Tribune
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Publié le 24 Février 2003

Le Parti des Musulmans de France en Irak

Franck Viart l’annonçait dans l’édition du 7 février 2003 des Dernières nouvelles d’Alsace : le Parti des Musulmans de France (PMF), prépare un voyage de onze jours en Irak, du 22 février au 4 mars 2003. Avant même ce périple hautement politique, deux informations suffisent à comprendre le sens de ce voyage : l'hébergement et le déplacement sur le territoire irakien sont pris en charge par l'Irak et l'ambassade de Syrie en France délivre un visa collectif à titre gratuit. L'aller-retour pour Bagdad a pour objectif de « manifester la solidarité » du PMF à l'égard de l'Irak, une opération « boucliers humains » étant même une hypothèse envisagée.




Il pensait emmener tout au plus une dizaine de personnes. Finalement, Mohammed Ennacer Latrèche, le président du Parti des Musulmans de France (PMF) est parti pour l'Irak avec un nombre inespéré de boucliers humains potentiels. Le voyage de solidarité, qu'il a organisé avec l'aide de l'ambassade de Syrie et des autorités irakiennes, a suscité un nombre inespéré de candidatures. Trente-deux personnes ont décollé pour Damas avant de rejoindre la capitale irakienne en bus. Six, parties dimanche dernier, sont déjà à Bagdad. Et le principe d'un deuxième voyage, début mars, est d'ores et déjà acquis. Histoire de permettre à tous ceux qui en ont exprimé le souhait de manifester sur place leur refus de la guerre. (Odile Weiss, DNA, 21 février 2003)

Notre but, explique Mohammed Ennacer Latrèche, qui connaît déjà le pays, « est de nous rapprocher de la population irakienne. Nous entendons être libres de nos mouvements pour pouvoir rencontrer les gens, leur expliquer que l'opinion publique européenne est contre cette guerre et leur montrer que nous sommes solidaires ».

Qu’est ce que le Parti des Musulmans de France ?


Le Parti des Musulmans de France est d'abord l'oeuvre de son président, Mohamed Ennacer Latreche, né en Tunisie et installé à Strasbourg en 1962. Mohamed Latreche a fondé le Parti des Musulmans de France à Strasbourg en avril 1997 avec l'approbation du président de la fédération d'Alsace Lorraine des Français musulmans. Il se distingue en 1997, dans la foulée de la création du PMF, en présentant à Schiltigheim, en Alsace, sa candidature aux élections législatives. Résultat : 0,92 des suffrages. La même année, le PMF obtenait 0,65% aux élections législatives.


Son groupuscule est issu de ce que l'on peut appeler les milieux franco- algériens : Français musulmans, Français d'origine algérienne, Algériens. À Strasbourg, c'est une sensibilité minoritaire parmi les sensibilités musulmanes.


À l'automne de l’année 2000, le fondateur du PMF a réunie plus de 2500 manifestants contre Israël. Au cours de la manifestation, ont été entendus des slogans antisémites. Immédiatement, le maire de la ville, Catherine Trautmann a dénoncé publiquement cette manifestation.


A l'automne 2001, Mohamed Latreche organise une manifestation contre l'intervention américaine en Afghanistan. La manifestation réunit à peine 200 personnes. Mais dans son discours, M Latrèche proclame : « Nous sommes tous des Afghans »

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Le Parti des Musulmans de France et les négationnistes


Selon l’écrivain Didier Daeninckx sur le site Internet d’Amnistia.net (http://www.amnistia.net/librairi/amnistia/n27/taupisl.htm), en avril 2002, le journal islamiste At-Tajdid, publié au Maroc, donnait la parole à l'ex-chercheur Serge Thion révoqué par le CNRS pour sa « remise en cause de l'existence des crimes commis contre l'humanité » et l'état d'abandon dans lequel se trouvaient, depuis plusieurs années, les recherches qu'il était censé mener. Dans un article intitulé « Les saboteurs sionistes sont démasqués », Serge Thion remercie le service d'ordre du Parti des Musulmans de France (PMF), qui avait protégé les distributeurs de tracts de La Vieille Taupe lors d'une manifestation en faveur de la Palestine. La collaboration de ces différents milieux a franchi une nouvelle étape le 26 octobre dernier à Paris, avec la tenue d'une réunion dont l'objet principal était de démontrer que le président américain, Georges W. Bush, menait une politique de conquête du monde dictée par « les organisations juives américaines, l'Etat d'Israël et Ariel Sharon ».


A la tribune avaient pris place la puissance invitante, Mohamed Latrèche, flanqué de Serge Thion, de Bernard Fischer qui a tenté sans grand succès de s'incruster dans une kyrielle d'organisations d'extrême gauche, et présenté pour l'occasion comme étant le président de la coordination d'Ile de France de vagues "comités Palestine", de Bernard Cornut, un ingénieur candidat à la candidature aux dernières présidentielles sous les couleurs du « Monde au cœur », et enfin Ginette Skandrani, une ancienne dirigeante des Verts (elle y militait encore à la fin de l'année 2000).


Marc Knobel

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