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Publié le 7 Avril 2020

France - Coronavirus : ces lueurs d'espoir et autres signaux encourageants

L'épidémie continue de progresser dans le pays. Si les autorités appellent à ne pas relâcher le confinement, plusieurs éléments laissent espérer une amélioration de la situation chez nous, mais aussi en Europe.

Publié le 6 avril dans Le Figaro

Le pays, confiné depuis le mardi 17 mars pour lutter contre l'expansion du Covid-19, continue de vivre au rythme du confinement et des bilans sanitaires, dictés quotidiennement par le directeur général de la Santé, le professeur Jérôme Salomon.

La France a enregistré vendredi 3 avril le pire bilan quotidien depuis le début de l'épidémie : 588 personnes étaient mortes à l'hôpital entre jeudi et vendredi. Depuis, ce chiffre a diminué samedi 4 et dimanche 5 avril. Le dernier bilan officiel fait état de 8078 morts dus au coronavirus en comptant les victimes dans les Ehpad et autres établissements spéciaux.

Pourtant, depuis quelques jours, quelques lueurs d'espoir pointent, laissant entrevoir une amélioration prochaine de la situation. Nous faisons le point.

  • Une situation qui «se stabilise» en Île-de-France

Lundi 6 avril, Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP (structure qui encadre les hôpitaux parisiens), a déclaré sur France Inter qu'après «une semaine terriblement éprouvante», la situation semblait «se stabiliser» en Île-de-France. Le pic de l’épidémie en région parisienne était prévu «vers le 6 avril», d'après un document de l’administration hospitalière datant du 31 mars, révélé par Le Parisien .

Martin Hirsch a toutefois insisté sur le fait qu'il «ne fallait pas précipiter les choses» car «si on voit les choses se stabiliser, c’est parce que le confinement a été mis en place, [et qu'il est] très majoritairement respecté».

Le patron des hôpitaux parisiens a rappelé que «la notion de pic pouvait d'emblée être enlevée du vocabulaire» car «un pic ça monte vite et ça descend vite. Là, ça monte vite et ça descendra [...] lentement». Il a préféré le terme de plateau en notant «qu'un plateau, en montagne, ça peut-être un plateau entre deux montagnes, et l'objectif, c'est qu'il n'y ait pas la deuxième montagne qui arrive ou qui arrive trop vite».

Deux scenarios se dessinent selon l'AP-HP : les chiffres pourront être stables avant de décroître durant cinq jours - jusqu'au 11 avril environ - ou dix jours - jusqu'au 16 avril environ.

  • Le besoin de places en réanimation augmente moins rapidement

Dimanche 5 avril, près de 7000 personnes se trouvaient en réanimation. Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a souligné qu'il s'agissait d'un record «dans l'histoire médicale française». Seulement, le médecin s'est montré optimiste : «Le besoin permanent de trouver de nouvelles places (en réanimation) augmente moins rapidement».

S'il ne faiblit pas, le nombre d'hospitalisés pour une contamination montre depuis le 26 mars une croissance chaque jour un peu plus lente. Dimanche 6 avril, la hausse était de 2,65% par rapport à samedi alors qu'elle atteignait 26% une semaine auparavant. Une tendance identique se dessine sur le front de la hausse des patients admis en réanimation. «C'est un indicateur important qui permet de percevoir la tension dans les établissements de santé», a souligné Jérôme Salomon. Mais «il ne faut pas crier victoire», a insisté lundi sur BFMTV Philippe Juvin, chef des urgences à l'hôpital Georges Pompidou, également président de la fédération LR des Hauts-de-Seine, décrivant une situation toujours «extrêmement tendue».

  • Le Grand-Est souffle un peu

La région Grand Est, particulièrement touchée, espère enfin connaître une prochaine accalmie, avec un pic vraisemblablement atteint entre le 10 et le 25 avril, grâce notamment à l’efficacité des mesures de confinement, a indiqué vendredi 3 avril le directeur de l’ARS, Christophe Lannelongue.

«Nous constatons, et c’est un signe d’espoir très fort, une diminution du rythme d’augmentation des personnes prises en charge», a-t-il expliqué. Ainsi, le nombre de personnes hospitalisées en réanimation n’a augmenté que de 2,8 % entre mercredi et jeudi, contre 38 % il y a une quinzaine de jours, selon lui, notant également un allègement de la pression sur les urgences et les centres 15.

