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Publié le 25 Février 2013

L´image du juif aux yeux du régime islamique d´Iran – 1ère partie : Les racines théologiques

 

Par : E. Zigron et A. Savyon *

MEMRI Middle East Media Research Institute

 

Introduction

 

Cet article, le premier d´une série sur l´image du juif aux yeux du régime islamique iranien, mettra l´accent sur la réinterprétation par les porte-parole du régime islamique d´Iran de versets coraniques et de traditions (hadiths) quant aux rapports entre les juifs de la Péninsule arabique et le prophète Mahomet. Il analysera comment cette réinterprétation jette les bases théologiques et psychologiques du régime et condamne les juifs et le judaïsme.

 

Officiellement, le régime iranien fait la distinction entre le judaïsme comme religion, qu´il considère comme légitime, et le sionisme qui, selon lui, est l´incarnation de l´idée nationale juive et doit être extirpé. De hauts responsables du régime se vantent de la liberté de culte accordée aux juifs iraniens, et soutiennent que leurs déclarations antisionistes ne sont pas dirigées contre les juifs ou leur religion, mais sont une expression de dégoût légitime envers le sionisme et l´État d´Israël.

 

Par exemple, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien Ramin Mehmanparast a expliqué pourquoi il avait déclaré que « nous n´avons aucun problème avec les juifs, seulement avec les sionistes » [1] - en précisant que le régime respecte toutes les religions monothéistes, y compris le judaïsme, mais appelle à lutter contre le sionisme. [2] De même, le prédicateur du vendredi l’ayatollah Ahmad Khatami a déclaré lors de la Journée de Qods (Jérusalem), le 17 août 2012 : « Nous faisons la distinction entre les juifs qui vivent en Iran, qui sont respectueux des lois et participent à la Journée de Qods, et les sionistes, dont l´histoire témoigne de la nature meurtrière ». [3]

 

Malgré ces allégations du régime, il est aisé de déceler des messages antisémites provenant des hauts responsables et des grands médias iraniens. Ces messages dénoncent spécifiquement les juifs, leur attribuent des caractéristiques négatives propres, et les dépeignent comme une force diabolique éternelle, la racine du mal dans le monde depuis les temps anciens - perceptions qui trouvent leurs racines théologiques et psychologiques dans les traditions musulmanes. Par exemple, dans son sermon du 31 août 2012, le prédicateur du vendredi l’ayatollah Emami Kashani a déclaré : « Les traditions ordonnent aux croyants de frapper les juifs, et prédisent que le jour viendra où les juifs chercheront refuge et abri. » [4]

 

Cet article se focalisera sur les principaux courants du régime islamique iranien concernant les juifs et le judaïsme : a) mise en place de l´infrastructure idéologique de diabolisation des juifs et du judaïsme, b) l´établissement d´un parallèle entre la bataille de Khaybar du septième siècle et le conflit israélo-arabe actuel. L´Iran appelle à considérer les actions du prophète Mahomet et de ses disciples dans cette bataille comme un modèle pour résoudre le conflit contemporain.

 

L’infrastructure idéologique de la diabolisation du juif en Iran

 

Depuis que le chiisme a été déclaré religion de l´Etat Safavi (1501-1722), et en particulier depuis le 17e siècle sous la dynastie Qajar, les juifs iraniens ont subi de sévères persécutions et de nombreuses restrictions, justifiées par les conceptions et les préceptes religieux chiites duodécimains les considérant comme des pécheurs et des inférieurs. [5] Au fil des ans, l´image du juif a subi une mutation de simple inférieur, pécheur et impur, en détenteur de grands pouvoirs maléfiques. Cette transformation s´est accélérée sous le règne du père de la Révolution islamique, l´ayatollah Ruhollah Khomeiny. Selon son courant de pensée religieuse, les juifs sont l’« incarnation du mal », « un groupe fourbe et ingénieux » qui lutte pour une « domination juive » sur les musulmans. Et de souligner que « cette politique [juive] perdure à notre époque... Ils voient la destruction de l´islam comme une étape essentielle dans l’atteinte de leurs objectifs ». [6]

 

Cette diabolisation des juifs se poursuit aujourd´hui, sous l’autorité du régime islamique d´Iran. Ce processus se caractérise par la réinterprétation des versets coraniques et des traditions islamiques sur la lutte, au septième siècle, entre le prophète Mahomet et les juifs, aiguillée pour mettre en exergue la centralité des juifs et les présenter comme un groupe néfaste et dangereux qui tente de nuire à l´islam depuis son origine et est depuis toujours son plus grand ennemi.

