Tribune
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Publié le 20 Novembre 2014

À la bifurcation des routes

Chronique Radio J de Raphaël Drai, publiée sur son blog le 17 novembre 2014

Chacun se souvient que cet été, après les violentes manifestations de rues anti- israéliennes à Paris et en province et après des attaques insensées de synagogues, l’attention des pouvoirs publics s’est portée sur ces familles juives de France ayant pris la décision de la quitter. Et aussitôt de se récrier en assurant que la citoyenneté des Juifs français restait pleine et entière, que leur sécurité serait renforcée, que ce serait un échec du régime républicain en soi si ces départs surtout en direction d’Israël devenaient encore plus nombreux.

Quatre mois après ces émouvantes déclarations, renforcées par quelques belles âmes du Judaïsme de France, où en sommes-nous? Le Parlement français s’apprête à voter une résolution qui tend pour l’essentiel à la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien et à la division de Jérusalem. On a déjà souligné en quoi un pareil projet de résolution soulignait le dévoiement des institutions de la Vème République et une ingérence inadmissible dans les décisions vitales de la démocratie israélienne. Il n’empêche que ce vote semble inexorable quels que soient les sourdines dont on l’assortira et les fausses fenêtres dont on l’ornera. Il restera à mesurer son impact sur l’immense majorité de la communauté juive France dont ni le Président de la République ni le Premier ministre ni nombre de parlementaires ne peuvent ignorer les sentiments à cet égard et leur profonde désapprobation face au principe même d’une telle résolution dont le contenu, tel qu’il se pressent, s’annonce d’une hypocrisie consommée.

Dans ces conditions, il s’agit d’être conséquent. L’on ne peut d’une part sur-assurer les Juifs de France qu’ils sont des citoyens à part entière et d’autre part intervenir au Parlement comme si leur présence était devenue insignifiante. Face à une pression tellement irréversible quelle issue leur reste-t-il en effet pour manifester cette désapprobation, sinon de songer au départ et parfois même de déjà s’en aller, le sentiment d’insécurité physique s’ajoutant à celui d’une marginalisation politique patente de plus en plus périlleuse? À n’en pas douter cette communauté s’interroge les yeux grands ouverts et en toute lucidité sur les voies de son avenir et personne de bonne foi ne saurait lui en faire grief… Lire la suite.

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