Lu dans la presse
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Publié le 7 Décembre 2020

France - Attentat de la rue des Rosiers : le suspect extradé mis en examen

Le Crif est impliqué de longue date pour l'extradition du suspect refugié en Norvège et pour que justice soit faite. En mars 2019, Francis Kalifat avait été reçu par S.E. Madame l’Ambassadeur de Norvège, Oda Helen Sletnes, et lui avait exprimé la nécessité de justice et la vive émotion des familles des victimes de l'attentat.

Publié le 5 décembre dans Le Point

L'individu de 62 ans est arrivé peu après 20 heures, vendredi, à l'aéroport de Roissy. La Norvège a autorisé son extradition le 27 novembre.

Walid Abdulrahman Abou Zayed, l'un des suspects de l'attentat de la rue des Rosiers en 1982 à Paris, qui avait fait six morts, est arrivé en France vendredi 4 décembre, un peu avant 20 heures, après avoir été extradé par la Norvège, a-t-on appris de source aéroportuaire. Il a été mis en examen samedi pour « assassinats » et « tentatives d'assassinats » puis placé en détention provisoire. La circonstance aggravante « en relation avec une entreprise terroriste » date de 1986, soit quatre ans après les faits, et ne peut donc pas figurer parmi les chefs de mise en examen, a précisé une source judiciaire.

« J'ai pu mesurer à quel point mes clients étaient soulagés » par l'extradition d'Abou Zayed, relate Me Pauline Manesse, avocate d'une famille de victimes de l'attentat. Si les magistrats décident de le renvoyer devant les assises, « on ne pourra pas avoir un procès avant deux ans », soit quarante ans après l'attentat, estime Me Manesse. « Ce ne sont que des délais théoriques, en matière de terrorisme, il est illusoire d'espérer de moindres délais », reconnait-elle. Mais, « peu importe le temps qui passe, le nombre d'années, il est important de rendre justice aux victimes », insiste-t-elle.

Un procès est important pour les victimes

La famille qu'elle défend était dans une voiture qui a été criblée de balles devant le restaurant. La grand-mère avait été grièvement blessée. A l'arrière, il y avait un bébé d'un mois. « Cet enfant a grandi avec ce traumatisme qui a fortement imprégné la mémoire familiale. Un procès représente l'attente d'une vie », souligne Me Manesse. Même quarante ans après, « un procès est important pour les victimes et pour montrer qu'il n'y a pas d'impunité pour les terroristes », souligne Guillaume Denoix de Saint-Marc pour l'Association française des victimes du terrorisme.

« Il n'y a pas de sanctuaire dans le monde pour le terrorisme » a dit Guy Benarousse, alors étudiant de 16 ans blessé gravement dans l'attentat, selon des propos rapportés par l'un de ses avocats, Me Ariel Goldman. « Il a été frappé que le roi de Jordanie et (le président palestinien) Mahmoud Abbas soient présents à la manifestation en janvier 2015 après les attentats (à Paris), alors qu'ils n'ont qu'une chose à faire pour aider la justice dans une affaire majeure de terrorisme », a rappelé Me Goldman.

« On ne se fait pas d'illusions, il n'y aura pas d'autres suspects dans le box », regrette Me Avi Bitton, avocat de plusieurs victimes. « C'est un pis-aller, ça permet au moins à un procès de se tenir plutôt que d'avoir un procès fantôme en l'absence de tout accusé avec des condamnations qui ne seront jamais exécutées », ajoute-t-il. Me Manesse pense au contraire qu'en acceptant d'extrader Abou Zayed, « la Norvège a envoyé un message très important qui peut amener d'autres Etats à répondre de manière positive » aux demandes de la justice française.

«  Je n'aime pas la France »

La France avait lancé le 20 février 2015 un mandat d'arrêt international contre Abou Zayed, Palestinien né en 1958 en Cisjordanie et naturalisé norvégien en 1997, soupçonné d'avoir participé à l'attentat qui avait fait 6 morts et 22 blessés le 9 août 1982 dans le quartier juif historique du Marais, dans le 4e arrondissement de Paris. Ce jour-là, un commando de trois à cinq hommes avait lancé une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg dans le «  Pletzl  » le quartier juif de Paris, puis mitraillé l'intérieur de l'établissement ainsi que des passants. L'opération avait rapidement été attribuée au Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d'Abou Nidal, groupe palestinien dissident de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

La justice française soupçonne Abou Zayed, père de quatre enfants, d'avoir été «  l'un des tireurs de l'attentat  ». «  Je n'aime pas la France. Je ne veux pas aller en prison en France  », avait déclaré Abou Zayed, connu sous le nom d'Osman en Norvège, lors d'une comparution devant la justice norvégienne en septembre. L'homme, qui clame son innocence, assurant qu'il était à Monte-Carlo au moment de l'attentat, s'opposait à une extradition vers la France. Son extradition, près de quatre décennies après les faits, ouvre la voie à un procès devant une cour d'assises spéciale, attendu de longue date par les victimes.

 

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