yom Haatzmaout se commémore d’après le calendrier lunaire hébraïque et la révolte du ghetto de Varsovie suivant le calendrier grégorien). Elle est accentuée par l’inauguration du Musée des Juifs de Pologne.
Elle aurait dû se dérouler dans un complet climat de confiance et de quiétude qui témoignerait des progrès considérables qu’a faits depuis quelques années en Pologne l’historiographie de la guerre et la reconnaissance de la spécificité de la Shoah, l’intérêt tout nouveau porté à la vieille présence juive du pays, l’exigence de respect envers les Juifs sur les traces de Jean Paul II, le héros national, la disparition des partis populistes antisémites comme la Ligue des familles juives, la moindre influence de Radio Marya, la grande radio véhiculant les stéréotypes judéophobes traditionnels, l’émergence d’une nouvelle génération de Polonais mieux immunisée contre l’antisémitisme et enfin la présence d’une petite mais active communauté juive dont plusieurs membres ont une place respectée dans le paysage intellectuel ou moral du pays.
Tout cela est indiscutable, mais de nombreux signes indiquent que la partie est encore loin d’être gagnée.
D’après un sondage effectué en mars auprès de 1250 élèves des écoles secondaires de Varsovie, 44% n’aimeraient pas avoir de Juif dans leur classe. Ils ne risquent guère d’ailleurs de subir cette terrible épreuve et il est douteux qu’ils aient pour la plupart rencontré un seul Juif dans leur vie…
Tout cela survient alors qu’un historien, M. Jasiewicz, vient de déclarer que les Juifs ont collaboré eux-mêmes à la Shoah : c’est de nouveau la polémique des Judenrat qui renaît comme arme antisémite, alors qu’il s’agit d’un point d’histoire bien étudié dans toute sa complexité et qui est une fois de plus misérablement utilisé pour vilipender les Juifs sous couvert d’histoire scientifique.
Tout cela alors que la pénible question des spoliations n’a pas eu de solution digne contrairement à ce qui avait été espéré et promis.
En même temps, une controverse a lieu ces jours-ci à Varsovie sur le lieu où devrait se trouver un monument en l’honneur des Justes polonais (rappelons que la Pologne est le pays qui a donné le plus grand nombre de Justes et plus encore le plus grand nombre de Justes assassinés pour leurs actions de sauvetage) : dans le ghetto ou dans la ville elle-même pour ne pas le cantonner au « lieu juif », celui où se trouvent le Monument du ghetto et le Musée des Juifs de Pologne ?
Il y a ceux qui honorent les Justes pour leurs actions magnifiques, il y a ceux qui profitent de l’existence de ces Justes pour prétendre que la Pologne n’a pas aucunement à analyser l’antisémitisme national qui était massivement la règle au cours de la seconde guerre mondiale.
C’est pourquoi, le combat contre les préjugés antisémites passés et présents est très nécessaire. Le nouveau Musée vient à une époque charnière.
Pour moi, qui compare la situation avec ce qu’elle était quand je suis revenu pour la première fois en Pologne, il y a exactement vingt ans, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la révolte du Ghetto, je peux dire, malgré les déceptions que le chemin accompli est considérable et à certains égards inespéré. La lutte reste longue, mais le point important est que les Juifs ne sont pas les seuls à l’entreprendre: beaucoup de polonais sont aujourd’hui au premier rang de ce combat pour la connaissance, le respect et l’amitié avec les Juifs, cette composante essentielle, si souvent occultée, méprisée ou honnie de l’histoire polonaise. Il faut rester optimiste.
Richard Prasquier
Président du CRIF
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#Culture - Une exposition à Amiens réunit des fiches de la préfecture sur les Juifs en 1942
L’exposition “Être juif dans la Somme” est présentée jusqu’au 18 février à la bibliothèque universitaire du campus de la Citadelle, à Amiens.
La vie de 40 Juifs amiénois résumée sur des fiches ont ainsi été redécouvertes par l’historien américain David Rosenberg.
Les fiches d’identification présentées dans cette exposition comportent le nom, date de naissance, lieu de naissance des parents et conjoints, nom de tout enfant au-dessus de 15 ans. Au verso, figurent aussi les empreintes digitales.
Ces fiches créées en juin 1942 au commissariat central de police à Amiens, et dans les sous-préfectures et mairies pour le reste de la Somme, ont été centralisées à la préfecture de la Somme.
Pour David Rosenberg, ces fiches sont une réelle avancée pour la connaissance de l’histoire de la Shoah dans la Somme.
Source : https://bit.ly/2RPnOut
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#Shoah - Deux Justes toulousains honorés pour leur action durant la seconde Guerre mondiale
Les Toulousains Raymonde et Roger Fontaneau ont été officiellement honorés du titre de Juste parmi les nations, par Yad Vashem. Raymonde a également été élevée au grade de Chevalier de la Légion d'honneur.
En effet, en 1944, le couple Fontaneau a accueilli et sauvé de la déportation Rachel Sattinger et ses enfants Colette et Gérard. Des enfants, qui, sept décennies plus tard, ont décidé d'honorer l'acte de courage de leurs bienfaiteurs.
Cette cérémonie fut aussi l'occasion pour les intervenants de rappeler que l'antisémitisme est toujours d'actualité.
Source : http://bit.ly/2BuzoRo