Tribune
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Publié le 28 Septembre 2016

#Israël - Où va Israël ?, par Shimon Pérès

A la suite du décès de Shimon Pérès, le Monde republie une tribune qu'il avait signée en 2002.
Par Shimon Pérès, publié dans le Monde le 13 novembre 2002, puis le 28 septembre 2016, traduit de l'anglais par Florence Levy-Paoloni 
 
Quand des gens en Israël ont faim, les questions sociales doivent figurer en tête de notre programme. Mais il est impossible de corriger la situation sociale sans corriger l'économie. Tant que les investissements en Israël ne sont pas renouvelés et que les touristes ne reviennent pas, tant que la fuite des capitaux hors d'Israël n'est pas jugulée et que des budgets sont attribués à des intérêts spécifiques, l'économie ne se redressera pas. Et tant que la sécurité reste instable, la situation sociale et économique continuera à se détériorer.
 
Plusieurs conditions sont nécessaires pour corriger cette situation :
 
- Il doit y avoir une collaboration palestinienne dans la guerre contre le terrorisme. Les Palestiniens n'offriront leur collaboration que si nous leur proposons un horizon politique clair. Cet horizon est le point de vue présenté par George W. Bush et le Quatuor (Nations unies, Etats-Unis, Russie et Union européenne) : une solution permanente fondée sur deux Etats vivant côte à côte. Au cours de mes récentes rencontres avec des Palestiniens, j'ai bien fait comprendre qu'il n'y a aucune chance pour qu'Israël accepte la position palestinienne, de même qu'il n'y a aucune chance pour que les Palestiniens acceptent la position israélienne. La seule solution est que les deux peuples acceptent le compromis international soutenu pratiquement par le monde entier et par la majorité des gens des deux peuples.
 
Sans soutien international, les Palestiniens ne réussiront pas à créer un Etat et Israël aura beaucoup de mal à parvenir à la paix. Le premier ministre israélien, Ariel Sharon, dit qu'il accepte le point de vue de Bush, mais il n'est pas prêt à présenter cette position devant le gouvernement pour obtenir son approbation. Les balbutiements ne font pas la politique.
 
- Tout accord avec les Palestiniens peut - et doit - être établi de sorte que les choses se fassent simultanément : guerre contre le terrorisme, négociations pour une solution permanente et réformes du gouvernement palestinien. Si on fait en sorte que l'un des éléments dépende d'un autre, tout restera bloqué, comme c'est le cas depuis deux ans.
 
- Il faut geler la construction dans les implantations et nous devons annoncer que nous sommes prêts à inclure dans tout accord permanent le retrait des implantations, comme l'avait proposé Bill Clinton à Camp David. La société israélienne a payé un fort tribut aux implantations. Elles ont englouti le budget et ont rendu difficile le tracé d'une carte assurant la paix et la sécurité pour Israël.
 
Il n'y a pas de temps à perdre. D'ici trois ou quatre ans, il y aura un nouveau Moyen-Orient ou un Moyen-Orient nucléaire infesté de terroristes. Ce sera soit un Moyen-Orient en proie à la peur, à l'hostilité et à la pauvreté, soit un Moyen-Orient sans armement moderne et sans économie, rétrograde.
 
Ce pourrait être un Moyen-Orient qui coopère pour l'infrastructure, la gestion économique dans l'industrie et les services en rapport avec les nouvelles technologies - comme cela s'est produit en Europe et se produit actuellement en Chine, en Asie du Sud-Est, en Inde et même en Amérique latine. Israël peut figurer parmi les chefs de file d'une telle région si le pays réussit à vaincre son cynisme et son scepticisme... Lire l'intégralité.