Tribune
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Publié le 26 Juin 2015

Israël: boycott et alerte

"Le boycottage est une vraie guerre menée par d'autres moyens".
 

Par Gil Kessary, Journaliste, ancien Diplomate, publié dans le Huffington Post le 11 juin 2015
Cette phrase, inspirée de la fameuse devise de Von Klausewitz, vient à l'esprit face à l'ampleur des campagnes pour isoler Israël.
Il ne s'agit pas uniquement de la tentative déjouée d'expulsion de la FIFA, et de la décision d"Orange" ("France Télécom") de se détacher de "Partner", compagnie israélienne indépendante, laquelle n'a plus aucun rapport avec "Orange" international sauf l'affichage de la marque.
D'ailleurs, à priori cette initiative était vouée à l'échec car condamnée par la classe politique en France, tant du côté du gouvernement que de Nicolas Sarkozy. Mais surtout étant contraire à la législation française, laquelle se prononce contre le boycott dès le 7 juin 1977, s'agissant d'un acte discriminatoire de type économique.
Israël en a vu d'autres par le passé, notamment au cours des premières années de son existence. Par exemple: Renault, Coca Cola, Macdonald, ayant cédé à la pression de la Ligue Arabe. Or, elles ont fait marche arrière et font depuis bonne lurette d'excellentes affaires.
Dans la pratique il est difficile d'évaluer les dégâts économiques résultant du boycott. Si certains producteurs situés dans les territoires contestés se trouvent touchés, de même que des centaines de travailleurs palestiniens risquant le chômage en cas de fermeture, en revanche l'économie du pays dans son ensemble n'en souffrira pas outre mesure.
En effet, les grosses commandes venant de sociétés géantes et les affaires internationales vont bon train et redoublent de volume sans tenir compte des initiatives de boycott. Les études démontrent que si au cours des deux dernières années l'exportation israélienne a été réduite vers l'Europe (de 19% pour la France et l'Allemagne), elle a augmenté au contraire vers l'Asie du Sud-Est, et doublé vers l'Amérique.
Ceci dit, les israéliens ne prennent pas à la légère l'activité de la BDS, principal organisme international à accuser Israël de tous les torts afin de l'isoler, à l'exemple de l'Afrique du Sud du temps de l'Apartheid. Feignant être indépendant et non-politique, le BDS ("Boycott, désinvestissements, sanctions") est en réalité inspiré et motivé par des dizaines d'organisations palestiniennes dès sa naissance il y'a une dizaine d'années. Mais jusqu'en 2008 l'écho de la propagande anti-israélienne n'a eu d'effet uniquement dans des pays à forte activité palestinienne tels l'Afrique du Sud, la Grande Bretagne, l'Irlande, la Norvège, sans beaucoup d'intérêt dans l'ensemble de l'Occident. Mais peu à peu la propagande palestinienne, via BDS, avait réussi à déstabiliser cette indifférence, notamment à la suite de la guerre de Gaza l'été dernier.
Or, BDS n'est pas seul à mener campagne contre Israël. D'autres organismes, notamment gauchistes et même antisémites, ont rejoint la tendance. Il convient de noter que des activistes juifs, voire israéliens, en font partie, soutenus en Israël même par une partie des media, a l'exemple du journal "Haaretz", ainsi que des organismes tels que "Betzelem", "Paix maintenant", et "Rompre le silence", lequel vient de diffuser un peu partout des témoignages affligeants de combattants de la guerre de Gaza.
À ce propos je tiens à ajouter une remarque personnelle. Dans ces témoignages il y'a un passage parlant de la difficulté de faire la distinction entre combattant et civil inoffensif se trouvant dans la zone de combat.» Dans ce cas - tirez, car un civil n'a rien à faire à cet endroit", est cité en l'occurrence le commandant israélien. Or, en tant qu'ancien combattant et officier je dois affirmer que ce commandant avait raison. Et notamment dans un conflit de ce genre, lorsque les combattants du Hamas ne portaient pas toujours l'uniforme, ce qui a coûté dans certains cas la vie à des soldats israéliens.
Donc, je dois avouer que si je me trouvais dans une situation semblable j'aurais peut-être donné aux soldats la même instruction… Lire l’intégralité.