 

Divers porte-parole iraniens utilisent les nouvelles interprétations des versets coraniques et des traditions islamiques pour prouver que les juifs ont des attributs négatifs et complotent sans fin contre les musulmans. Ils soulignent aussi la formidable puissance du juif qui a osé s´opposer au Prophète de l´islam.

 

Présenter la bataille de Khaybar du septième siècle comme un parallèle au conflit israélo-arabe et comme un modèle à sa résolution

 

Les chefs du régime iranien décrivent le conflit géopolitique israélo-arabe actuel comme la suite du conflit religieux du septième siècle dans la Péninsule arabique entre les juifs et le prophète Mahomet, en présentant l´expulsion de Mahomet et l´extermination des juifs de Khaybar comme un modèle de ce qui doit être fait aux juifs d´aujourd´hui.

 

Ci-dessous des exemples de réinterprétation des autorités et des médias iraniens de versets du Coran et des traditions islamiques. Utilisation de cette réinterprétation au service d’une campagne anti-juive et anti-judaïsme pour jeter les bases conceptuelles de l´antisémitisme :

 

Le professeur d´université Rajbi-Davani : depuis l’origine de l’islam, les juifs essayent de le détruire

 

Le 10 mars 2012, le site étudiant bassidji daneshjoo.org publiait des déclarations faites par le Dr Mohammad-Hossein Rajabi-Davani, chargé de cours à l´université Imam Hossein de Téhéran. Lors d´une réunion sur la recherche historique islamique dans un centre culturel, Davani a souligné le rôle joué par les juifs aux origines de l´islam, les dépeignant comme des adversaires de l´islam et de son Prophète et expliquant qu´ils avaient voulu les détruire.

 

La première action des juifs pour détruire l´islam était la moquerie

 

Lors de cette réunion, Davani a affirmé que la première mesure prise par les juifs pour détruire l´islam fut de s´en moquer, de tourner en dérision l´absence de textes écrits. Il a relaté que les juifs « se rendaient à la mosquée et se moquaient des pratiques musulmanes... à tel point que le Prophète a ordonné leur renvoi de la mosquée... Les juifs se vantaient devant les musulmans... en disant : ‘Contrairement à vous, nous avons un livre saint’. A cette époque, seule la moitié du Coran était révélée ; il n´existait pas sous forme écrite et les musulmans conservaient les versets révélés [de bouche à oreille]. Les juifs disaient donc : ‘Notre Dieu nous a préférés et nous a donné le livre divin, alors que vous n´avez pas de livre divin’. »

 

Et Davani d’ajouter : « Les juifs disent aussi : ‘Dieu nous a préférés à vous [musulmans] et nous a institué un jour de la semaine (le Shabbat) comme jour férié’... [Ainsi] Dieu a donné [aux musulmans] la sourate du vendredi, en contrepartie et dans le but de neutraliser la manipulation psychologique [des juifs sur les musulmans]. C´est pourquoi le vendredi a été institué comme jour de repos hebdomadaire pour les musulmans... parce que ce jour précède les fêtes juives. »

 

La poésie juive anti-islam insultait l´islam et les musulmans

 

Davani a poursuivi : « La poésie juive anti-islam fut une autre activité [des juifs] dans leur combat contre l´islam... Après la cuisante défaite de la bataille de Badr, un poète juif de la tribu des Banu Nadir, Ka´b bin Ashraf, s’est mis à haïr l´islam, et lors d´un voyage à la Mecque, il a écrit plusieurs poèmes insultant l´islam et les musulmans. Ses poèmes ont rapidement gagné la ville de Médine, et provoqué la colère des musulmans... Mahomet s´est tourné vers les musulmans et a demandé : ‘Qui peut calmer le diabolisme de Ka´b ? Le frère adoptif de Ka´b, Muhammad bin Maslama, s´est porté volontaire pour le faire. Se rendant à la maison de [Ka´b] avec plusieurs musulmans, sous prétexte d´acheter des biens, [les musulmans] l´ont sorti de domicile et l’ont tué. C´est ainsi que les juifs ont perdu l’un de leurs outils les plus précieux... »

