Lu dans la presse
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Publié le 14 Octobre 2020

France - Essonne : heurté lors d’un contrôle, un policier gravement blessé à Savigny-sur-Orge

Le brigadier voulait contrôler une Peugeot 3008 signalée volée. Le conducteur est en fuite. Une enquête a été ouverte par le parquet pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique.

Publié le 14 octobre dans Le Parisien

Un policier appartenant à la BAC, Brigade anticriminalité, de l'Essonne a été percuté dans la nuit et se trouve dans un état grave, au point que son pronostic vital serait engagé.


Vers 1h30, une patrouille de la BAC de Savigny intervenait dans un secteur connu pour de nombreux cambriolages, indique une source proche du dossier. Les fonctionnaires repèrent une Peugeot déclarée comme volée et des individus à proximité. Ils s'approchent et le conducteur démarre brusquement en roulant sur le policier.


Ce brigadier âgé de 40 ans, père de deux enfants, a été hospitalisé dans un état préoccupant. Selon nos informations, il souffre d'un traumatisme crânien important, d'une fracture à la jambe. « Il est dans un coma artificiel et est parti au bloc opératoire pour qu'il lui retire du liquide cephalo rachidien et ainsi faire baisser la pression qui comprime son cerveau », témoigne le frère du policier.


Le brigadier blessé a longtemps officié à la BAC d'Evry-Courcouronnes, où son travail est salué par ses pairs. « C'est quelqu'un d'expérimenté, avec une réelle connaissance du terrain », confie un ancien collègue.


« C'est une tentative d'homicide »


Quant au conducteur, il a pris la fuite mais a été identifié par la police qui a procédé à la perquisition de son domicile, nous explique une source proche du dossier. « Une enquête a été ouverte pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique et confiée à la sûreté départementale de l'Essonne », indique le parquet d'Evry.


Selon Claude Carillo, du syndicat Alliance 91, « l'individu en fuite a foncé délibérément sur les policiers, c'est une tentative d'homicide ». « Rien n'a changé depuis le 8 octobre 2016, la violence est quotidienne », ajoute le syndicaliste, faisant référence à l'attaque au cocktail molotov de Viry-Chatillon, où deux policiers avaient été gravement brûlés.


Série noire pour la police


« Une fois encore un de nos collègues a été sauvagement agressé par un individu qui lui a foncé dessus. Il va falloir une fois pour toutes que la peur change de camp et que ceux qui ont la volonté d'agresser voire de tuer des policiers aient la certitude d'aller en prison, renchérit Frédéric Lagache délégué général du syndicat Alliance. On ne peut pas accepter que tous les jours on comptabilise plus de 18 blessés par jour chez les policiers. Tout cela doit cesser ».

« On est partagé entre le ras-le-bol, le dégoût et la colère, s'indigne Guillaume Roux, secrétaire départemental du syndicat Unité-SGP dans l'Essonne. Combien de policiers tués faudra-t-il pour qu'on réagisse ? Depuis une semaine, on ramasse les cadavres de nos collègues. »

Savigny-sur-Orge, avenue de la Résistance, ce mercredi matin. C’est dans cette zone pavillonnaire à proximité de la voie de chemin de fer, devant la maison au portail blanc, qu’un policier a été renversé cette nuit./LP/SEBASTIEN MORELLI

Savigny-sur-Orge, avenue de la Résistance, ce mercredi matin. C’est dans cette zone pavillonnaire à proximité de la voie de chemin de fer, devant la maison au portail blanc, qu’un policier a été renversé cette nuit./LP/SEBASTIEN MORELLI  


Car il s'agit là d'un nouveau choc pour ce corps de métier, qui intervient quelques jours après d'autres événements graves : le drame d'Herblay (Val-d'Oise) le 7 octobre et l'attaque du commissariat de Champigny (Val-de-Marne) le 10 octobre.


Reçu mardi après-midi par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, les syndicats de police, qui doivent rencontrer Emmanuel Macron ce jeudi, ont obtenu plus de moyens pour améliorer le « quotidien » des fonctionnaires. « Nous allons attendre beaucoup des annonces du président de la République que l'on veut concrètes sur ce sujet, sinon la peur risque de contaminer le gouvernement, prévient encore Frédéric Lagache. Jamais nous ne laisserons nos collègues dans une situation d'isolement face à ceux qui ne respectent pas l'autorité ».

Le locataire de la place Beauvau a par ailleurs apporté sur Twitter son « soutien » au policier blessé et assuré que « tous les moyens sont mis en œuvre pour retrouver l'auteur en fuite ».


Le maire de Savigny-sur-Orge, Jean-Marc Defrémont (EELV) constate « un phénomène d'insécurité de plus en plus diffus ». « Il s'explique par un problème du respect des représentants des forces de l'ordre mais aussi d'un affaiblissement de leur présence sur leur terrain », estime-t-il.


Un rassemblement aura lieu ce soir devant le commissariat de Juvisy-sur-orge à l'appel des syndicats de police.