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Publié le 27 Mars 2020

France - Coronavirus : l’épidémie s’aggrave, « il va falloir tenir », prévient le premier ministre

L’épidémie a fait près de 1 700 morts dans le pays, parmi lesquels une adolescente de 16 ans devenue la plus jeune victime.

Publié le 27 mars dans Le Monde

Alors que les Français se demandent si – ou plutôt combien de temps – le confinement sera prolongé, le gouvernement se mobilise pour apporter une réponse. Le dernier bilan portait, jeudi, à 1 696 le nombre de morts du Covid-19 enregistrés à l’hôpital depuis le début de l’épidémie fin janvier et 3 375 patients étaient en réanimation sur un total de 13 904 patients hospitalisés en France. L’épidémie, qui a fauché au moins cinq médecins, a également fait un premier mort dans les rangs de la gendarmerie.

Edouard Philippe réunit la cellule interministérielle de crise, Macron les partenaires sociaux

Le président Emmanuel Macron réunit, vendredi 27 mars à 11 heures, les partenaires sociaux en audioconférence pour discuter notamment des moyens de concilier poursuite de l’activité économique et protection des salariés, alors que les dérogations au droit du travail inquiètent les syndicats.

De son côté, le premier ministre, Edouard Philippe, a mis en garde vendredi contre « la vague extrêmement élevée » de l’épidémie qui « déferle sur la France », prédisant que « la situation va être difficile pendant les jours qui viennent ». Il tiendra demain samedi un point-presse détaillé avec le ministre de la santé, Olivier Véran, pour répondre à « toutes les questions que les Français se posent légitimement » sur l’ensemble des « questions relatives à la situation sanitaire, à notre stratégie et à la disponibilité des équipements de masques, de tests »…

« Nous nous installons dans une crise qui va durer, dans une situation sanitaire qui ne va pas s’améliorer rapidement. Il va falloir tenir », a exhorté le premier ministre après une visioconférence avec l’ensemble du gouvernement à la cellule interministérielle de crise installée au ministère de l’intérieur.

Saturation des services de réanimation d’Ile-de-France

Avec 365 décès supplémentaires en vingt-quatre heures, l’épidémie continue de s’accentuer et fait craindre une prochaine saturation des services de réanimation d’Ile-de-France.

Il faut rapidement commencer à transférer des patients atteints hors d’Ile-de-France pour préserver la capacité d’accueil des hôpitaux de la région, a averti vendredi Bruno Riou, directeur médical de crise de l’AP-HP, les hôpitaux de la région parisienne :

« On pousse les murs partout pour accueillir le plus possible ces patients en réanimation, [mais] on n’est pas encore au plateau de la courbe de l’épidémie, il va falloir trouver des solutions »

« Il faut qu’on le fasse dès maintenant en Ile-de-France, le but c’est de retrouver de la disponibilité pour les malades de demain ou d’après-demain », a-t-il dit, tout en soulignant que les services de l’AP-HP n’étaient pas encore à saturation.

C’est de cette région que vient Julie A., l’adolescente de 16 ans décédée à l’hôpital. « On n’aura jamais de réponse, c’est invivable », a confié à l’Agence France-Presse (AFP) sa mère, Sabine, racontant son épreuve après des tests d’abord négatifs au Covid-19, puis un test positif.

Pour le directeur général de la santé, le professeur Jérôme Salomon, l’information concernant la jeune fille est « importante, puisque les formes sévères chez les sujets jeunes sont extrêmement rares ». « Elles surviennent de temps en temps pour des raisons multiples. On le voit notamment dans certaines infections virales [avec] des formes extrêmement sévères exceptionnelles. »

Autre région saturée : le Grand-Est. Une nouvelle évacuation de patients atteints du coronavirus dans l’est de la France est prévue vendredi pour soulager les hôpitaux. Elle intervient au lendemain d’un transfert inédit de malades de l’Est vers d’autres régions en TGV médicalisé.

Plus de 225 000 procès-verbaux pour non-respect du confinement

Le gouvernement annoncera « dans quelques jours » la probable prolongation du confinement. Le conseil scientifique a recommandé de l’allonger, suggérant un total de six semaines, soit jusqu’à fin avril.

Plus de 225 000 procès-verbaux ont été dressés par les forces de l’ordre pour non-respect des mesures du confinement depuis leur mise en œuvre, le 16 mars, a déclaré Christophe Castaner jeudi sur France 2. Environ 3,7 millions de contrôles ont été réalisés dans toute la France, a précisé le ministre de l’intérieur, qui a estimé que le confinement devrait se « poursuivre tant que nous n’aurons pas gagné le combat contre le virus ».

