Tribune
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Publié le 19 Décembre 2014

Chronique d'une barbarie "ordinaire"

Par Marc Knobel, Directeur des Etudes du CRIF, publié dans le Huffington Post le 19 décembre 2014

Le lundi 15 décembre 2014, un homme, Man Haron Monis, retient en otage au moins une douzaine de personnes. Il avait été condamné par la justice australienne en 2013 pour avoir adressé des lettres insultantes à des familles de soldats australiens décédés au combat, ainsi que pour avoir commandité le meurtre de son ex-femme. Par ailleurs, il avait été poursuivi pour des dizaines d'agressions sexuelles soupçonnées, en relation avec son rôle de pseudo guérisseur spirituel pratiquant... la magie noire. Durant la terrible prise d'otages, l'homme aurait forcé plusieurs otages à brandir un drapeau par les fenêtres du café, sur lequel il était écrit : "Il n'y a de Dieu qu'Allah et Mohammed est son prophète". Finalement, après seize heures de prise d'otages, la police australienne donne l'assaut du café de la place Martin : 3 morts, dont le preneur d'otages, et plusieurs blessés.

Le mardi 16 décembre 2014, une école pakistanaise de Peshawar (nord-ouest) est dévastée et ravagée par des talibans pakistanais. On dénombre 148 morts dont une majorité d'enfants (132, au total). L'assaut de Peshawar, qui s'est achevé après plus de sept heures de combat avec la mort des six terroristes, tient en haleine le Pakistan, glacé, ravagé, meurtri et/ou effrayé par les récits de survivants racontant comment les talibans passaient de classe en classe en abattant à la chaîne des enfants parfois âgés d'à peine 12 ans. Les talibans traquaient les enfants jusque sous les bancs ou les chaises pour les tuer.

Au Yémen, 26 personnes, dont 16 écolières, trouvent la mort, dans deux attentats à la voiture piégée attribués par les autorités à Al-Qaida dans le centre du Yémen. Les attaques sont perpétrées dans la ville de Rada, dans la province de Baïda et les 16 enfants qui ont péri voyageaient dans un bus scolaire, complètement soufflé par l'explosion.

Au Nigéria, des membres présumés du groupe Islamiste Boko Haram assassinent 32 personnes et en enlèvent plusieurs dizaines d'autres, dont de nombreuses femmes, dans l'attaque d'un village du nord-est du Nigeria.

Le mardi 16 décembre (toujours), les corps de 230 personnes exécutées par les islamistes sont découverts dans une fosse commune à l'est de la Syrie. Les victimes sont des membres de la tribu sunnite des Chaïtat, originaire de cette province, qui s'était soulevée contre Daesh. Le Ministère irakien des Droits de l'homme annonce le même jour que Daesh avait exécuté 150 femmes, dont certaines étaient enceintes, parce qu'elles avaient refusé de se marier à des combattants du groupe terroriste, rapporte l'agence de presse turque Anadolu. "Au moins 150 femmes, y compris des femmes enceintes, ont été exécutées à Falloujah par un militant appelé Abu Anas Al-Libi après qu'elles ont refusé d'accepter de se marier avec des djihadistes", indique un communiqué de presse du Ministère des Droits de l'Homme irakien (Le Parisien, 18 décembre 2014).

C'est ainsi que les crimes et les massacres qui sont perpétués -tous les jours, toutes les heures- en Irak et en Syrie relèvent de la plus grande barbarie, de la plus épouvantable des folies, de la plus sanglante des perversions. Ces crimes contre l'Humanité sont un défi pour le monde. Ce n'est pas simplement un patrimoine culturel et religieux que des terroristes fous et fanatisés pulvérisent et détruisent, ce ne sont pas simplement des territoires que des djihadistes barbares écrasent et asservissent, ce ne sont pas simplement des populations qui sont martyrisées, c'est l'Humaine condition que l'on met complètement à mal, qui saigne et souffre.

Au même moment, en France, nous apprenons que, depuis août 2013, la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dit avoir déjoué cinq projets d'attentats et démantelé une dizaine de filières dans l'Hexagone. Depuis un peu plus d'un an, les services français affirment qu'ils auraient procédé au démantèlement de 13 filières… Lire la suite

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