Tribune
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Publié le 25 Avril 2016

De la négation à la revendication des génocides

La répression de tous les négationnismes est légitime et nécessaire dans une société démocratique.

Par Valérie Boyer, Députée des Bouches-du-Rhône et Maire des 11e et 12e arrondissements de Marseille, et Bernard Jouanneau, Avocat au barreau de Paris, publié dans le Blog du Huffington Post le 24 avril 2016
 
En cette année 2015, qui marquait à la fois les vingt-cinq ans de la loi Gayssot et les cent ans du génocide des Arméniens, la proposition de loi n°2276 visant à réprimer, après celui de la Shoah, la négation des autres génocides et des crimes contre l'humanité, était inscrite à l'ordre du jour le 3 décembre dernier à l'Assemblée Nationale.
 
Alors que cette proposition de loi était soumise au vote de tous les députés afin de réparer l'injustice permanente résultant de l'absence de texte concernant l'ensemble des génocides, le Secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement M.Leguen et le président du groupe parlementaire socialiste Bruno Leroux, se sont bornés à critiquer l'improvisation de cette nouvelle proposition sans formuler aucune objection précise.
 
L'Histoire de l'Assemblée Nationale, s'est faite avec de l'audace et du courage. Parfois les députés se doivent de dépasser leurs querelles, leurs postures politiciennes, au nom de l'intérêt général...
 
... La répression de tous les négationnismes de ces crimes est légitime et nécessaire dans une société démocratique, dans la mesure où ils portent atteinte à la fois à l'Ordre Public et qu'ils sont par ailleurs marqués par la haine ou la violence à l'encontre de groupes de personnes à raison de leur origine, de leur appartenance, ou de leur non appartenance à une ethnie, une race, une religion ou une nation, ou qu'ils portent atteinte à un intérêt légitime des tiers, comme le respect de la vie privée, de la mémoire et de la dignité, protégés par l'article 8 de la Convention de Sauvegarde Européenne;
 
Il suffira de veiller à préserver d'une manière ou d'une autre, la liberté de mener et poursuivre des débats historiques sur ces génocides, ce que nous avions fait dans la proposition n°2276 en utilisant les expressions "négation de principe" et "contestation systématique".
 
Mais cette démarche qui concerne les génocides du XXe siècle, n'exclut pas les génocides nouveaux du XXIe siècle, et en particulier, celui qui, selon nous, est en train d'être commis par l'Etat Islamique à l'encontre de groupes de personnes, en raison de ce qu'ils sont ou plutôt de ce qu'ils ne sont pas, selon leur idéologie criminelle.
 
On répondra ainsi à une attente actuelle universelle, incontestable, et l'on n'attendra pas que l'irréparable ait été commis pour prendre les mesures appropriées, à l'initiative du pouvoir législatif et dans le respect de la spécificité de chaque génocide et des droits des victimes.
 
L'urgence d'une nouvelle loi est claire, au moment où s'accumulent depuis le mois de janvier 2015 des exactions et des attentats commis au nom de l'Etat Islamique qui s'en prend systématiquement, selon des critères arbitraires, à des groupes de personnes dont il prône la destruction physique. "L'Ordre Public", est bien ici en cause, puisqu'il s'agit d'enrayer l'extension de ces attentats commis sur notre territoire, dans le cadre d'une offensive déclenchée par un état étranger... Lire l'intégralité.
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