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Publié le 25 Juin 2020

France - Négationnisme : Alain Soral condamné en appel, sa peine allégée

En avril 2019, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné l’essayiste d’extrême droite à un an de prison ferme pour avoir publié sur son site Internet les conclusions litigieuses de son avocat dans une autre affaire. Le Président du Crif, Francis Kalifat interroge cette décision et le "mauvais coup porté à la lutte contre l’antisémitisme par la justice".

Publié le 25 juin dans Le Monde

L’essayiste d’extrême droite Alain Soral a été condamné en appel, jeudi 25 juin, à 5 000 euros d’amende, avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement, pour contestation de l’existence de la Shoah, une peine considérablement allégée.

Alain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, 61 ans, est condamné pour avoir publié sur son site Internet les conclusions litigieuses de son avocat dans une autre affaire. Le 15 avril 2019, le tribunal correctionnel de Paris l’avait condamné à un an de prison ferme pour négationnisme, en assortissant cette peine d’un mandat d’arrêt, et avait condamné son avocat, Damien Viguier, à 5 000 euros d’amende pour complicité, en raison du contenu des conclusions. Ils avaient fait appel.

Le parquet avait cependant décidé de ne pas exécuter ce mandat d’arrêt et d’en faire appel, estimant que le tribunal ne pouvait pas délivrer un tel mandat pour une condamnation au titre de la loi de 1881 sur la liberté de la presse.

« Propagande de guerre »

A l’origine de cette décision de justice, la publication sur le site Internet de l’association d’extrême droite Egalité et réconciliation, en novembre 2017, de la plaidoirie de l’avocat d’Alain Soral, Damien Viguier – également condamné, lundi, à 5 000 euros d’amende pour complicité –, dans une autre affaire datant d’avril 2016. L’essayiste d’extrême droite avait alors mis en ligne sur son site un dessin représentant une fausse « une » titrée « Chutzpah Hebdo » et illustrée par le visage de Charlie Chaplin posant une question, dans une bulle, « Shoah où t’es ? », en référence à la « une » polémique de Charlie Hebdo après les attentats de Bruxelles, « Papa où t’es ? ». En toile de fond, une étoile de David, une chaussure, une perruque, une lampe et un savon.

Pour cette publication jugée négationniste, Alain Soral a été définitivement condamné le 26 mars, après le rejet de son pourvoi en cassation, à payer une amende de 10 000 euros avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement.

« Chaussure et cheveux font référence aux lieux de mémoire organisés comme des lieux de pèlerinage. On y met en scène des amoncellements de ces objets, afin de frapper les imaginations », avait plaidé Me Viguier en 2017. « La coupe des cheveux se pratique dans tous les lieux de concentration et s’explique par l’hygiène », avait-il ajouté avant de citer le négationniste Robert Faurisson. L’avocat avait par ailleurs soutenu que les savons faits à partir de graisse humaine par les nazis ou les abat-jour en peau humaine n’étaient que « propagande de guerre ».

Jeudi, la cour d’appel de Paris a jugé que M. Soral était bien coupable de négationnisme, pour avoir publié ces conclusions, mais a rappelé qu’à l’époque des faits l’essayiste maintes fois condamné ne l’était encore qu’à des amendes. Elle l’a donc condamné à cent jours-amendes à 50 euros, soit 5 000 euros d’amende, qui, s’ils ne sont pas payés, se transformeront en emprisonnement. En l’absence de peine de prison, elle n’a pas tranché la question du mandat d’arrêt.

Elle a, en revanche, relaxé son avocat, Damien Viguier, estimant, contrairement aux associations parties civiles, qu’il n’était « pas prouvé avec la certitude nécessaire » qu’il ait donné son accord à la publication de ses conclusions.

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