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Publié le 4 Mai 2020

Allemagne/Terrorisme - La décision exemplaire de l’Allemagne pour protéger l’Europe du terrorisme : une voie à suivre

Après le Royaume-Uni, l’Allemagne a annoncé ce jeudi 30 avril avoir" interdit l’activité de l’organisation terroriste chiite Hezbollah" sur son sol. Pourquoi la France doit, à son tour, désigner le Hezbollah comme une organisation terroriste.

Une tribune de Simone Rodan-Benzaquen, Directrice Générale AJC Europe, publiée le 1 mai dans La Règle du Jeu

L'Allemagne a annoncé hier sa décision historique de désigner le Hezbollah comme une organisation terroriste. Le ministre de l’intérieur Horst Seehofer a ensuite rapidement précisé que des opérations avaient été menées afin d’arrêter des membres présumés.

Ce faisant, Berlin emboîte le pas de Londres, qui avait pris la même décision il y a tout juste un an. L’Union Européenne, notamment avec le soutien de la France, demeure quant à elle, à ce jour, sur la ligne d’établir une distinction entre « l’aile politique » et la « branche militaire » du Hezbollah, ne désignant comme terroriste que cette dernière. Cette distinction artificielle, qui relève d’une erreur analytique – comme l’ont rappelé les responsables du Hezbollah eux-mêmes – n’est pas sans conséquence concrète pour l’Europe. Elle donne toute latitude à l’organisation terroriste de poursuivre impunément ses activités criminelles sur le continent.

Au rang des activités du Hezbollah sur le sol européen, on compte la levée de fonds, le recrutement de membres, mais également des actes terroristes. En 2012 déjà, un attentat terroriste commis à Burgas, en Bulgarie, coûta la vie à six personnes. Après plus de six mois d’enquête les autorités bulgares avaient clairement identifié le Hezbollah comme commanditaire et organisateur de cet acte odieux. En 2013, un tribunal chypriote a quant à lui reconnu un individu coupable de préparer des attentats terroristes à Chypre ; il avait admis être membre du Hezbollah. Et récemment, la découverte au Royaume-Uni de grandes caches de matériel pour la conception d’explosifs a été révélée.

Il ne faut en effet pas oublier que le Hezbollah fut le premier groupe terroriste à introduire la pratique de l’attentat suicide au Moyen-Orient, qu’il a maintes fois utilisée contre des cibles civiles, politiques et militaires, tant en Israël que dans des pays arabes et à travers le monde. Le Hezbollah a kidnappé des étrangers et les a détenus en otage pendant des années. Le Hezbollah entretient des liens étroits avec d’autres organisations terroristes. Le Hezbollah travaille en étroite collaboration avec les cartels de la drogue afin de financer ses besoins terroristes. Les régimes iranien et syrien sont ses premiers parrains « officiels » : ils l’hébergent, le financent et forment ses cadres. La Syrie a directement fourni des armes, en facilitant leur acheminement sur son territoire à destination du Liban, où le Hezbollah a établi ses bases de façon hégémonique. On sait qu’en échange, le Hezbollah a appuyé le régime de Bachar Al Assad en fournissant un soutien actif dans cette guerre où le dictateur n’en finit plus de laminer son peuple.

Aujourd’hui la France se doit de rejoindre ses partenaires européens pour demander à ce que le Hezbollah soit placé sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne, par fermeté et cohérence dans la lutte contre le terrorisme international.

Il faut en effet que la France prenne la mesure de la menace que représente le Hezbollah du fait de ses activités sur le sol européen. A l’instar de ses voisins allemand et anglais, la France pourrait devenir aussi un lieu d’établissement privilégié de l’organisation, une fois celle-ci chassée d’Allemagne.

Enfin, le Hezbollah constitue un danger réel pour les Juifs d’Europe, comme l’ont rappelé le ministère de l’Intérieur allemand et le gouvernement britannique dans les motivations de leurs décisions d’interdire l’organisation dans son ensemble. La politique européenne de lutte contre le terrorisme s’intègre également dans sa politique de lutte contre l’antisémitisme.

La crainte d’une future distanciation des liens entre l’Europe et le Liban est souvent invoquée dans les milieux diplomatiques comme un argument en faveur du statu quo de la position européenne. Or il n’est pas démontré qu’une politique anti-terroriste commune robuste ne puisse se concevoir en coopération avec Beyrouth.

Suite à la décision allemande, l’Union Européenne va devoir réagir et la France est attendue par ses partenaires européens pour mettre en cohérence ses engagements contre le terrorisme. La désignation du Hezbollah dans son ensemble en constitue sans aucun doute un élément essentiel.

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