Lu dans la presse
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Publié le 23 Juillet 2019

France/Racisme - Universitaire guinéen tué près de Rouen : la justice retient le caractère raciste

La garde à vue du meurtrier présumé de Mamoudou Barry a été levée. Le suspect âgé de 29 ans a été hospitalisé.
Le Président du Crif exprime sa très vive émotion concernant la mort de Mamoudou Barry victime d’une agression extrêmement violente vendredi soir à Rouen. Nos pensées vont d’abord à la femme de Mamoudou Barry, à sa jeune fille, et à tous ceux que ce meurtre particulièrement barbare plonge dans l’affliction. Il appartient à la Justice de faire toute la lumière sur cet acte lâche et odieux. Le Crif reste très attentif quant à l'évolution de l'enquête. La haine de l'autre, quelle que soit sa forme, n'a pas sa place dans les rues de la République.

Publié le 22 juillet dans Le Parisien

L'enquête n'a pas été très longue. Ce lundi matin, les enquêteurs de la sûreté départementale ont interpellé le meurtrier présumé de Mamoudou Barry, cet enseignant en droit de l'université de Rouen de 31 ans, battu à mort vendredi soir à Canteleu (Seine-Maritime). Le suspect, Damien A. 29 ans, a été arrêté à son domicile. Il avait été identifié grâce aux témoignages, à la description de sa tenue et aux images de vidéosurveillance.


Sa garde à vue a, en revanche, rapidement été levée en raison de son état de santé. Le jeune homme présente des antécédents psychiatriques, il est même sous curatelle renforcée. Pour l'heure, il a été hospitalisé. Il fera vraisemblablement l'objet d'examens médicaux complémentaires.


Il proférait des insultes racistes «à la cantonade»


Les policiers ne sont donc pas encore en mesure de sonder le suspect sur le mobile de son geste et notamment son potentiel caractère raciste. Selon une source proche du dossier, Damien A., qui se tenait à un arrêt de bus, proférait des insultes racistes « à la cantonade ». Mamoudou Barry circulait en voiture avec son épouse lorsqu'il a été pris à partie. « L'agresseur les a pointés du doigt et a dit : Vous, les sales noirs, on va vous niquer ce soir », a indiqué un proche de la victime.


L'enseignant en droit s'est alors arrêté puis est descendu de son véhicule pour demander des explications. En retour, il a été violemment frappé à coups de poing et de bouteilles avant de faire une mauvaise chute au sol. Pris en charge par les secours, il est décédé le lendemain au CHU.


À ce stade, la justice a retenu le caractère raciste de cette agression, puisque le parquet de Rouen a annoncé ce lundi soir avoir conservé cette circonstance aggravante dans l'information judiciaire ouverte pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».


Pas de lien établi avec la finale de la CAN


Le lien entre les faits et le coup d'envoi imminent de la finale de la Coupe d'Afrique des nations (CAN), opposant ce soir-là le Sénégal à l'Algérie, ne semble en revanche pas établi. L'agresseur présumé est un Franco-turc et non un supporter de l'Algérie. Et s'il portait bel et bien un maillot de foot, il s'agissait de celui du club stambouliote de Galatasaray.


« Monsieur Barry est mort en raison de sa couleur de peau. Toutes les théories sur le lien avec l'Algérie ne sont pas dignes et ne respectent pas la décence qui s'impose après la mort d'un homme », développe Me Jonas Haddad, l'avocat de la famille du défunt.


Les proches de Damien A. confient, eux, leur stupéfaction et leur désarroi par rapport aux soupçons dont le jeune homme fait l'objet. « Je me suis entretenu avec son père, indique l'avocat rouennais Me Demir Selçuk, à qui ce dernier a fait appel. Il m'a indiqué que son fils n'était absolument pas quelqu'un de raciste ni de violent. Il est dans l'incompréhension par rapport aux accusations dont il fait l'objet. Et bien entendu il a une pensée pour la victime et présente ses condoléances à sa famille. »

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