Lu dans la presse
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Publié le 24 Février 2020

Haine en ligne - Le Crif lance un observatoire de la haine antisémite en ligne

Un nouvel outil, mis en place par le Conseil représentatif des institutions juives de France, permet de quantifier les contenus antisémites en ligne. Selon ses premières conclusions, un peu de plus de 50 000 contenus haineux ont été publiés en France, sans modération, sur des sites Internet en 2019.

Publié le 21 février dans La Croix

Ce sont les premiers chiffres de la haine antisémite en ligne. Exactement 51 816 contenus à caractère antisémite ont été répertoriés par le nouvel Observatoire de l’antisémitisme en ligne, créé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Des contenus répartis en quatre catégories : 52 % liés à des stéréotypes et des allégations (mensongères, déshumanisantes, complotistes), 39 % liés à la haine de l’État d’Israël (appels à détruire l’État d’Israël ou comparaison avec le régime nazi), 38 % sont des expressions explicites de haine (insultes et appels à la violence) et 13 % sont liés soit au déni de la Shoah, soit à une apologie du nazisme.

L’étude montre que le nombre de contenus antisémites semble corrélé à des événements d’actualité, avec par exemple un pic au moment de la découverte de tombes juives profanées en Alsace, en décembre dernier.

Ces statistiques sont à mettre en perspective avec l’augmentation du nombre de crimes et de délits à caractère antisémite depuis plusieurs années. Encore en 2019, le ministère de l’intérieur constatait une hausse de ces faits : 687 en 2019 contre 541 l’année précédente, soit une augmentation de 27 %, après le pic de 2018 (+ 74 %).

Donner une image plus réelle de l’antisémitisme en France

Des chiffres qui ne reflètent pas forcément la réalité vécue du simple fait que ces statistiques sont uniquement basées sur les plaintes déposées. « Or beaucoup de Juifs français ne portent plus plainte soit parce qu’ils considèrent que c’est inutile, soit parce que les auteurs de l’antisémitisme font partie de leur entourage », explique Francis Kalifat, président Crif.

C’est lui qui est à l’origine de la création, en partenariat avec l’institut de sondage Ifop, de ce nouvel observatoire et de son nouvel outil censé quantifier les contenus antisémites en ligne en France. « Nous observons une mutation de la nature de l’antisémitisme, avec l’apparition d’une sorte de nouvel antisémitisme lié à l’antisionisme et à l’amalgame entre Juifs, Israéliens et sionistes, le tout largement diffusé sur Internet et les réseaux sociaux, développe Francis Kalifat, d’où cette volonté de pouvoir quantifier ces contenus en ligne. »

Des propos antisémites violents

Ces 50 000 contenus constituent les expressions les plus évidentes de l’antisémitisme, des publications de surcroît restées en ligne après modération. L’outil n’aspire que les contenus publics, aucunement les discussions privées, par un système de mots-clés, et ne s’est concentré pour l’instant que sur Twitter, Facebook, YouTube, le forum Hardware et le site reseauinternational.net.

« C’est inquiétant, estime le président du Crif, car il s’agit de propos antisémites violents, ce sont des choses qui n’auraient pas dû rester en ligne. » Et, effectivement, l’étude donne une multitude d’exemples pour lesquels le doute n’est pas permis. « C’est pour cela que nous voulons que les plateformes soient incitées, obligées de retirer les contenus haineux dans les 24 heures, comme prévu dans la loi Avia contre les contenus haineux sur Internet », insiste Francis Kalifat, qui reste persuadé que des résultats pourront être obtenus en « mettant des amendes lourdes si les diffuseurs ne respectent pas cette règle ».

Un repère pour évaluer la future loi Avia

Cette publication reste la première du genre en France. Elle trouvera pleinement son sens dans les années à venir en servant de repère afin d’évaluer l’efficacité de la modération en ligne et, justement, de la future loi Avia. « Nous avons désormais l’indice de départ », résume Francis Kalifat.

Le président du Crif estime que l’outil, lorsqu’il sera encore perfectionné, pourra être étendu à l’ensemble des haines : homophobes, sexistes, racistes ou antimusulmanes. « Bien sûr, dans quelques années nous pourrons mettre à disposition des associations qui luttent et ainsi observer la plus grande partie des haines qui transitent à travers le Web. »

 

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