«Plusieurs indicateurs font penser que, dans les jours qui viennent, les mesures de confinement vont produire leur efficacité et que le nombre de patients graves va se stabiliser», a complété le directeur de l'ARS.

  • Plus de 15.000 personnes guéries depuis le 16 mars

Plus de 15.000 personnes sont sorties guéries de l'hôpital depuis le début de la crise.

  • Les pistes de traitements se multiplient

L'espoir naît aussi des essais cliniques. Était connue le traitement controversé à la chloroquine prôné en France notamment par le professeur Didier Raoult, les nouvelles initiatives se multiplient.

Mardi 7 avril doit commencer la mission Coviplasm, à l'hôpital Saint Antoine à Paris. L'objectif est de transfuser du plasma sanguin des personnes guéries vers des «patients en phase aiguë de la maladie». Soixante patients, issus des régions Île-de-France, Grand-Est et Bourgogne-Franche-Comté, pourront pour l'instant en bénéficier.

Une autre tentative s'articule autour du ver marin, l'arénicole. Ce dernier possède une hémoglobine 40 fois plus oxygénée qu'une hémoglobine humaine. Une possible aubaine pour les malades qui souffrent de détresse respiratoire. Ce petit animal est très présent sur le littoral atlantique. L'Agence nationale de la santé et du médicament a validé de futurs essais thérapeutiques.

  • L'Espagne semble voir le bout du tunnel

Une lueur d'espoir semble également percer en Espagne. Le deuxième pays européen le plus touché après l'Italie avec plus de 13.000 victimes semble respirer un peu. Depuis quelques jours, la spirale infernale se ralentit. Lundi 6 avril, la hausse des cas confirmés est de 3,3 % contre 8,2 % le 1er avril. Les Espagnols déplorent 637 décès contre 950 jeudi dernier. C'est le chiffre le plus bas depuis 13 jours. Toutefois, la vigilance reste de mise et le confinement est prolongé par le gouvernement jusqu'au 25 avril.

  • L'Italie commence à préparer son déconfinement

Dimanche 5 avril, pour la première fois depuis deux semaines en Italie, le nombre de décès a été en baisse avec seulement 525 décès contre 681 la veille. «La courbe a commencé sa descente», constatait dimanche le patron de l'Institut supérieur de la Santé, Silvio Brusaferro.

L'Italie respire enfin un peu et prépare la suite. Le ministre de la santé a exposé dimanche un plan sanitaire stratégique en cinq points « pour sortir graduellement » de la pandémie. Port du masque généralisé, «distanciation sociale scrupuleuse dans les lieux de vie et de travail», hôpitaux consacrés au Covid-19 ouverts après la crise, renforcement des « réseaux sanitaires locaux » et mise en place d’une application sur smartphone pour cartographier les mouvements des malades 48h avant l’infection sont prévus pour espérer une sortie du tunnel qui touche la péninsule.

Le premier ministre Giuseppe Conte a toutefois prévenu de l'importance de «ne pas baisser la garde» pour l'instant. «L'urgence n'est pas finie, a complété le ministre de la Santé, Roberto Speranza. Le danger n'a pas disparu. Nous avons encore quelques mois difficiles devant nous, ne gâchons pas les sacrifices consentis.» Lundi 6 avril d'ailleurs, le nombre de morts est reparti à la hausse, avec 636 décès en 24 heures.

  • «Restez chez vous»

Malgré ces signes positifs qui laissent espérer un ralentissement de l'épidémie, les gouvernements français et européens mais aussi les personnels de santé appellent les citoyens à respecter les mesures de confinement qui font leurs preuves.

Le confinement «a eu un impact majeur» sur l'évolution de l'épidémie en France et ne doit pas être relâché «trop tôt», même s'il est amené à devenir «plus subtil», selon le directeur général français de l'AP-HP Martin Hirsch. «Relâcher le confinement trop tôt, craquer en ce moment, si je puis dire, cela conduirait [...] à créer ce que nous avons évité jusqu'à présent, le vrai débordement». Malgré tous ces «petits signaux» et «quels que soient le résultat dans quelques jours, il faut maintenir l'effort collectif de confinement, et des gestes barrière», a insisté sur BFMTV le patron de l'Inserm Gilles Bloch.

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