Tribune
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Publié le 8 Février 2013

Coalition : un peu de patience…

 

Par Gil Hoffman

 

Jeux et enjeux autour de la formation du nouveau gouvernement.

 

Un journaliste qui se respecte ne conseillerait jamais à ses lecteurs de ne pas lire ses propres articles. Mais peut-être que, au cours des 4 à 6 prochaines semaines, ce ne serait pas une si mauvaise idée… Pourquoi ? Parce que, au cours des négociations de coalition, grand nombre d’élus vont dire des choses qu’ils ne pensent pas et penser des choses qu’ils ne diront pas. Tout cela fait partie de l’âpre marchandage qui précède la formation d’une coalition la plus stable possible.

 

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu laissera entendre qu’il pourrait laisser le leader de Yesh Atid, Yaïr Lapid en dehors du gouvernement, et Lapid menacera, pour la forme, de prendre la direction de l’opposition pour une courte période avant de remplacer Netanyahou. Shas affirmera qu’il ne siégera pas avec Lapid. Yesh Atid clamera qu’il ne siégera pas avec Shas. Et les élus de droite et de gauche se diront des amabilités depuis les deux côtés de la Knesset.

 

Mais lorsque sonnera l’heure de la date butoir pour former un gouvernement, le 16 mars prochain, il est fort à parier que tout ce beau monde saura s’entendre et s’asseoir ensemble sur les confortables fauteuils du bureau du Premier ministre.

 

Le rituel a commencé dimanche 3 février, à l’hôtel Kfar Hamaccabiah de Ramat Gan, un endroit fort agréable pour passer plusieurs heures derrière une porte close, puis aller au-devant des journalistes et les induire en erreur. Devant les caméras, les négociateurs ont la dent dure.

 

Mais qui sait ce qui se passe à l’intérieur ? En 2003, la presse a passé de longues journées au Kfar Hamaccabiah ignorant totalement que l’hôtel servait de trompe-l’oeil pendant que les vraies négociations entre Shinouï (formation du père de Lapid, Tommy) et le Parti national religieux se déroulaient à Jérusalem, à la résidence du futur Premier ministre Ehoud Olmert.

 

Lorsqu’ils s’adressent aux caméras, les politiciens déclament haut et fort qu’ils ne se soucient guère de portefeuilles et que toutes les négociations portent sur leurs principes politiques. Que la vérité en soit bien loin importe peu. Les accords de coalition signés par les partis sont rarement honorés en fin de compte, hormis les ministères dévolus à chacun. Le volet idéologique du document est vite oublié.

 

Par exemple, lors des derniers accords signés en mars 2009, les 6 partis entrés au gouvernement avaient fait vœu de mettre un terme au régime du Hamas dans la bande de Gaza et de faire passer la loi qui permettrait aux Israéliens de l’étranger de voter aux élections. En 2003, dans l’accord signé avec Shinuy, il était stipulé que le mariage civil serait approuvé.

 

Mais aujourd’hui, le rabbinat contrôle toujours les unions, le Hamas est toujours au pouvoir à Gaza, et aucun progrès notable n’a été enregistré sur la loi dite Omri Caspi, du nom du joueur de basket israélien, qui mène une brillante carrière aux États-Unis depuis 2009.

 

Alors s’il vous plaît, chers lecteurs, continuez à lire le Jérusalem Post.

Mais, jusqu’à ce que le nouveau gouvernement Netanyahou soit officiellement signé et approuvé, lisez les déclarations des élus avec prudence et modération. Les choses finiront par se mettre en place. Il faut juste encore un peu de patience…