Tribune
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Publié le 12 Septembre 2008

Michel Dreyfus-Schmidt, la République et le judaïsme

De Michel Dreyfus-Schmidt, disparu le 7 septembre, chacun connaît le rôle qu’il a joué dans notre pays. Au barreau, au Parlement, au Conseil de l’Europe, à la haute Cour de Justice, et toujours au premier plan, comme déjà à Sciences-Po dont il était sorti majeur de sa promotion. Bâtonnier du barreau de Belfort, député puis sénateur pendant vingt sept ans dont douze passés au fauteuil de vice-président, son talent, son aptitude à concilier bon sens et imagination, sa puissance de travail, son intuition, son courage, ne suffisent pas à expliquer sa réussite.


Dans une démocratie, les mandats politiques se conquièrent par l’adhésion et Michel Dreyfus-Schmidt les obtenait par sa force de conviction, sa chaleur humaine et ce qu’il est permis d’appeler d’un mot simple et beau, sa gentillesse.
Chacun avait compris qu’il était au service de ses idées et qu’à travers celles-ci s’exprimait sa générosité.
C’est cependant sur un autre aspect de la personnalité de Michel Dreyfus-Schmidt qu’on appellera ici l’attention, il s’agit de sa fidélité.
Fidélité à soi-même, à ce qu’il représentait. A son père Pierre Dreyfus-Schmidt député et maire de Belfort jusqu’en 1940 avant d’en être un des libérateurs avec l’armée de Lattre. Ce fut pour Michel un devoir et un honneur de suivre les traces de ce ‘fou de la République’.
La fidélité aux valeurs du judaïsme, aux exigences morales qu’elles impliquent, au militantisme et aux combats qu’elles induisent ont conduit Michel Dreyfus- Schmidt à exercer des fonctions de haute responsabilité au C.R.I.F, au Congrès Juif Mondial dont, présidant la section française, il était le vice-président et dans l’association qu’il avait fondée : ‘Socialisme et judaïsme’.
Dans ces différentes institutions et dans bien d’autres organismes communautaires, il a milité et servi ; il les a fait bénéficier de son expérience, les a animés de sa conviction et leur a prêté son prestige. La bienveillance et la courtoisie avec lesquelles il s’exprimait n’altéraient jamais la fermeté de ses idées. Aussi n’entraînait-il pas toujours l’adhésion mais il ne craignait pas d’être minoritaire ; il aimait le combat et appréciait de faire réfléchir.
Il n’est pas sans intérêt, pour situer un homme, de connaître ses références de cœur et d’esprit. Son exigence de vérité et de justice portait Michel Dreyfus-Schmidt vers Jaurès, Léon Blum, Mendès-France ; ajoutons qu’il savait persuader comme Gambetta et porter témoignage comme son prédécesseur à la vice-présidence du Sénat, Scheurer-Kestner, ce héros trop peu connu de l’affaire Dreyfus. Ces différents noms ne viennent pas ici par hasard. Michel aimait les citer comme des maîtres.
Pour beaucoup d’entre nous, c’était le meilleur des amis. Pour ceux qui ont eu le privilège de l’avoir côtoyé lorsqu’il avait vingt ans il est permis de dire que sa vie pleine et droite est celle dont il avait rêvé.
François Bernard
Vice-président de la CIVS, ancien membre du Comité directeur du CRIF
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