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Publié le 12 Décembre 2019

Mémoire - Pages arrachées à Primo Levi : "Le camp d'Auschwitz"

"Oublier le passé, c'est se condamner à le revivre." Ce survivant de la Shoah qui, avec un style analytique et dénué de pathos, s'est fait le témoin de l'horreur du nazisme. Découvrez le feuilleton radiophonique qui revient sur l'expérience concentrationnaire de l'auteur de "Si c'est un homme". Aujourd'hui, focus sur le premier épisode consacré à son passé à Auschwitz..

Publié le 11 novembre sur France Culture


Diane Kolnikoff reçoit Jean Samuel, ami de Primo Levi, comme lui rescapé du camp d'extermination d'Auschwitz où il l’a connu. Jean Samuel évoque ses souvenirs avec l'écrivain sur l'organisation de la vie dans le camp puis lit des passages de Si c'est un homme.

Né à Turin en 1919, Primo Levi appartient à une famille cultivée de la bourgeoisie juive. Après des études secondaires conduites au lycée Massimo d'Azeglio, il opte pour les sciences et passe en 1941 un diplôme de chimie à l'université de Turin. Il s'installe ensuite à Milan où il travaille pour une société pharmaceutique suisse. En 1943, après la chute du régime et l'arrestation de Mussolini, il trouve refuge dans les montagnes du val d'Aoste où il tente de rejoindre un groupe de maquisards. Dénoncé, il est arrêté le 13 décembre par la milice fasciste. Échappant à l'accusation de résistance qui l'aurait conduit devant le peloton d'exécution, il est identifié comme Juif et transféré dans le camp de concentration de Fossoli, près de Modène. Il est interné en février 1944 dans le Lager de Buna-Monowitz (Auschwitz III). Là, il doit sa survie au fait qu'à partir de 1943 l'armée allemande, en perte de vitesse, a de plus en plus besoin de main-d'œuvre. Or sa formation de chimiste le rend apte à travailler pour l'usine de caoutchouc (Buna) située dans le périmètre d'Auschwitz, véritable agglomération comprenant plus de trente camps de concentration. Il est libéré le 27 janvier 1945, date de la libération du camp par les Soviétiques. Il trouve alors un emploi dans une petite entreprise de peinture dont il devient par la suite directeur et où il reste jusqu'à sa retraite. Pendant les derniers mois de sa vie, Primo Levi a été très affecté par la montée du révisionnisme et de l’indifférence. Le 11 avril 1987, il se suicide en se jetant dans la cage d’escalier de son immeuble. Sur sa tombe sont inscrits son nom et 174 517, son matricule à Auschwitz.

Son premier livre, Si c’est un homme, paraît en 1947. Ce récit de sa survie dans l'univers concentrationnaire ne connaît pas immédiatement un grand succès mais marque ensuite fortement les esprits de l'Europe d'après-guerre. Au cours des décennies suivantes, il est traduit dans une trentaine de langues, intégré dans les programmes scolaires, et se vend aujourd'hui encore à 200.000 exemplaires par an rien qu'en Italie.
Réalisation Jacques Taroni Productrice Diane Kolnikoff. 

Après la fiction vous entendrez Gwenaëlle Aubry lire un extrait de Si c'est un homme de Primo Levi.

À sa retraite, Primo Levi se consacre pleinement à l'écriture et à son travail de mémoire. Il publie plusieurs récits poignants sur son expérience de juif italien, de chimiste ou de prisonnier : La Trêve (1963) où il raconte son voyage de retour en Italie après sa libération, Le Système périodique (1975), La Clé à molette (1978), Maintenant ou jamais (1982) ou encore Les Naufragés et les Rescapés (1986), son dernier livre. Il écrit et publie aussi des articles, des nouvelles et de la poésie.