Lu dans la presse
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Publié le 27 Janvier 2020

75 ans - Mémorial de la Shoah: Emmanuel Macron inaugure le Mur des Noms rénové

«Nous continuerons sans relâche à raconter la Shoah», a affirmé le président en ce 75ème anniversaire de la libération des camps d'Auschwitz-Birkenau.

Publié le 27 janvier dans Le Figaro

«Lutter contre l’oubli et contre tout négationnisme». Lundi 27 janvier, Emmanuel Macron s’est rendu au Mémorial de la Shoah, à Paris, pour y inaugurer le «Mur des noms» rénové. Après avoir déambulé dans les funèbres allées, où se mêlent les identités des quelques 76.000 Français juifs déportés durant l’Holocauste, ainsi que les mentions «un enfant» pour ceux dont la trace n’a pas encore été retrouvée, le président de la République a prononcé un discours d’une vingtaine de minutes.

Debout à la tribune, face notamment à Serge et Beate Klarsfeld, avec qui il a passé deux jours en Israël la semaine dernière, le chef de l’État a insisté sur l’importance vitale du devoir de mémoire. «Dès jamais et dès toujours, notre époque a parfois une conception relative. Les chagrins éternels se consolent. Les mausolées s’écroulent. Les marbres se fissurent. Peu de choses résistent à l’oubli qui nimbe les noms», a-t-il déploré.

«Mais le "plus jamais" que nous dicte la Shoah est un impératif catégorique. Le souvenir de l’horreur ne doit pas s’estomper. La Shoah ne doit pas cicatriser. Elle doit rester une plaie vive, au flanc de l’humanité. Au flanc de notre République. Notre vigilance doit sans cesse être éclairée par notre mémoire», a-t-il poursuivi.

Après avoir déjà dénoncé un «nouvel antisémitisme», à Jérusalem jeudi dernier, Emmanuel Macron a exhorté à «scruter la haine dans notre passé pour mieux la déceler dans notre présent». «Qui, aujourd’hui, ne voit l’insupportable regain de l’antisémitisme qui rampe dans notre Europe, dans notre pays ? Qui ne voit ce mal souterrain progresser, qu’il porte son visage de toujours ou qu’il emprunte les masques nouveaux de la haine islamiste, de l’antisionisme ?», a-t-il martelé. Avant de citer Simone Veil : «Le pire est toujours possible». Et d’y ajouter : «Le pire rôde, chaque jour».

Rappelant que, «au printemps 2019, des symboles nazis sont réapparus sur les murs et dans les cimetières de France», le président a regretté que, «aujourd’hui encore, parce qu’ils sont nés juifs, des femmes, des hommes, des enfants, sont insultes méprisés, frappés, parfois tués». Il a ensuite détaillé le dispositif mis en place par l’exécutif pour lutter contre l’antisémitisme :  «868 lieux de culte juifs font l’objet d’une surveillance renforcée, les associations qui appellent à la violence sont dissoutes, des équipes d’enquêteurs spécialisés sont mises sur pied sur tout le territoire». «Cet antisémitisme qui revient n’est pas le problème des Juifs. C’est notre problème à tous. C’est le problème de la République», a-t-il conclu.

Le président de la République a ensuite prononcé un discours de 25 minutes, retransmis sur des écrans situés Allée des Justes et sur le site internet du Mémorial. Plusieurs personnalités étaient présentes, parmi lesquelles l'ancien président Nicolas Sarkozy, les fils de Simone Veil ou encore les époux Klarsfeld, qui ont combattu toute leur vie pour la préservation de la mémoire de la Shoah. De nombreux déportés ou enfants de déportés étaient également assis au premier rang.

Édouard Philippe à Auschwitz

Parallèlement, ce lundi, le premier ministre Édouard Philippe représente quant à lui la France à Auschwitz lors de la cérémonie marquant les 75 ans de la libération des «camps de la mort», aux côtés de têtes couronnées, chefs d'Etat et de gouvernement de près de 60 pays.

Ces commémorations interviennent au lendemain de la publication par le ministère de l'Intérieur du bilan des actes racistes et xénophobes en 2019. Il établit notamment que les faits à caractère antisémites ont augmenté de 27%, passant de 541 en 2018 à 687 en 2019.

«Alors que nous commémorons le 75e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, la permanence de la haine antisémite, et plus généralement l'inquiétante banalisation des propos et comportements racistes et xénophobes, appellent un sursaut de conscience de notre société ainsi qu'une condamnation ferme et claire de l'ensemble des responsables politiques qui s'inscrivent dans le champ républicain», ont souligné dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d'Etat Laurent Nuñez.