Lu dans la presse
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Publié le 16 Janvier 2019

Europe / Antisémitisme - Procès Nemmouche : l'accusé refuse de parler, ses avocats demandent son acquittement

Le djihadiste français Mehdi Nemmouche «n'est pas le tueur» du musée juif de Bruxelles, où quatre personnes ont été assassinées en mai 2014, ont assuré mardi ses avocats au troisième jour de son procès aux assises de la capitale belge.

Publié le 15 janvier sur le site du Figaro

Mehdi Nemmouche ne parlera pas. Du moins, pas «dans un premier temps», a-t-il affirmé au troisième jour de son procès en Belgique, où il est jugé pour avoir tué quatre personnes au musée juif de Bruxelles en mai 2014. Censé être interrogé ce mardi après-midi, il a seulement répondu par oui ou par non à quelques questions de la présidente avant d'expliquer pourquoi il ne parlerait pas: l'accusé a reproché à la cour d'avoir «expurgé» les témoins à décharge de la liste des personnes appelées à témoigner, rapportent nos confrères du Soir.be, site d'informations belge. «En conséquence, je vous fais savoir à vous et aux jurés, respectueusement, que je ne m'exprimerai pas dans un premier temps», a-t-il dit. Une réaction à laquelle il avait habitué la justice belge puisque durant toute l'enquête, le suspect de 33 ans avait fait valoir son droit au silence.

'interrogatoire de Mehdi Nemmouche, accusé d'avoir tué de sang-froid en moins d'une minute et demie un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge du musée, intervient au troisième jour de son procès. Il est jugé avec un complice présumé, Nacer Bendrer, soupçonné d'avoir fourni des armes au premier. Les deux Français poursuivis pour «assassinats terroristes» encourent la prison à vie. 

Absence de preuve ADN

 

Depuis mardi, la parole est à la défense. Pendant trois jours, les avocats des accusés vont pouvoir détailler leur stratégie et avancer leurs arguments. Ainsi, en début d'après-midi, les avocats du principal accusé ont tenté de démontrer, point par point, que Mehdi Nemmouche ne pouvait pas être le tueur du musée juif de Bruxelles. «Nous en possédons les preuves», a affirmé l'un de ses avocats, Me Henri Laquay, devant la cour, demandant «respectueusement au jury d'ordonner son acquittement».

Parmi les arguments avancés par la défense: l'absence de preuves ADN. Alors que «les caméras de surveillance montrent que le tueur a manipulé par trois fois la porte d'entrée du Musée», «aucune trace ADN de Mehdi Nemmouche ne se trouve sur cette porte», fait valoir Me Laquay, selon un compte rendu effectué par nos confrères du Soir.be, site d'informations belge. Il y a eu, dès le 27 mai 2014, trois jours après la tuerie, «12 prélèvements ADN» sur cette poignée et aucun ne s'est révélé positif, a-t-il insisté, selon l'AFP. 

«Pas un attentat de l'État islamique», selon la défense

Autre «preuve» mise en avant: «l'ADN ou les empreintes digitales de Mehdi Nemmouche ne se trouvent pas sur le pistolet. Ce qui montre bien qu'il n'est pas le tireur du Musée juif», assure encore l'avocat. Pour rappel, un revolver et une kalachnikov ont été utilisées au cours de la tuerie. Autre élément de nature à disculper l'accusé selon sa défense: il n'a opposé «aucune résistance» lors de son arrestation à sa descente d'un bus à Marseille six jours après la tuerie, a fait valoir Me Laquay. En tout, cinq «preuves» ont été avancées pour disculper leur client. Me Virginie Taelman est même allée jusqu'à dire que «cette tuerie» n'était «pas un attentat de l'État islamique mais un assassinat ciblé», exécutée par le Mossad.

Six jours après l'attentat, Mehdi Nemmouche avait été arrêté à sa descente d'un bus à Marseille (sud de la France) en possession des armes utilisées, un revolver et un fusil d'assaut Kalachnikov. Son ADN avait été retrouvé sur ce fusil d'assaut. L'enquête avait aussi démontré que la veste en nylon bleue retrouvée dans ses affaires personnelles et présentant des «résidus de tir» était du même type que celle décrite par les témoins lors de l'attaque. À l'époque des faits, le 24 mai 2014, ce délinquant multirécidiviste radicalisé en prison était revenu depuis peu de Syrie où il avait combattu dans les rangs djihadistes.

Les parties civiles, familles des victimes et institutions juives jugent «accablants» les éléments compilés dans les 200 pages de l'acte d'accusation. «Il y a énormément d'éléments matériels qui font chorus pour démontrer la culpabilité», a estimé l'avocat du musée, Me Adrien Masset, vendredi au terme de deux jours de lecture de ce document. Dans un ordinateur portable que transportait Nemmouche ont été retrouvées sept vidéos de revendication de la tuerie, et les «voix off» qu'on y entend (sans image du visage) correspondent à celle de l'accusé selon plusieurs expertises. En face, la défense assurait qu'il serait «scientifiquement» démontré que cette voix n'était pas celle de Mehdi Nemmouche.

Le procès doit durer jusqu'au 3 mars.