Tribune
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Publié le 10 Avril 2008

Le non renouvellement du mandat de l'expert de la République Démocratique du Congo au Conseil des Droits de l’Homme suscite de fortes critiques

La décision du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies de ne pas renouveler le mandat de son expert indépendant sur les droits humains pour la République démocratique du Congo (RDC) a fait l'objet de critiques virulentes de la part d'une importante organisation de défense des droits de l’Homme, souligne l'Agence Inter Press Service (IPS), l'un des plus grands fournisseurs d'informations sur les questions mondiales (1).


Cette décision prise la semaine dernière par le conseil basé à Genève concernant Titinga Frédéric Pacéré représentait « une trahison de ses responsabilités vis-à-vis du peuple congolais », a indiqué 'Human Rights Watch' (HRW) dans une déclaration. Ce groupe de défense des droits a son siège à New York. Le verdict est tombé suite à une réunion du Conseil au cours de laquelle l'Egypte, parlant au nom des 53 membres du groupe africain des Nations Unies et agissant en accord avec ce qu'elle a dit être les souhaits du gouvernement congolais, a recommandé vivement que le mandat ne soit pas renouvelé, citant les avancées politiques d'après-guerre et la stabilité dans le pays. L'incapacité de Pacéré à mobiliser le soutien international pour les réformes des droits humains en cours, a été également avancée comme une raison pour mettre fin à ses activités.
Le représentant de la RDC au conseil a déclaré que le gouvernement congolais travaillait pour améliorer la situation des droits de l'Homme dans le pays, un point de vue qu'un porte-parole du président du Congo, Joseph Kabila, a repris à Kinshasa, la capitale. « Je pense que la situation ici s'améliore de plus en plus », a affirmé Kudura Kasongo dans un entretien avec IPS. « Et les droits de l'Homme comprennent également l'accès à ces choses comme la nourriture et les soins de santé. Elle dépend de la capacité de l'administration locale à gérer ces choses. Elle n'est pas excellente, mais elle s'améliore ».
La RDC, une nation de près de 66 millions d'habitants, qui couvre une région aussi grande que l'Europe de l'ouest, essaie de recoller les morceaux après une décennie de guerre et de soulèvements qui ont coûté la vie à quelque cinq millions de personnes.
« Bien que ces élections aient été une grande victoire pour le pays, nous avons encore de très sérieuses inquiétudes, particulièrement avec les nouvelles violences dans l'ouest du Congo et la fragilité des accords de paix dans l'est », a déclaré à IPS, Juliette de Rivero, directrice de plaidoyer de HRW à Genève. « Nous ne pensons pas que la situation ait suffisamment changé pour mettre fin à cette mission; nous pensons qu'elle aurait dû être renforcée par des ressources complémentaires » (…) Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires estime que depuis 2003, environ 800.000 personnes sur une population de 4,2 millions ont été déplacées par des combats dans le Nord-Kivu seul. Un rapport publié en janvier par l'organisation humanitaire, le Comité international de secours, a affirmé que 45.000 personnes mouraient par mois en RDC, principalement du fait des préoccupations liées à la santé causées par les perturbations sociales et économiques du conflit actuel. Par ailleurs, les récents affrontements entre les forces gouvernementales et la secte Bundu dia Kongo dans la province du Bas-Congo, juste à l'ouest de Kinshasa, ont entraîné la mort d'au moins 68 personnes, a conclu un rapport interne de l'ONU sur les violences, vu par IPS. Lors de sa cinquième visite de travail en RDC en mars, Pacéré a déploré la situation des droits de l'Homme dans le pays à travers une conférence de presse, citant comme exemple le fait que pendant que 14.200 cas de viol ont été enregistrés dans le Sud-Kivu seul entre 2005 et 2007, seulement 287 de ceux-ci avaient été poursuivis en justice. La mission des Nations Unies au Congo, connue sous son acronyme français MONUC, a également essuyé des critiques depuis sa création en 1999. Les soldats de maintien de la paix de l'ONU ont été impliqués dans une entreprise de contrebande de l'or contre des armes avec les milices locales dans l'est de la RDC en 2005, et un rapport interne de 2004 de l'ONU a conclu que des abus et exploitations sexuels des femmes et des filles à la fois par des militaires et des civils de la force semblaient être « significatifs, généralisés et en cours ». La MONUC est la mission de maintien de la paix la plus grande au monde, comptant environ 17.000 personnes.
Note :
1. La page Web du Service français de IPS contient des articles relatifs aux questions variées qui touchent le continent africain, dans les domaines des droits de l'Homme, du développement, de l'environnement, la population, la santé, l'éducation, l'économie, la politique, l'énergie et la culture. La page comprend également des liens avec deux mini-sites qui regroupent des articles relatifs à la culture, la religion et au genre -- ainsi qu'au Sommet mondial sur la Société de l'information, respectivement.
Source : Par Michael Deibert, IPS, 4 avril 2008
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