Tribune
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Publié le 26 Janvier 2016

Hassan Rohani en visite en France : n'oublions pas la répression des chrétiens en Iran

"Le gouvernement iranien continue de perpétrer des violations systématiques de la liberté de culte"

Tribune de Donya Jam, Irano-américaine, publiée dans le Nouvel Observateur le 24 janvier 2016
 
Il y a eu beaucoup de discussions à propos de l’accord sur le nucléaire iranien, mais il est temps de nous arrêter un moment et de réfléchir réellement à comment Téhéran traite sa minorité chrétienne.
 
Les choses ont changé, pour le pire
 
En tant que chrétienne avec des origines iraniennes, je m’intéresse particulièrement à la détresse et à la souffrance de la minorité chrétienne en Iran.
 
La présence des chrétiens en Iran remonte à loin et est une partie majeure de l’histoire du pays. En Iran, les musulmans, les chrétiens, les juifs et les zoroastriens se sont parfaitement entendus pendant des siècles. Nous étions tous des Iraniens et notre religion n’était pas un problème du tout.
 
Suite à la prise de pouvoir par les ayatollahs en 1979, les choses ont changé pour le pire. Les persécutions religieuses ont commencé et la répression s’est institutionnalisée, de plus en plus. Beaucoup de chrétiens et de juifs ont fui. Mais quelques-uns sont restés dans leur pays natal.
 
Rohani agit à l'inverse de ses promesses de campagne
 
Dans les années 1990, plusieurs prêtres et évêques iraniens ont été tués mystérieusement par les agents du régime iranien. Un d’eux était le prêtre Haik Hovsepian-Mehr, qui a disparu dans les rues de Téhéran le 19 janvier 1994. Les autorités ont annoncé sa mort à sa famille le 30 janvier. Il croyait en la liberté de conscience donnée par Dieu. Il aimait les Iraniens qu’ils soient chrétiens ou musulmans. Il a donné sa vie pour leur liberté de religion.
 
Lorsqu’Hassan Rohani a été choisi comme président du régime, certains Occidentaux pensaient qu’il y aurait un changement. On pensait que Rohani était modéré. Il a déclaré cette année-là : "Toutes les ethnies, toutes les religions, même les minorités religieuses, ont le droit à la justice".
 
Les promesses de campagne et les démonstrations pour l’Occident ne pouvaient pas être plus éloignées de la réalité. En fait, bien que son prédécesseur ait été ouvertement un extrémiste, les conditions pour les croyants en Iran se sont détériorées depuis l’élection de Rohani.
 
Des minorités religieuses ont été emprisonnées 
 
Suivant ce modèle, la répression des chrétiens a continué de façon toujours intense et s’est même aggravée sous certains aspects. Plusieurs prêtres sont condamnés à de longues peines d’emprisonnement simplement pour avoir pratiqué et défendu leur culte.
 
Selon la commission américaine sur la liberté religieuse dans le monde, les autorités iraniennes ont augmenté leurs persécutions des minorités religieuses depuis l’élection du président Rohani, malgré ses promesses de leur donner plus de droits. Le rapport annuel de la commission pour 2015 a montré qu’un nombre croissant de minorités religieuses ont été emprisonnées sous Rohani.
 
La commission a déclaré dans la section consacrée à l’Iran de son rapport : "Le gouvernement iranien continue de perpétrer des violations systématiques, continues et flagrantes de la liberté de culte, notamment via l’emprisonnement prolongé, la torture et les exécutions basées uniquement sur la religion de l’accusé".
 
Arrêtés pour avoir fêté Noël
 
Selon le conseil national de la résistance iranienne, le régime iranien aurait arrêté un groupe de chrétiens iraniens pratiquants le jour de Noël dans une maison aménagée en église dans la ville de Chiraz, dans le sud de l’Iran.
 
Le groupe de chrétiens iraniens s’était rassemblé le 25 décembre pour fêter Noël lorsque des agents du ministère des Renseignements et de la Sécurité nationale en civil ont fait une descente dans la maison.
 
Le 30 décembre, on a appris que Téhéran projetait de transformer des églises confisquées illégalement en "centre de prière islamique". Le terrain appartenant à la communauté catholique chaldéenne d’Assyriens iraniens dans la rue Patrice Lumumba, à Téhéran ouest, a été illégalement confisqué il y a deux ans pour construire un centre de prière islamique. Les autorités refusent toujours de le rendre.
 
Et ce ne sont que deux exemples... Lire l'intégralité.