Tribune
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Publié le 21 Mars 2012

Mondo Cane : Catherine Ashton et le Conseil des droits de l'homme se discréditent totalement

Par Hélène Keller-Lind

 

Catherine Ashton a tenu des propos honteux mais significatifs en s'adressant à des jeunes Palestiniens le 19 mars 2012 à Bruxelles. Même si elle s'en défend aujourd'hui, elle osait la comparaison entre les assassinats barbares d'enfants juifs dans une école Ozar Hathorah à Toulouse ce jour-là et « ce qui se passe à Gaza » selon elle, oubliant au passage les enfants du sud d'Israël, soumis, il y a quelques jours encore à une vague de terreur venant de la Bande de Gaza. Quant au Conseil des droits de l'homme, ce jour-là il recevait un responsable du Hamas. Vives réactions israéliennes.

 « Ce qui s'est passé à Toulouse et...ce qui est en train de se passer à Gaza »

 

 « Nous sommes réunis ici parce que nous avons reconnu le potentiel de la jeunesse de Palestine. Contre toute attente, ils continuent à apprendre, travailler, rêver et aspirer à un avenir meilleur. Et le jour où nous nous souvenons de ces jeunes qui ont été tués dans toutes sortes de circonstances terribles - les enfants belges ayant perdu la vie dans une tragédie terrible, et quand on pense à ce qui s'est passé à Toulouse aujourd'hui, quand on se rappelle ce qui s'est passé en Norvège il y a un an, quand on sait ce qui est en train de se passer en Syrie, quand on voit ce qui est en train de se passer  à Gaza et dans différentes parties du monde - nous nous souvenons des jeunes gens et des enfants qui perdent la vie. Voici des jeunes gens qui demandent de ne pas être des leaders dans l'avenir, mais d'être pris au sérieux en tant que leaders d'aujourd'hui. Et c'est vers eux que nous devons tourner nos regards et eux que nous devons écouter et c'est à eux que je rends hommage ».

 

C'est par cette déclaration que Catherine Ashton, Haute Représentante de l'Union européenne, terminait son intervention prononcée devant « de jeunes représentants des réfugiés palestiniens », rencontre organisée par l'UNWRA – organisme ad hoc créé pour les seuls réfugiés palestiniens sont la condition est héréditaire, autre particularité et privilège -, l'Union européenne et le gouvernement belge.

 

Cela est confondant qu'elle puisse ainsi mettre dans le même sac un accident de la route, aussi terrible ait-il pu être, ou l'assassinat délibéré de petits enfants juifs dans une école. Confondant qu'elle puisse mettre au présent ce qui se passe, selon elle, à Gaza et serait donc aussi terrible que ces assassinats. Confondant qu'elle oublie de mentionner les quelques jours de terreur auxquels ont été soumis les enfants du sud d'Israël alors que des terroristes palestiniens, qu'elle ne saurait voir, ont lancé des centaines de  roquettes, missiles et obus de mortier sur un million d'Israéliens au rythme d'un tir toutes les 20 minutes.

 

On s'interroge quant à savoir quel qualificatif conviendrait pour qualifier cette « responsable » européenne ?

 

Israël outré

 

Israël a réagi, bien entendu. Le 20 mars, le Premier ministre qualifiait ainsi cette tuerie : « la tragédie et le caractère impitoyable de cet acte frappent ; son inhumanité et sa barbarie sont indescriptibles » et commentait ainsi la déclaration de Catherine Ashton : « ce qui m'a le plus touché c'est cette comparaison entre le massacre délibéré en France et les frappes défensives et précises de Tsahal contre des terroristes qui prennent des enfants comme bouclier humains ».

 

La veille Benjamin Netanyahou avait souligné dans un communiqué qu'il n'y avait pas encore eu de « condamnation d'un des organes de l'ONU, mais que ...le Conseil des droits de l'homme, a invité ce jour un haut représentant du Hamas - ce jour où nous avons eu cet assassinat sauvage, ils ont choisi d'inviter un membre du Hamas. Cet individu-là a condamné les Etats-Unis pour avoir éliminé ce meurtrier par excellence, Ben Laden, et il représente une organisation qui vise indistinctement les enfants et les adultes, les femmes et les hommes. Les innocents sont leur cible privilégiée. Ils tuent des Juifs partout - c'est dans leur nature - tuer des Juifs partout où on les trouve - c'est ce qu'ils font. Et c'est ce que le Conseil des droits de l'homme a décidé de faire aujourd'hui – inviter cher lui un membre du Hamas. Donc, je n'ai qu'une chose à dire au Conseil des droits de l'homme de l'ONU : Qu'avez-vous à faire avec les droits de l'homme ? Vous devriez avoir honte de vous ».  