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le président a annoncé sur son compte Twitter, à l’issue d’une discussion avec son homologue américain Donald Trump, une « nouvelle initiative importante » avec les Etats-Unis et d’autres pays face à la crise du Covid-19, sans autre précision.

La chloroquine encadrée par un décret

Du côté des traitements, la chloroquine, actuellement testée mais qui fait débat, peut être administrée « sous la responsabilité d’un médecin » aux malades du coronavirus : son utilisation est désormais encadrée par un décret paru jeudi au Journal officiel.

En revanche, l’hypothèse d’un traçage des données pour lutter contre l’épidémie a, elle, été balayée par Christophe Castaner. « Ça n’est pas notre souhait, nous n’y travaillons pas (…) Je fais confiance aux Français pour que nous n’ayons pas besoin de mettre en place ces systèmes qui atteignent la liberté individuelle de chacun. »

Emmanuel Macron a installé, mardi, un Comité analyse, recherche et expertise (Care) chargé de « conseiller le gouvernement pour ce qui concerne les programmes et la doctrine relatifs aux traitements, aux tests et aux pratiques de “backtracking” qui permettent d’identifier les personnes en contact avec celles infectées par le virus du Covid-19 », selon l’Elysée. D’ores et déjà, il existe des projets en France d’utilisation de données de géolocalisation des téléphones portables. Mais celles-ci seraient anonymisées et agrégées pour rendre impossible toute identification individuelle.

1,6 million de salariés concernés par le chômage partiel

La ministre du travail, Muriel Pénicaud, a rapporté que 150 000 entreprises étaient entrées dans le dispositif de chômage partiel, pour 1,6 million de salariés. En vingt-quatre heures, ce chiffre est en hausse de 50 % pour les entreprises et 30 % pour les salariés, a-t-elle souligné.

« Nous protégeons l’emploi, les salariés, les compétences », a-t-elle réaffirmé. Le dispositif de chômage partiel a d’ores et déjà coûté 4 milliards d’euros aux finances publiques, a fait état pour sa part jeudi soir le ministre de l’économie, Bruno Le Maire.

L’Etat va en outre demander aux entreprises dont il est actionnaire de ne pas verser de dividende cette année « par solidarité », a déclaré vendredi Mme Pénicaud. La ministre a dit « comprendre la démarche de la CFDT » qui avait appelé mercredi les grands groupes français à ne pas verser de dividendes cette année. Plusieurs grandes entreprises françaises ont déjà renoncé à verser un dividende ou, du moins, réduit le montant initialement prévu.

Un dispositif d’alerte pour les femmes violentées

Le ministre de l’intérieur a relevé que le confinement mis en place depuis le 17 mars avait eu pour conséquence une augmentation des violences conjugales. « En zone gendarmerie », ces violences ont augmenté de « 32 % en une semaine », a-t-il dit, et dans la zone de la Préfecture de police de Paris, elles ont été en hausse de « 36 % en une semaine ».

Pour permettre aux femmes victimes d’appeler à l’aide, Christophe Castaner a expliqué qu’avec l’ordre national des pharmaciens il avait été décidé de mettre en place un dispositif au sein des pharmacies pour alerter les forces de l’ordre.

Inquiétudes en Guyane

« L’absolue nécessité est que “la vague” arrive le plus tard possible en Guyane », a reconnu jeudi la directrice de l’agence régionale de santé (ARS) de Guyane au cours d’un point-presse sur le Covid-19 à Cayenne.

L’ARS et ses partenaires ont élaboré un premier « scénario » de réponse sanitaire en cas de flambée épidémique dans ce territoire français d’Amérique du Sud, qui est pour l’instant toujours au stade 1 et compte 30 cas confirmés pour plus de 300 000 habitants.

Ce scénario s’appuie sur une « hypothèse », un « plan d’aide à la décision » basé sur un maximum de « 40 malades en besoins réanimatoires en même temps », a établi l’ARS, ce qui correspond à la capacité actuelle en lits de réanimation qu’offriraient les trois hôpitaux régionaux (Cayenne, Kourou, Saint-Laurent-du-Maroni).

Au-delà, la Guyane, territoire grand comme le Portugal, ne pourrait pas faire face et devrait faire appel à la solidarité nationale et dans une moindre mesure à la solidarité régionale, a expliqué la directrice, Clara de Bort. Mercredi, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a annoncé l’envoi à compter d’« avril » du porte-hélicoptères de l’armée Dixmude dans la zone Antilles-Guyane, en soutien à ces territoires dans la lutte contre le coronavirus.

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