Tribune
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Publié le 21 Juin 2013

Haine et violences antisémites, menaces sur la République"

Par Me Bernard Jouanneau

 

Haine et violences antisémites, menaces sur la République, Marc Knobel, Ed. Berg International

 

Il faut commencer ce livre par la fin parce que Marc Knobel y parle de l’affaire Merah : le comble de l’horreur qui nous révèle que malheureusement les crimes à répétition commis par Mohamed Merah n’ont eu qu’un temps l’effet salutaire de la réprobation unanime. Ils ont eu aussi un effet pervers qui a provoqué de nouvelles agressions antisémites pareilles à celles qui ont émaillé cette décennie. Ce ne sont pas moins de 90 actes et agressions antisémites qui ont été recensés dans les 10 jours qui ont suivi l’attentat contre l’école Ozar Hatorah à Toulouse…

C’est à chaque fois la même chose depuis l’an 2000. Ce genre d’agression suscite une réaction très forte des médias et de la classe politique : “On fera tout pour arrêter les auteurs de ce lâche attentat” et puis on ne fait rien ou plutôt ce qu’on fait n’a aucun effet palpable, au point qu’on désespère de l’action publique et des poursuites initiées par les associations.

 

Pourquoi ? C’est la lancinante question que pose Marc Knobel à longueur de pages, dans le magistral opus qu’il nous a livré à la fin 2012…

 

Je croyais tout savoir sur la question et ne m’attendais pas à en apprendre. Je me suis aperçu que je ne savais rien.

 

Chacun de nous a naturellement conscience à la fois du phénomène et des causes qui lui sont attribuées. La recrudescence des manifestations antisémites se rattache au conflit israélo-palestinien, transposé dans la société française. Il y a du vrai dans cette analyse, mais elle est loin de rendre compte de la réalité et de ses causes que Marc Knobel dissèque avec une précision méticuleuse. En dépit des liens qu’on lui connait dans la position qu’il occupe au CRIF, force est de reconnaître qu’il se livre là à une reconstitution rigoureuse de l’évolution du climat et des réactions antisémites de la société française. Il ne suffit plus de faire la différence entre la politique d’Israël à l’égard des territoires occupés et les agressions racistes antisémites qui se multiplient sur notre territoire. Malheureusement elles se multiplient et elles s’accroissent dans des proportions alarmantes. Si l’on peut comprendre que les défenseurs des Palestiniens se déclarent hostiles à la politique de l’État d’Israël, on ne peut admettre que leurs supporters se livrent à de telles violences en dehors des territoires où la puissance et la résistance d’Israël s’exercent.

 

Mais la multiplication des agressions racistes antisémites répertoriées méticuleusement par Marc Knobel, au fil du temps, ne peut pas s’expliquer seulement par ces agissements de l’État d’Israël. Rien ne justifie que les juifs résidents en France et qui ne sont pas israéliens en subissent les conséquences ni les excès.

 

Il faut donc chercher ailleurs et, en dépit des protestations unanimes de nos responsables politiques, on ne peut malheureusement pas dire que l’antisémitisme “à la française” se soit résorbé ou ait disparu. Il est bien là et n’est pas seulement attribuable aux jeunes gens d’origine maghrébine ou arabe. On voit bien à la lecture des pertinentes analyses de Marc Knobel que le “racisme” et “l’antisémitisme” sont au dernier rang des préoccupations de nos concitoyens et, passées les déclarations vigoureuses des gens au pouvoir qui nous assurent qu’on fera tout pour que “ces actes monstrueux et barbares” ne se renouvellent pas, on ne fait rien pour éradiquer dans la société cette sourde menace de l’antisémitisme toujours vivace.

 

Naturellement, après “l’embellie de 2005” dont les statistiques viennent nous rassurer un temps après “l’annus horribilis” 2004 (baisse de plus d’un tiers des actes ou menaces antisémites répertoriés), Marc Knobel se fait l’écho du CRIF… qui pose en mars 2006 la question de “la France en danger?” au vu des statistiques de 2006 qui font apparaître une nouvelle hausse “cruellement illustrée par l’assassinat horrible du jeune Ilan Halimi.”

 

Mais ce n’est pas tant l’écho de cette horrible affaire qui retient l’attention que le récapitulatif minutieux et détaillé des actes antisémites recensés, jour après jour, au cours de cette même année tant il est la preuve qu’en deçà et au-delà de l’horreur de l’antisémitisme dont on nous dit épargnés, est toujours là.

 

Alors il faut le lire et le méditer et le rapprocher de l’autre ouvrage qu’il a publié en 2012 chez le même éditeur L’internet de la Haine. Encore n’aura-t-on pas touché le fond, puisqu’on n’aura pas parlé de Google ni de Tweeter. C’est à se demander quand on en aura fini.

 

Mais c’est pour ça que Mémoire 2000 est toujours présente aux côtés de J’ACCUSE et de l’UEJF.

 

À la conclusion qui ponctue sa descente aux enfers qu’il formule ainsi : N’oublions jamais ceci : ce qui est menacé aujourd’hui par l’islamisme et l’antisémitisme c’est bien la République elle-même, ses principes, ses valeurs et sa culture, car ce qui menace les juifs la menace, j’ajouterai un seul mot : l’Humanité.

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