Lu dans la presse
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Publié le 24 Avril 2020

France - Ramadan: "Il faut respecter les gestes barrière", prévient le recteur de la mosquée de Paris

Nouveau recteur depuis janvier, Chems-eddine Hafiz appelle les musulmans au respect des règles du confinement durant la période de ramadan qui commence ce vendredi. Le Crif souhaite un bon mois de Ramadan, mois de la piété et du partage, à tous les musulmans qui le célèbrent.

Publié le 23 avril dans Le Parisien

Il a fermé les portes de la Grande Mosquée de Paris dès le 13 mars. Depuis, son nouveau recteur, Chems-eddine Hafiz, multiplie les messages à l'attention des croyants et tente de maintenir le lien spirituel avec les fidèles. Alors que le ramadan commence ce vendredi, il appelle les musulmans à consentir à quelques sacrifices pour respecter le confinement.

 


La Grande Mosquée a fermé depuis plus d'un mois. Comment vous êtes-vous organisé depuis ce temps ?

CHEMS-EDDINE HAFIZ. Depuis la fermeture de la mosquée, j'ai mis en place une permanence téléphonique où les imams de la Grande Mosquée de Paris se relaient, pour prodiguer des conseils. On travaille comme des amateurs, on ne peut pas faire plus. Je me suis également entendu avec des radios communautaires pour diffuser des prêches pour la prière du vendredi pour maintenir le lien spirituel. J'ai aussi développé un système de webcam où je fais des vidéos.

 


Le ramadan débute ce vendredi. Sans mosquée, le quotidien de milliers de musulmans va être bouleversé…


Même si c'est normalement une période festive, très conviviale où les familles se retrouvent, il ne faut pas baisser la garde et respecter les gestes barrières. Les règles sont claires, nous n'organisons pas d'iftar collectif (NDLR : repas de rupture de jeûne), pas de réunion de famille. Puisque les mosquées sont fermées, j'invite tout le monde à prier à la maison. Je demande aux musulmans qui d'habitude sortent pour tuer le temps, de ne pas aller sur les marchés, ni d'aller acheter des pâtisseries orientales. Les sorties doivent être courtes et surtout il faut éviter les attroupements.

 


Cela représente un lourd sacrifice pour certains musulmans.


Le ramadan est l'un des piliers qui est le plus respecté car il très social. Ne pas rompre le jeûne avec sa famille c'est vrai que ça va être la plus difficile des habitudes à prendre. Dans certains immeubles, certains invitent des voisins, même non musulmans. Mais il vaut mieux préserver nos anciens pour vivre ce ramadan ensemble avec eux l'année prochaine, que risquer de les perdre.

 

C'est une recommandation que vous adressez en particulier aux jeunes ?


Oui, car pour certains ils travaillent toute la journée, comme les livreurs. Et le soir, ils ont envie de manger une bonne soupe chez leur mère, mais c'est trop risqué. Il faut les sensibiliser, faire du sentiment.

 


La situation risque d'être compliquée pour les personnes les plus démunies ?


On travaille dessus, notamment sur la distribution de nourriture dans des foyers. Je demande à tous musulmans de faire preuve de solidarité. Distanciation sociale ne veut pas dire s'éloigner ! Au contraire, tout en respectant les règles, il ne faut pas oublier les nécessiteux.

 


Qu'allez vous proposer pour les fidèles durant ce mois ?


Grâce à Radio Orient, chaque jour du ramadan, pendant 45 minutes, un volet cultuel sera diffusé avec des sermons, et un aspect culturel également avec plusieurs intervenants avec une émission sur les savants musulmans, un professeur de médecine de la Mosquée de Paris, qui va prodiguer des conseils, et enfin une femme, professeure à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) qui va parler de mysticisme.

 



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