 

Quant au ministre de la Défense d'Israël, Ehoud Barak, il condamnait également fermement les comparaisons faites par la Haute Représentante entre ces assassinats à Toulouse et  ce qui se déroule en Syrie ou dans la Bande de Gaza, où, dit-il, « Tsahal agit avec les plus grandes précautions pour protéger la vie des innocents ».

 

Depuis Chengdu en Chine le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman déclarait que les remarques de Catherine Ashton sont « indignes et qu'il espérait qu'elle allait les réviser et se rétracter ». Il ajoutait : « Israël est le pays le plus moral au monde et bien que nous soyons contraints de combattre des terroristes qui opèrent à partir de zones de population, Tsahal tout son possible pour ne pas porter atteinte aux civils bien qu'ils protègent des terroristes. Aucune armée au monde n'est plus morale que Tsahal qui met ses propres soldats en danger pour minimiser les risques pour les populations civiles ». Il ajoutait que les enfants o qui Mme Ashton devrait penser sont ceux du sud d'Israël qui vivent dans la peur constante des attaques lancées depuis Gaza ».

 

Quant à Catherine Ashton, le 20 mars, elle affirmait que ses propos avaient été déformés....Or, ses propos peuvent être vérifiés ci-dessus.

 

Les millions d'€ de l'UE pour les Palestiniens et les salaires versés aux terroristes

 

Elle disait en préambule de son discours à quel point « la région est un élément clé de la politique » de l'UE, ajoutant qu'elle est et a été aussi « une priorité clé » pour elle-même « dès le début de son entrée en fonction ». Et soulignait que cela se traduisait en gestes pendant toute cette semaine. Ainsi, l'Union européenne a-t-elle signé un accord avec le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, attribuant 35 millions d'€ à l'Autorité palestinienne. Ce qui fait partie des 300 millions annuels qui lui sont donnés par la seule Union européenne, « le donateur le plus important et le plus loyal. Dont l'activité a commencé en 1971 avec, depuis 11 ans, plus d'un milliard 300 millions de soutien apporté à l'UNRWA et des contributions de membres de l'EU qui ont représenté près de 40 % de l'apport total », se félicitait Catherine Ashton dans ce même discours.

 

Subventions accordées aujourd'hui alors que le Fonds Monétaire International vient de constater dans un Rapport qu'il manque 500 millions d'€ à l'Autorité palestinienne. Certains donateurs sont en retard pour les versements attendus. Mais il faut également souligner que les bailleurs de fonds arabes ne font pas preuve d'une grande générosité ou que le budget de l'Autorité palestinienne est grevée par des dépenses telles que les « salaires » payés aux terroristes palestiniens jugés et emprisonnés – plus de 4 millions d'€ mensuels – ou le soutien apporté aux campagnes anti-israéliennes, comme la campagne BDS.

 

Angélisme confondant

 

Évoquant le rôle joué par une jeunesse courageuse dans les révolutions arabes et en Syrie, Catherine Ashton prenait en exemple ses hôtes palestiniens en en faisant un éloge dithyrambique entièrement déconnecté de la réalité, emprunt d'un angélisme confondant. Traduire une grande partie de ses déclarations s'avérait donc nécessaire. La Haute représentante de l'Union européenne déclarait en effet : « Comme les jeunes qui nous ont rejoint aujourd'hui, ils veulent la liberté, ils veulent avoir leurs chances, ils veulent des emplois, ils veulent une éducation, ils veulent un avenir, ils veulent un pays. Ils veulent un endroit où ils peuvent vivre dans la paix et la sécurité, où ils peuvent grandir et se développer, et avoir leur propre famille, un avenir et un lieu qui leur appartienne. Je veux affirmer que les jeunes gens qui sont ici sont des membres à part entière de cette conférence. Nous avons le privilège d'être avec eux et de bénéficier de leur inspiration.

