Lu dans la presse
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Publié le 18 Juillet 2019

France/Mémoire - La tragédie du hameau de Lastic

L’objectif du centre était d’accueillir des jeunes juifs internés avec leur famille dans les immenses camps d’internement de Rivesaltes et de Gurs.

Publié le 16 juillet sur le site du Dauphine

En mai 1942, un centre d’accueil fut ouvert dans un ancien préventorium au hameau du Lastic à Rosans, par les Amitiés chrétiennes, une organisation d’entraide animée par l’abbé Glasberg. L’objectif était d’accueillir des jeunes juifs internés avec leur famille dans les immenses camps d’internement de Rivesaltes et de Gurs. Pour protéger les enfants et les adolescents, qui vivaient dans ces camps dans des conditions dégradantes, l’archevêque de Lyon, Mgr Gerlier avait obtenu d’ouvrir dans chaque département de la Zone libre, un Centre d’accueil et de formation professionnel de ces jeunes.

Cinq ouvrirent, dont celui du Lastic, grâce à l’appui de deux militants chrétiens haut-alpins (Jules Gueydan et Marcel Arnaud, directeur du Secours national) et en dépit de vives oppositions des services de police et des milieux antisémites. Ce centre accueillait en août, 33 jeunes “non aryens” venus de ces camps. Le 22 août, les neuf moniteurs, informés de leur renvoi en zone occupée, s’enfuient. Quatre seront arrêtés et déportés.

23 des 28 jeunes gens exterminés à Auschwitz dès leur arrivée

Le Centre est alors surveillé et le matin du 24 août, les 33 jeunes pensionnaires sont transférés au camp des Milles. 28 d’entre eux seront déportés par les convois du début septembre 42, dont 23 furent exterminés à leur arrivée à Auschwitz.

Ce drame, longtemps méconnu, jusqu’à la pose d’une plaque sur le mur de la mairie il y a une quinzaine d’années, est l’événement le plus tragique de ces “années noires”, dans le département.

Qui étaient-ils ? Selon leurs fiches conservées aux Archives départementales : des jeunes gens (une seule fille), âgés de 16 à 24 ans, dont 25 Allemands, 8 ex-Autrichiens, 4 Polonais et 1 Russe, en majorité expulsés par train en France avec leur famille depuis le pays de Bade (Allemagne), au cours de l’été 40. Leur profession : menuisier, cuisinier, jardinier, électricien, infirmière, apprenti, écolier, etc.

25 “ne parlaient pas le français” et quatre “le parlent un peu”. Parmi eux, les trois frères Bernhard, Joseph et Karl Rothschild, âgés de 20, 19 et 16 ans, fils de Moritz et de Recha, qui étaient fermiers à Randegg, près de la frontière suisse. Internés au camp de Gurs, ils seront déportés et gazés deux mois plus tard. Leurs cinq noms sont réunis sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah, à Paris.