 

Les tribus juives des Banu Qaynuqa, Banu Nadir et Banu Qurayza ont toutes combattu l´islam

 

« Le premier groupe juif [à combattre les musulmans] fut la tribu des Banu Qaynuqa. Un jour, dans une forge sur la place du marché [dans la ville de Médine], un juif de la tribu des Banu Qaynuqa a harcelé et blessé une femme musulmane. La femme a appelé à l´aide, et un passant musulman a attaqué et tué [le juif]. [En représailles] les juifs ont tué le musulman, ont immédiatement fermé leurs magasins et se sont cachés dans leurs fiefs. [En conséquence] le Prophète a dit : ils ont violé le contrat [que nous avons avec eux], et par conséquent, ils n’ont plus leur place à Médine. Le Prophète leur a donné deux semaines pour quitter Médine, mais les hypocrites [du camp musulman] ont promis de les aider, et pour cette raison, ils [les Banu Qaynuqa] n’ont pas quitté la ville...

 

« Ainsi, la bataille des Banu Qaynuqa a éclaté. Les musulmans ont encerclé les forteresses [des juifs], et quelques jours plus tard, les juifs des Banu Qaynuqa se sont rendus et se sont déclarés prêts [à accepter] l’exil de Médine. Mais le Prophète a déclaré : j’accepte [ceci] à condition que vos biens soient confisqués. En conséquence, ils sont partis humiliés, et depuis ce temps, il n’existe aucune trace dans l´histoire juive des juifs de Banu Qaynuqa. Ces événements ont eu lieu dans la seconde année de l´Hégire.

 

« La quatrième année de l´Hégire, les juifs de Banu Nadir - qui est la plus vile des tribus juives - et l´islam se sont rencontrés face à face. Cette année-là, une grande tragédie s´est abattue sur l´islam : un groupe de prédicateurs musulmans (40 ou 70) ont été assassinés par le chef du clan de la tribu des Banu Amer, en coopération avec la tribu des Banu Salim. Un prédicateur, Amru bin Amia Ibn Khamri, a été maintenu en vie... et a raconté [ce qui s´est passé] au Prophète... Les juifs des Banu Nadir s’étaient alliés aux Banu Amer [et par conséquent] le Prophète s’est rendu avec plusieurs musulmans aux fiefs des Banu Nadir. Ils ont promis d’apporter leur aide, mais ont rapidement convoqué une rencontre et dit : ‘Voilà une opportunité unique de rencontrer le Prophète seul,’ et ont décidé de le tuer.

 

« [Alors] que le Prophète était assis près du mur [d´un] bastion, ils [les Banu Nadir] voulurent jeter [sur lui] des [pierres] rondes du toit, puis faire passer sa mort pour un accident. Mais le Prophète fut informé de [leur plan] par l´ange Gabriel, qui lui a sauvé la vie. Après cet incident, le Prophète est revenu à Médine et a donné aux juifs de Banu Nadir deux semaines pour quitter [la ville]. Mais comme les Banu Qaynuqa, ils sont restés. Lorsque l´ultimatum a expiré, l´armée de l´islam a déplacé les bastions des [Banu Nadir]... et après un long siège, les Banu Nadir ont dit : ‘Nous sommes prêts à quitter Médine’. Le Prophète leur a pardonné et a permis à chaque famille d’emporter une charge de chameau. Ils ont chargé tout ce qu´ils pouvaient sur leurs chameaux... et ont quitté Médine.

 

« Les juifs ont quitté Médine, mais leur diabolisme ne s’est pas atténué... Certains d’entre eux se sont rendus à Khaybar. Après un certain temps, [les juifs] ont réussi à prendre le contrôle de Khaybar, et parce qu´ils détestaient l´islam, ils ont fait [de Khaybar] le port d´attache de leur lutte contre l´islam. Ils ont œuvré pour entraîner d’autres juifs [dans leur combat], des régions du Hedjaz... Le danger juif était une menace constante pour l´islam.