 

Au cours des deux prochains jours nous allons écouter les voix des futurs leaders de leurs communautés et les futurs dirigeants d'un Etat palestinien. Lors de ma dernière visite à Gaza j'ai eu le privilège de rencontrer un groupe de jeunes: Yasmeen qui est ici avec nous aujourd'hui, mais j'ai également rencontré Ali, et Motaz, Smaher, Sahar et ils m'ont dit un certain nombre de choses au cours de cette réunion et je vais les citer.

 

« Nous ne pouvons pas attendre, nous avons besoin de prendre l'avenir entre nos mains et de le faire en travaillant ensemble ».

 

« Nous avons besoin de voir le monde et le monde a besoin de nous voir parce que nous sommes  comme d'autres jeunes dans le monde, nous avons les mêmes préoccupations, nous avons les mêmes rêves ».

 

« Même si je vis dans la Bande de Gaza, qui est une prison, je vais continuer à aimer et à expliquer sa beauté et l'énergie et l'espoir de tous les jeunes autour de moi ».

 

« Nous ne nous plaignons, nous ne pouvons pas nous plaindre, nous avons besoin de susciter l'espoir et la passion au sujet de Gaza et de sa communauté ».

 

«La liberté viendra à travers l'éducation et la connaissance, Internet est notre fenêtre sur le monde. Nous avons besoin de créer de la curiosité et faire connaître nos droits ».

 

Je soutiens que ces citations parlent d'elles-mêmes et nous ne pouvons pas les décevoir. Ils n'ont pas cherché d'excuses. Nous ne devrions pas chercher d'excuses non plus. Quand j'étais dans la Bande de Gaza, lorsque j'ai visité la Palestine et la Cisjordanie, j'ai vu le rôle que les jeunes jouent dans leurs communautés et comme je l'ai déjà dit un certain nombre de fois, en particulier le rôle des jeunes femmes, parce que le sort des droits des femmes dans un certain sens dicte le destin de l'avenir du Printemps arabe. Les femmes qui ont été au centre des changements qui sont en cours et restera en leur centre. Ce n'est pas seulement une question de politique ou de morale, c'est aussi une question économique. L'engagement de tous dans l'avenir est crucial ». http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_Data/docs/pressdata/EN/foraff/129054.pdf

 

Catherine Ashton ne voit pas les véritables problèmes des Palestiniens

 

Il semble que Catherine Ashton n'ait jamais entendu parler des violences faites aux femmes palestiniennes par leur mari. Pourtant, le 8 mars dernier le Bureau Central des Statistiques Palestinien nous apprenait que 37 % des femmes palestiniennes subissent des violences de la part de leur mari. Le chiffre étant de 58,1 % dans la Bande de Gaza que la Haute Représentante décrit en termes si élogieux. Des femmes souvent illettrées – 7,1 % - et sans emploi – 24,7 % -, mariées dès l'âge de 15 ans.

 

http://www.pcbs.gov.ps/DesktopModules/Articles/ArticlesView.aspx?tabID=0&lang=en&ItemID=2097&mid=12235 Sans parler de la loi palestinienne qui exonère les hommes des violences, meurtres y compris, contre les femmes soupçonnées d'avoir sali « l'honneur de la famille ». Des réalités effroyables que Catherine Ashton feint de ne pas voir.

 

Quant à prétendre que les Palestiniens ne se plaignent pas, c'est ne pas voir que devenus des pleureuses professionnelles leurs dirigeants sont parvenus à se faire verser des subsides bien plus importantes qu'aucun autre peuple. Subsides détournées en grande partie dans une corruption endémique.

 

Toujours dithyrambique, Catherine Ashton, évoque dans ce discours les « records Guiness » des enfants palestiniens de Gaza coachés par l'UNRWA : « le plus grand nombre de personnes qui prennent part à des jeux de parachute ; la plus grande impression à la main ; le plus de ballons de football driblés simultanément ; le plus de cerf-volants que l'on fait voler simultanément ». Et si l'on ne peut qu'applaudir et se réjouir pour ces enfants gazaouis, le reste du discours laisse sans voix : « j'ai un cerf-volant de Gaza dans mon bureau. Si on leur en donne l'occasion, les enfants de Gaza peuvent réussir tout ce qu'ils veulent. C'est ce que je dis au Premier ministre Netanyahou chaque fois que je le rencontre ». In reste sans voix. D'autant que c'est la seule fois, dans ce discours, que la Haute Représentante fera la moindre allusion à quoi que ce soit d'israélien....

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