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Publié le 7 Janvier 2020

Terrorisme - Attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et Hyper Cacher : bientôt le procès

Cinq ans après les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, qui avaient fait 17 morts, le procès approche. De mai à juillet, la cour d'assises spéciale de Paris jugera 14 personnes, renvoyées pour avoir aidé Amédy Coulibaly, Chérif et Saïd Kouachi. Les trois terroristes avaient été tués par les forces de l'ordre.

Publié le 7 janvier sur France Inter

Trois mois de procès, 200 parties civiles, et dans le box, 11 personnes. Plus trois accusés, toujours recherchés, jugés en leur absence. Voilà à quoi ressemblera le procès des attentats de janvier 2015, sans leurs principaux protagonistes : Amedy Coulibaly, le tueur de Montrouge et de l'Hypercacher, et les frères Kouachi, les auteurs de la tuerie à Charlie Hebdo, sont morts dans l'assaut des forces de l'ordre, le 9 janvier 2015. Les juges d'instruction du pôle antiterroriste ont travaillé d'arrache-pied pour identifier complices, soutiens logistiques et fournisseurs d'armes des terroristes. 

Cinq ans après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, qui ont causé la mort de 17 personnes et brutalement fait entrer, entre le 7 et le 9 janvier 2015, la France dans sa plus importante vague de terrorisme d’après-guerre, l’enquête est officiellement close.

Les dates du procès sont fixées : les audiences auront lieu du 4 mai au 10 juillet 2020.

Quatorze personnes sont renvoyées aux assises, chiffre considérable. La plupart sont accusées d’« association de malfaiteurs terroriste ». Certaines devront se défendre du chef encore plus grave de « complicité », chose rare. 

Les absents

Il y a d'abord les trois absents, visés par des mandats d'arrêt : Hayat Boumedienne, la compagne d'Amedy Coulibaly, l’auteur de l’attaque contre l’Hyper Cacher et les frères Mohamed et Mehdi Belhoucine. Tous trois avaient quitté la France le 2 janvier 2015, s'envolant pour Istanbul depuis Madrid, avant de rejoindre la Syrie. Les frères Belhoucine sont présumés morts, et on est sans nouvelles d'Hayat Boumedienne depuis le 13 novembre 2015. Selon la veuve d'un des frères Clain, elle aurait également été tuée dans un bombardement. Mais sans confirmation officielle de leur mort, la justice française va tout de même les juger.

Mohamed Belhoucine, particulièrement, aurait activement aidé Amédy Coulibaly, jouant le rôle de mentor religieux - la revendication lue par Amédy Coulibaly était écrite de sa main. Peut-être, estiment les juges d'instruction, était-il son donneur d'ordres : il sera jugé pour complicité dans la commission des attentats. La compagne du tueur, Hayat Boumedienne, aurait commis des escroqueries pour financer les attentats et loué une voiture. Elle est renvoyée devant la cour d'assises, comme Medhi Belhoucine, pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Onze accusés dans le box

Parmi les 11 qui seront dans le box, l'accusé numéro un s'appelle Ali Riza Polat. Selon les juges, ce franco-turc aurait transporté des armes depuis la Belgique six mois avant les attentats, et assuré le soutien logistique d'Amedy Coulibaly. Il est également renvoyé pour complicité. 

Les dix autres auraient, à des degrés divers, aidé Amedy Coulibaly ou les frères Kouachi, pour trouver de l'argent, des armes, des gilets tactiques, des munitions, une voiture...  S'agissant de ces "seconds couteaux" il s'agira pour l'accusation de prouver qu'il avaient connaissance des projets terroristes des trois hommes.

Quels commanditaires ?

Et puis, il y a ceux que l'enquête n'a pas, pour l'instant, permis d'identifier précisément : les commanditaires des attentats. Chérif et Saïd Kouachi ont revendiqué l'attentat de Charlie Hebdo au nom d'Al Qaïda au Yémen, pays où l'un d'eux s'est rendu en 2011. Une piste relancée après l'arrestation du vétéran du djihad, Peter Cherif, en décembre 2018 à Djibouti. L'homme, ancien cadre d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), est soupçonné d'avoir facilité l'intégration d'un des frères Kouachi au sein d'Aqpa au Yémen. Ce volet de l'enquête a été disjoint, pour ne pas retarder la tenue du procès.

Amedy Coulibaly, lui, avait revendiqué avoir agi au nom de l'État islamique et de son calife Abou Bakr al-Baghdadi, tué le 26 octobre dernier en Syrie. Son donneur d'ordres direct n'a pas pu être identifié avec certitude. 

 

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