 

« La troisième confrontation entre l´islam et les juifs fut avec la tribu des Banu Qurayza. Voyant le sort réservé aux deux autres tribus, les Banu Qurayza ont souhaité ne pas s’impliquer, mais les Banu Nadir les ont entraînés [dans le conflit]. Les juifs de Banu Nadir ont dit : Si nous entraînons [les Banu Qurayza] avec nous, l´islam tombera. Une nuit, ils ont suivi [les Banu Qurayza] afin de les persuader de se joindre à eux. Dans un premier temps, les Banu Qurayza refusèrent, mais les Banu Nadir [tentèrent de] leur prouver que l´islam tomberait sans conteste [s´ils unissaient leurs forces]. Ils leur ont dit : si [vous vous joignez à nous et si nous combattons] ensemble, la chute [de l´islam] sera précipitée, sinon, vous serez touchés... [En fin de compte], [les deux tribus] ont décidé de lancer une guerre de tranchées.

 

« Conscient de leur caractère perfide, le Prophète a envoyé 700 de ses 3 000 soldats pour les combattre... Sur les pas des prieurs de l’après-midi... l´ange Gabriel descendit et dit : Celui qui aime Dieu et Son Messager doit dire les prières de l’après-midi et du soir près des bastions des Banu Qurayza...

 

« Un sage [juif] a proposé [à ses coreligionnaires] : Nous savons que [Mahomet] est un prophète... accordons-lui notre foi. Mais [les juifs] l’ont rejeté. Une deuxième suggestion fut faite : Les musulmans savent que nous observons le shabbat ; attaquons [les] la veille du shabbat, quand ils ne s’y attendent pas. Mais cette suggestion fut également écartée. Une troisième suggestion fut avancée : Tuons nos propres femmes et enfants... Si nous restons en vie... nous pourrons fonder de nouvelles familles, [et si] nous sommes tués, [au moins] nos femmes et nos enfants ne tomberont pas dans les mains des musulmans.

 

« Avant [l´émergence] de l’islam, les Banu Qurayza s’étaient alliés à la tribu des Aws. En conséquence, le Prophète envoya Abou Lbaba [sic] Al-Awsi, [de la tribu des Aws], pour négocier avec eux. [Selon] les sources historiques, les juifs ont affirmé qu´ils accepteraient n´importe quel chef tribal choisi par Sa’d ibn Abi Ma’z... [Après] avoir reçu l´autorisation [de trancher sur la question] des deux parties [les musulmans et les juifs des Banu Qurayza], Sa’d a statué : assassinez tous les hommes adultes [juifs], capturez toutes les femmes et les enfants, et confisquez tous leurs biens.

 

« Les juifs ont accepté sa décision. Après que l´ordre fut donné, un grand fossé fut creusé, et tous les hommes (environ 600) furent attachés, et un matin, l´émir Al-Mouminine [supposément l’imam ´Ali] et [l´un des Compagnons du Prophète] Zubeir [ibn Al-Awwam] ont coupé la gorge [des juifs] et les ont jetés dans le fossé... La tradition veut que... dans la lutte entre les musulmans et les juifs, les ordres définitifs [de tuer les juifs] fussent donnés par le Prophète. Mais cet ordre [est venu] non pas du Prophète [mais du chef des Aws]... [parce que] comment [se fait-il] que dans le cas des deux autres tribus, le Prophète a ordonné seulement leur exil, alors que dans le cas [des Banu Qurayza] il a pris des mesures plus énergiques ? » [8]

 

IRNA : Le grand crime des juifs de Khaybar

 

Le 15 juin 2012, un article publié par l´agence de nouvelles iranienne IRNA pour « l´anniversaire de la conquête de Khaybar » statuait que cette date commémorait la lutte de Mahomet contre les juifs qui voulaient détruire l´islam... La haine des juifs envers le Prophète et les musulmans était encore plus grande que la haine [ressentie envers le Prophète et les musulmans par la tribu] des Quraych, qui [ont mobilisé] toute la ruse et la force [des juifs pour] vaincre les musulmans... » L´article poursuit : « Les juifs vivant à Médine et ses environs ont connu un triste sort, qui fut le résultat direct de leurs actes malvenus. Un certain nombre d’entre eux ont été exécutés, et certains, comme les Banu Qaynuqa et les Banu Nadir, ont été expulsés de la région de Médine, et se sont installés à Khaybar et Wadi Al-Qura...

