Tribune
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Publié le 2 Octobre 2013

Alain Soral et sa… « Kontre Kulture »

Par Marc Knobel

 

Alain Soral s’est fait connaître du grand public dans les années 90 en faisant le pitre dans des émissions de variétés et en publiant quelques livres, dont la « Sociologie du dragueur » en 1996, où l’auteur nous expliquait quelles étaient ses meilleures techniques de drague. De nos jours, l’essayiste franco-suisse Alain Soral amuse son petit monde lorsqu’il parle des Juifs. Il y a même chez Soral -qui est passé idéologiquement du parti communiste au front national et du FN au parti antisioniste- (excusez du peu) une obsession et/ou une fascination bien étrange : les Juifs, les Juifs et encore les Juifs. Il en voit partout, il doit en rêver la nuit, le pauvre. Il imagine (il le croit sûrement) que les Juifs seraient au cœur de cette prétendue conspiration mondiale qui voudrait soumettre et détruire la nation et l’individu. Il pense qu’une sorte de « gouvernement mondial » également appelé « l’empire » voudrait dissoudre les nations. « L’empire » c’est une expression qu’il utilise quotidiennement. Peut-être a-t-il été trop influencé (dans sa jeunesse) par le film hollywoodien « Star Wars » et les fameuses répliques sur « l’empire contre-attaque » ! Trêve de plaisanterie, Soral ne fait rire personne et il n’a rien d’un pitre.  

Pour Soral, ce prétendu gouvernement qui entretiendrait « la toute-puissance du marché » (et son « idéologie du monde marchant ») est l’ « ennemi ». Et Soral se croit investi d’une « sainte » mission : sauver la France : « Je veux sauver la France, voilà » (vidéo de rentrée 2012, 3ème partie). Soral ou le sauveur. Soral en Jeanne d’Arc ? Mystique Soral ?

 

Soral y ajoute quelques gammes très particulières lorsqu’il nous offre sa petite musique : le fameux complot judéo-maçonnique et mondialiste, car selon Soral, les décisions politiques centrales ne se prennent pas au sein du gouvernement ou à l’assemblée, mais dans d’obscures loges maçonniques, ou lors de dîners fameux. Brrrr ! Cela fait froid dans le dos.

 

Justement, « au cœur de ces prétendues conspirations et de la vision complotiste qu’il a du monde, se tiendraient l’Amérique rapace et « les « Juifs » ». Le Monde diplomatique du mois d’octobre 2013 publie un long article d’Évelyne Pieiller sur Soral : « Alain Soral tisse sa toile. Les embrouilles idéologiques de l’extrême droite. » Cette longue enquête est intéressante et bien fouillée. Voilà ce que, très justement, Évelyne Pieiller écrit à ce sujet : (pour Soral) les « Juifs, sinon errants, du moins par nature étrangers » à la nation et de surcroit portés sur l’accumulation du capital. La banque est juive, la presse est juive, le destructeur de l’unité nationale est juif… Soral a pour eux une haine positivement fascinée. Il les voit partout. Évidemment, il lui est facile de préférer parler d’antisionisme ou d’opposition à la politique d’Israël. Mais c’est tout bonnement de l’antisémitisme, et non l’expression du soutien au peuple palestinien ou d’un goût marqué pour la provocation supposée libératrice. »

 

De plus, Soral  parle souvent de « la communauté qu’il ne peut pas nommer ».

 

J’oubliais : pour sauver la France (des sionistes) Soral en appelle constamment au soutien des pires dictatures avec en tête de file, la très glorieuse République islamique d’Iran, où il semble faire si bon vivre (sic).

 

Bref, Soral connaît (par cœur ?) les (ses) classiques lorsqu’il parle des Juifs. Justement, les éditions Kontre Kulture ont été attaquées par la LICRA devant le juge des référés pour avoir republié « La France juive » d'Édouard Drumont, « Le salut par les juifs » de Léon Bloy, « Le juif international » d'Henry Ford, « La controverse de Sion » de Douglas Reed et « Anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme » de Paul-Éric Blanrue, le biographe admirateur du négationniste Robert Faurisson.

 

Or, dans un avis écrit, le procureur de la République a estimé que l'affaire relevait du juge de fond et non d'une procédure en référé, et que « de nombreux passages incriminés (par la Licra, NDLR) n'apparaissaient pas comme étant constitutifs de propos injurieux, diffamant ou provoquant à la haine raciale », au grand dam des avocats de l'association. Étrange avis, il faut reconnaître. Drumont ne provoquait-il pas à l’antisémitisme et à la haine raciale, dans TOUS ses écrits, notamment dans sa « France juive » ?

 

En attendant, Soral peut continuer son petit commerce et provoquer constamment en remettant sur la place publique de tels ouvrages ou en republiant des caricatures immondes d’un antisémitisme crasse et d’un racisme ordurier.

 

Et grâce à Soral, Drumont est ressuscité. On ne le remerciera jamais assez (sic).

 

Sur Soral, voir : http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/category/alain-soral/