Tribune
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Publié le 28 Mars 2013

Israël et la Turquie renouent sous les auspices de Barack Obama

 

Par Hélène Keller-Lind

 

« Les États-Unis attachent une très grande importance à leur étroite collaboration avec à la fois la Turquie et Israël » déclarait Barack Obama à l'annonce de la restauration des liens entre les deux pays, annoncée à la fin de sa visite en Israël. Le Président américain disait son approbation, espérant voir s'instaurer une coopération approfondie. Restauration à laquelle il a certainement œuvré. Dans un communiqué Benyamin Netanyahou évoquait d'ailleurs leurs conversations. Le prix à payer aura été des excuses d'Israël pour « les erreurs » dans la gestion de l'incident impliquant le Mavi Marmara.

 

Des relations empoisonnées depuis l'arraisonnement du bateau turc le Mavi Marmara

 

L'incident du Mavi Marmara, ce bateau turc transportant des passagers bien décidés à en découdre avec les forces israéliennes qui, par la force des choses, allaient s'opposer à leur tentative de forcer le blocus maritime de la Bande de Gaza, aura empoisonné les relations entre la Turquie et Israël pendant trois ans. Après les conclusions du Rapport Palmer, demandé par le gouvernement israélien sur cet incident, Israël avait présenté ses regrets pour les pertes en vies humaines - neuf passagers turcs avaient trouvé la mort –, mais refusé de s'excuser, le blocus maritime étant tout à fait légal et les soldats ayant arraisonné le bateau utilisant des moyens non létaux face à des militants d'une organisation terroriste les ayant agressés violemment avec la volonté affichée de tuer http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=27090

 

Un récent exemple de l'animosité de la Turquie concernant Israël a été la déclaration du Premier ministre turc assimilant le sionisme à un crime contre l'humanité ; ce qui avait provoqué un tollé général. Y compris, bien entendu, à la Maison Blanche et au Département d’État américain. http://blog.unwatch.org/index.php/2013/03/11/erdogan-zionism-scandal-who-said-what/ Dans une interview publiée par un journal danois Recep Erdogan revenait ensuite sur ses propos qui, dit-il, auraient été mal interprétés. Et soulignait qu'il a toujours combattu l'antisémitisme http://www.armenews.com/article.php3?id_article=88024.

 

Une reprise du dialogue répondant à une impérieuse nécessité

 

Une rétractation ayant sans nul doute permis au Président Obama de persuader Benyamin Netanyahou et Recep Erdogan de se parler juste avant qu'il quitte Israël. Un succès diplomatique de taille. Et une impérieuse nécessité compte tenu de la situation dans la région ainsi que du fait que la Turquie est membre de l'OTAN. A l'annonce de cette conversation entre le Premier ministre israélien et le Président turc Barack Obama déclarait, en effet, le 22 mars : « Je me félicite de la conversation de ce jour entre le Premier ministre Netanyahu et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Les États-Unis attachent une grande importance à leur étroite collaboration avec à la fois la Turquie et Israël, et nous attachons une très grande importance à la restauration de relations positives entre eux afin de faire progresser la paix et la sécurité régionales. J'ai bon espoir que l'échange d'aujourd'hui entre les deux dirigeants leur permettra de s'engager dans une coopération plus approfondie sur ce sujet et toute une gamme d'autres défis et opportunités » http://www.whitehouse.gov/the-press-office/2013/03/22/statement-president-obama-turkey-and-israel.

 

Le prix à payer : des excuses pour des « erreurs » dans la gestion du Mavi Marmara et une indemnisation

 

Un autre communiqué, de Benyamin Netanyahou, cette fois, était publié le même jour. Rapportant la teneur de sa conversation avec son homologue turc, mais faisant également état du prix qu'a dû payer Israël pour la reprise de relations cruciales. Il y fait état d'erreurs dans la gestion de l'incident du Mavi Marmara, exprime à nouveau ses regrets, mais aussi des excuses et offre de payer des compensations pour les victimes, sans, toutefois que la responsabilité d'Israël soit engagée de ce fait. On y lit : « Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a parlé aujourd'hui, vendredi 22 mars 2013, avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Benjamin Netanyahu lui a dit qu'il venait d'avoir des échanges satisfaisants avec le président Obama à propos de la coopération régionale et l'importance des relations entre Israël et la Turquie. Il a regretté la détérioration récente des relations entre Israël et la Turquie et dit son engagement pour surmonter leurs divergences afin de faire progresser la paix et la stabilité dans la région. Le Premier ministre Netanyahu lui a dit avoir vu une récente interview du Premier ministre Erdogan dans un journal danois – voir plus hait - et l'avoir appréciée.

 

Il a indiqué clairement que le dénouement tragique de l'incident du Mavi Marmara n'avait pas été voulu par Israël et qu'Israël regrette la perte de vies humaines et regrette qu'il y ait eu des blessés. À la lumière de l'enquête conduite par Israël et qui a montré dans un certain nombre d'erreurs opérationnelles commises lors de cet incident, le Premier ministre a exprimé les excuses d'Israël au peuple turc pour les erreurs qui auraient pu occasionner la perte de vies ou des blessures et a convenu de conclure un accord sur une indemnisation / avec une clause de non responsabilité. Le Premier ministre Netanyahu a également noté qu'Israël a substantiellement levé les restrictions sur l'entrée de marchandises civiles dans les Territoires palestiniens, y compris la Bande de Gaza et que cela continuerait tant que le calme régnerait. Les deux dirigeants ont convenu de continuer à œuvrer pour améliorer la situation humanitaire dans les Territoires palestiniens ».

 

Des mesures concrètes au quotidien pour améliorer la vie dans la Bande de Gaza

 

On sait, en effet, que parmi les griefs d'Ankara, le Premier ministre turc a souvent condamné le blocus israélien. Invoquant des considérations humanitaires. Or, par exemple, entre les 10 et 16 mars 41.794 tonnes de marchandises transportées par 1540 sont entrées dans la Bande de Gaza par le passage de Kerem Shalom tandis que des fruits, des fleurs, des meubles ou des épices transportées sur 28 camions sortaient de la Bande de Gaza. 2573 personnes transitaient par le passage d'Erez. http://www.cogat.idf.il/Sip_Storage/FILES/5/3895.pdf

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