Lu dans la presse
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Publié le 23 Octobre 2020

France - Après l’attentat de Conflans, le gouvernement veut renforcer la protection des fonctionnaires et le contrôle des réseaux sociaux

Le premier ministre a annoncé vendredi un renforcement « sans délai » des effectifs de la plate-forme de signalement Pharos et la création d’un pôle spécifique au parquet de Paris « pour centraliser les poursuites et donc en améliorer l’efficacité ».

Publié le 23 octobre dans Le Monde

Une semaine après la décapitation d’un professeur d’histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le premier ministre, Jean Castex, a annoncé vendredi 23 octobre que « 56 visites domiciliaires [préalable à une perquisition] » avaient été effectuées la semaine passée et que 27 interpellations avaient eu lieu après des signalements de contenus en ligne.

Sur « 123 visites domiciliaires [qui] ont été décidées (…) 56 ont d’ores et déjà été réalisées », a déclaré le premier ministre lors d’un bref point presse à l’issue d’un conseil de défense à l’Elysée. En outre, « 1 279 signalements à la plate-forme Pharos, service spécialisé chargé du recueil des signalements illicites sur Internet, ont permis 27 interpellations », a-t-il ajouté.

Depuis l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty, Emmanuel Macron a fait de ce dossier sa priorité absolue et compte durcir la loi contre les séparatismes dont il avait exposé les grandes lignes début octobre aux Mureaux (Yvelines).

Jean Castex a ainsi annoncé vendredi deux nouvelles dispositions dans ce projet de loi. D’abord, figurera dans le texte qui sera présenté en conseil des ministres le 9 décembre « la possibilité de sanctionner ceux qui mettent en ligne des informations personnelles mettant en danger la vie d’autrui, comme par exemple un professeur ». Le projet de loi prévoit également de « pénaliser ceux qui font pression sur les fonctionnaires et les agents publics par des propos ou des comportements, comme cela s’est produit à Conflans-Sainte-Honorine à l’encontre de M. Paty et de la proviseure du collège ».

La surveillance des réseaux sociaux renforcée

« La surveillance des réseaux sociaux et la lutte contre la haine en ligne seront intensifiées », a-t-il ajouté, avec un renforcement « sans délai » des effectifs de la plate-forme de signalement Pharos et la création d’un pôle spécifique au parquet de Paris « pour centraliser les poursuites et donc en améliorer l’efficacité ». Dès dimanche soir, le président avait réuni un conseil de défense où il avait donné son feu vert à une vaste opération policière contre les milieux radicalisés, qui a débouché le lendemain sur des dizaines d’interpellations et de contrôles.

M. Macron avait aussi demandé aux ministres de la justice, de l’intérieur et de l’éducation de réfléchir à des mesures qui pourraient « enrichir ou améliorer » ou encore « parachever » le projet de loi, qui doit toujours être présenté le 9 décembre en conseil des ministres après avoir été envoyé d’ici une quinzaine de jours au Conseil d’Etat.

Le collectif propalestinien Cheikh Yassine, « directement impliqué » dans l’assassinat sauvage d’un enseignant selon Emmanuel Macron, a été dissous en conseil des ministres mercredi. Nommé d’après le fondateur du Hamas tué par l’armée israélienne en 2004, le collectif a été créé par Abdelhakim Sefrioui, un militant islamiste radical mis en examen mercredi pour « complicité d’assassinat terroriste » dans l’enquête sur la décapitation de Samuel Paty.