Lu dans la presse
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Publié le 15 Novembre 2019

France/Antisémitisme - L’antisionisme est-il un antisémitisme ? Les députés devront trancher

Les parlementaires examineront, le 3 décembre, une résolution reprenant une définition de l’antisémitisme pouvant englober certaines formes d’antisionisme.

Publié le 14 novembre dans La Croix

Alors que le sujet de la laïcité agite le monde politique, voici qu’un nouveau thème sensible s’annonce : l’antisémitisme. Le député LREM Sylvain Maillard présentera le 3 décembre une proposition de résolution visant à en proposer une nouvelle définition. Préparée par le groupe d’étude parlementaire transpartisan sur l’antisémitisme, présidé par le député de Paris, la résolution reprend la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), adoptée en 2017 par le Parlement européen et en 2018 par le Conseil de l’Union européenne.

Selon cette définition, « l’antisémitisme est une certaine perception des juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte ».

39 ONG s’y opposent

Le choix des termes est assez large pour permettre de qualifier d’antisémites certaines attaques antisionistes. « Il s’agit de définir l’antisémitisme du XXIe siècle pour pouvoir le combattre, nous explique Sylvain Maillard. Quand le philosophe Alain Finkielkraut est agressé par un Gilet jaune qui le traite de”sale sioniste’’, tout le monde comprend bien qu’il veut dire ’’sale juif’’. Il ne s’agit pas d’empêcher les critiques de la politique de l’État d’Israël mais de dire que l’antisionisme, quand il est mû par la haine, relève de l’antisémitisme. »

La résolution n’a pas de valeur contraignante mais une plate-forme de 39 ONG et associations françaises a adressé une lettre aux députés leur demandant d’écarter cette résolution. Selon eux, elle « menace les libertés publiques françaises par une suspicion généralisée contre toute critique de l’État d’Israël et de ses incessantes violations des droits de l’Homme ».

Au sein de la majorité, cette initiative ne fait pas non plus l’unanimité. Emmanuel Macron avait affirmé en février que la France faisait sienne la définition de l’IHRA. « Cette prise de parole suffisait, estime un élu. Il n’était pas utile de se lancer dans cette résolution qui va semer la confusion. » En pleines polémiques sur le voile et le communautarisme, des députés ont aussi déploré le calendrier.

Sylvain Maillard espère pour sa part « trouver le consensus le plus large possible ». Il vient de déposer une nouvelle version du texte, un peu adoucie : l’antisionisme est « parfois » et non plus « souvent » le « masque de l’antisémitisme », est-il écrit dans l’exposé des motifs.

L’antisémitisme toujours en hausse

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) tient sa convention nationale ce dimanche 17 novembre, à Paris. À cette occasion, le gouvernement devrait annoncer les chiffres provisoires de l’antisémitisme en 2019. Selon nos informations, la tendance à la hausse se poursuit : en 2018, les actes et menaces antisémites enregistrés avaient augmenté de 74 %.