Tribune
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Publié le 24 Mai 2012

Egypte : des élections démocratiques à l’anti-israélisme...

Par Marc Lev

 

Je l'admets bien volontiers: il est difficile de rester insensible devant les quelques 52 millions de citoyens égyptiens qui sont invités (pour beaucoup pour la première fois) afin de choisir par vote et non par obligation celui qui tiendra les rênes du pays.

Il n'est guère plus aisé de ne pas se questionner quant aux lendemains des élections (y compris ceux qui suivraient un second tour plus que probable) alors qu'il y a encore quelques jours plus de 60% des citoyens égyptiens ne savaient toujours pas pour qui voter...

 

Au vu et au sus des commentaires, des analyses d'ici ou d'ailleurs j'ose me porter en faux et (les exemples alentours ne manquant pas...) prévoir ce jour un nouveau président égyptien qui se retrouvera dans les nuances de charia et "d'islamisme laïque..."

 

En effet, Amr Moussa qui semblerait se placer en favori dans les divers médias porte à mes yeux cette auréole d'un régime que l'égyptien de la rue désire oublier, effacer, témoignage de corruption, d'enrichissement face à un peuple appauvri, et qu'y faire : Amr Moussa a siégé auprès de Moubarak comme son Ministre des Affaires Etrangères durant une dizaine d'années ? Le peuple égyptien serait-il prêt à "reprendre du galon Moubarakien" alors que les manifestations, les violences, les victimes et arrestations, les images de la place Tahrir...sont bien là, ancrées dans les mémoires..? Alors que jamais au grand jamais Amr Moussa ne s'est exprimé contre la politique de Moubarak centrée alors sur la corruption..?

 

Certes cet Amr Moussa a largement eu le loisir de rallier (y compris du temps de Moubarak) un peuple vers des idées et des déclarations anti-israéliennes: seul sujet actuel qui pourrait l'aider dans sa recherche de gouvernance... Et comme le chantait (dans les années 2000) le chanteur de variété Shaaban Abderrahim qui roucoulait: "j'aime Amr Moussa, et je hais Israël" voilà donc un point commun avec les autres candidats en lisse, mais lui suffira-t-il ? J'en doute !!

 

A l'encontre de Amr Moussa le peuple égyptien a toutes les raisons de se reconnaitre dans des candidats comme Mohamed Morsi (Frères Musulmans) ou comme Abdel Moneim Aboul Fotouh (islamiste "libéral"...) qui ont su se trouver au sein des manifestations de masse, organisant des meetings géants, mêlant leurs prêches publics en faveur du retour de la charia à des messages d'écoute du peuple...N'omettant nullement de rappeler le responsable d'évidence de leur situation passée et actuelle: l'état d'Israël...

 

Il me semble ainsi que même pour le regard d'occidental qui est le mien et qui se voudrait empreint de logique d'économie différente, de recherche réelle d'expansion, de réduction des inégalités, d'ouvertures des libertés...le sujet qui fera objet de balance dans les votes du peuple égyptien se nomme et se nommera inéluctablement: "cessation de tous accords avec l'état d'Israël, fin de reconnaissance des accords de paix, de facto déclaration de guerre contre Israël..." et à ces arguments les islamistes et autres Frères Musulmans ont dorénavant tous les atouts en mains avec un parlement égyptien déjà tout acquis à leurs croyances.

 

Israël sera à mes yeux la raison suprême de ces élections; et puis tant pis pour la pauvreté, pour les inégalités, pour le chômage, pour des lendemains par trop identiques au passé proche ou plus lointain...le nouveau gouvernement pourra toujours organiser "une bonne guerre" contre Israël histoire d'effacer un journalier populaire pas plus florissant qu'auparavant...

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