Tribune
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Publié le 22 Avril 2015

«La sagesse et l'amitié du Pape François feront progresser le dialogue avec le judaïsme»

«Lorsqu'un citoyen est touché en raison de sa religion, il appartient aux autres religions de se sentir concernées»

Propos recueillis par Jean-Marie Guénois, entretien publié dans le Figaro le 20 avril, 2015

Quel est l'enjeu de la rencontre des Rabbins européens avec le Pape François?

La rencontre historique que nous avons souhaitée avec Sa Sainteté le Pape François, se déroulera presque 50 ans après la déclaration de Nostra Aetate liée au Concile Vatican II. Celle-ci mettait fin à un conflit théologique et à des siècles de haine et d'animosité envers le judaïsme dans le monde. Cette déclaration, les rencontres d'Assises et la visite de Jean-Paul II à la Grande Synagogue de Rome, ont permis de passer, comme l'a écrit Jules Isaac, de «l'enseignement du mépris à l'enseignement de l'estime». Le symbole d'une rencontre avec la Conférence des Rabbins européens (CER), représentant 600 Rabbins européens, témoignera du chemin parcouru en 50 ans et devrait permettre d'ouvrir de nouvelles perspectives de dialogue entre nos deux religions monothéistes.

Pourquoi a-t-il fallu attendre 2015, et donc autant de temps, pour que cette rencontre se produise?

Si certains grands Rabbins membres de la CER avaient rencontré les Papes de leur propre initiative, la Conférence n'avait encore jamais effectué de démarche pour rencontrer les souverains pontifes. Cinquante ans de consolidation des liens depuis Nostra Aetate auront permis de développer une connaissance mutuelle et réussi à dissiper la méfiance que certains pouvaient éprouver. Dans la tradition juive 50 ans, c'est le Yovel: le jubilé, qui est, dans la bible, synonyme d'éternité. Par ailleurs, les nombreux drames et conflits interreligieux à travers le monde ont renforcé la nécessité, pour les dirigeants religieux, de s'engager davantage et ensemble pour préserver la liberté de conscience et la liberté de religion. Le Grand Rabbin Pinchas Goldschmidt, Président de la CER, a le mérite d'avoir pris cette initiative en vue d'approfondir et de développer cette estime mutuelle, mais aussi d'oeuvrer pour une coexistence pacifique dans le monde.

Comment percevez-vous le Pape François?

Proche des fidèles, profondément humaniste et tellement humain. Il semble capable de bousculer les consciences et les structures, pétri d'un souci permanent de recherche de vérité. Il l'a démontré récemment avec courage en reconnaissant le génocide arménien. Cela n'était pas politiquement correct, mais il était important aujourd'hui, alors que les massacres, notamment ceux des Chrétiens d'Orient, bouleversent les consciences, mais ne mobilisent malheureusement pas, de reconnaître comme tel le premier génocide du 20e siècle. N'oublions pas cette phrase d'Hitler le 22 août 1939, aux commandants en chef de son armée: «Mais qui se souvient encore du massacre des Arméniens?»… Lire l’intégralité.

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