Lu dans la presse
|
Publié le 27 Février 2020

Crif - Francis Kalifat : "Le fait qu’aucune loi religieuse ne puisse être au-dessus de la République est une évidence"

Séparatisme, communautarisme, antisémitisme. Triptyque sur lequel nous avons interrogé le président du Crif, à quelques jours de la tenue du dîner annuel du Conseil représentatif, le 3 mars.

Publié le 27 janvier dans Actualité Juive

Actualité Juive : En marge des déclarations du président de la République sur le séparatisme, vous avez tenu à rappeler, via un texte publié en ligne, ce que représente le Crif, souvent accusé de pratiquer du communautarisme. Pourquoi ce besoin ? 

Francis Kalifat : Le Crif a toujours refusé toute communautarisation de la société par l’attachement très fort à la laïcité telle qu’elle est définie par la loi de 1905. Cela n’empêche pas d’avoir des combats particuliers à mener. Lorsque le Crif exprime une inquiétude ou qu’il alerte, il le fait bien sûr au nom des Français juifs, mais il le fait dans l’intérêt de tous et dans celui de la République en particulier. Ainsi dénonce-t-on l’antisémitisme parce qu’il touche les Juifs mais derrière tous ceux qui haïssent les Juifs, on trouve ceux qui haïssent la France et ses valeurs.

 

A.J.: « Dans la République, on ne doit jamais accepter que les lois de la religion puissent être supérieures aux lois de la République », a rappelé le président Macron. Cette phrase peut-elle être de nature à inquiéter la communauté juive ?

F.K. : C’est une phrase qui correspond pleinement à ce que nous pensons. Le fait qu’aucune loi religieuse ne puisse être au-dessus de la République est pour nous une évidence. C’est ce qui fait d’ailleurs que les Français juifs, même s’ils forment une communauté au sens noble du terme, ne s’inscrivent jamais dans le communautarisme.

 

A.J.: Quel commentaire faites-vous au discours d’Emmanuel Macron sur le séparatisme ? 

F.K. : C’est un discours qui exprime des choses que nous attendions car il s’attaque à un des maux essentiels de notre société. Avec ce discours, le président de la République pose un cadre au sommet de l’État visant à tout mettre en œuvre pour que le communautarisme ne progresse pas dans la société française et même qu’il recule. Reste désormais à passer aux actes. 

 

A.J.: Le Crif vient de publier les premiers résultats de son Observatoire de l’antisémitisme en ligne qu’il a élaboré en partenariat avec Ipsos. Comment fonctionne-t-il et que disent ces résultats ? 

F.K. : J’ai souhaité la création de cet Observatoire car j’ai estimé que l’on ne pouvait pas se contenter uniquement des chiffres de l’antisémitisme que nous transmet le ministère de l’Intérieur (et qui correspondent au nombre de plaintes déposées) si l’on voulait avoir une image réelle de ce que représente l’antisémitisme dans notre pays. Il faut aussi analyser ce qui se passe sur les réseaux sociaux qui sont devenus les principaux vecteurs de la haine et de l’antisémitisme. Les résultats vont nous permettre de mettre en responsabilité réelle les réseaux sociaux dans le rôle de modération. Ainsi pour l’année 2019, nous avons recensés quelque 52 000 messages violemment antisémites, qui sont restés sur la toile après la modération. 

L’intérêt de cet Observatoire est d’identifier, de quantifier et de qualifier tous les contenus haineux qui sont présents sur Internet. Nous allons créer un indice à partir de ces chiffres et observer son évolution d’année en année. Nous transmettrons bien entendu ces résultats à tous les acteurs concernés par la lutte contre l’antisémitisme. Cet indice permettra aussi de mesurer l’efficacité de la loi Avia qui devrait être adoptée. 

 

A.J.: Le dîner annuel du Crif se déroulera le 3 mars. Sur quels sujets axerez-vous votre discours ? 

F.K. : Sur 2019, nous avons encore une augmentation de 27 % des actes et violences antisémites par rapport à 2018 qui était elle-même une année record. La population juive de notre pays, qui représente moins de 1 % de la population totale, cristallise 50 % de la totalité des actes racistes qui se produisent en France. L’année 2019 a aussi connu quelques évolutions qui nous paraissent satisfaisantes, dans le domaine de l’éducation notamment avec le plan mis en place par le ministre Jean-Michel Blanquer. Dans d’autres domaines, des dysfonctionnements apparaissent. Nous avons le sentiment que la Justice ne remplit pas complètement son rôle. 

 

A.J.: Évoquerez-vous la mémoire de Théo Klein au cours de ce dîner, lui qui en était l’instigateur ? 

F.K. : Évidemment. Théo Klein a été le père du Crif moderne. Il a été le premier président élu de ce Conseil représentatif.   Il l’a dirigé de 1983 à 1989 et il a en a fait l’institution représentative des Juifs de France auprès de la République.

Maintenance

Le site du Crif est actuellement en maintenance