 

« Le grand crime des juifs de Khaybar fut d´avoir encouragé toutes les tribus arabes à lutter contre le régime islamique. Grâce à un soutien financier aux juifs de Khaybar, un jour, l´armée des idolâtres s’est déplacée de divers endroits de la Péninsule arabique vers la ville de Médine. En conséquence, la guerre a éclaté entre les deux parties.

 

« Grâce au Prophète et à l’autosacrifice de ses disciples, l´armée d´invasion a été maintenue derrière les tranchées pendant un mois, après quoi [les envahisseurs] se sont dispersés et sont rentrés chez eux - parmi eux les juifs de Khaybar, qui sont retournés à Khaybar. Le calme [a été restauré] au sein de l´islam. La malhonnêteté des juifs de Khaybar a convaincu le Prophète que cette concentration dangereuse [de juifs devait être] démantelée, et que [les juifs de Khaybar] devaient être désarmés. [Ceci] en raison de la crainte que ce peuple entêté, aventureux, fasse usage de son immense richesse pour monter à nouveau les Arabes païens contre les musulmans... »

 

Les juifs ont conspiré contre l´islam

 

Le 29 avril 2012, un article de Jamnews.ir sur l´histoire et la géographie du village de Fadaq exposait : « Le village de Fadaq était situé à deux ou trois jours au nord de Médine, à l´est de Khaybar... et tous ses habitants étaient juifs... Dans la septième année de l´Hégire, le Prophète a envoyé l´armée [à Khaybar] écraser les juifs de Khaybar, qui, en plus d’offrir un refuge à des juifs subversifs qui avaient été expulsés de Médine, avaient conspiré avec divers tribus contre l´islam. Après plusieurs jours de siège, [l´armée] a pris d’assaut leurs forteresses. »

 

Parallèle entre la bataille de Khaybar et le conflit israélo-arabe actuel

 

Le guide suprême Ali Khamenei : la conjoncture actuelle est identique à celle de l’époque de Khaybar

 

Dans un discours prononcé dans la ville de Qom le 9 janvier 2012, le guide suprême Ali Khamenei évoquait la situation géopolitique de l´Iran et les sanctions économiques qui lui étaient imposées par les Etats-Unis, et comparait les circonstances de la lutte chiite iranienne contre les infidèles américains et ses alliés sionistes à celles des batailles de Badr et Khaybar. Khamenei faisait référence au massacre en 628 ap. J-C par le prophète Mahomet des juifs de Khaybar (voir chapitre précédent) et à la victoire de 623 ap. J-C du prophète Mahomet et de son petit groupe de musulmans - que Khamenei compare aux chiites actuels – contre les riches infidèles de la tribu des Quraych.

 

Khamenei a déclaré : « Le front auquel nous faisons face est celui de l’Amérique et des sionistes, qui ont essayé toutes les méthodes et tous les procédés pour lutter contre la nation iranienne... dans le but d´affaiblir les capacités du régime et d’annihiler la détermination du peuple...

 

« Aux origines de l´islam, les ennemis, en collaboration avec les Banu Taleb [riches rivaux de Mahomet de la tribu des Banu Quraych] pensaient qu´ils imposeraient un blocus économique sur les musulmans [adeptes de Mahomet], mais ils ont échoué. Ces malheureux calculs sont faux. [Aujourd´hui], ils pensent que nous sommes dans la même situation que les Banou Abi Taleb [qui assiégèrent Médine]... mais ce n´est pas le cas. Aujourd´hui, nous sommes dans des circonstances [identiques à celles de] Badr et Khaybar. Notre nation... [peut déjà] voir la victoire. La nation est proche de la victoire. » [9]

 

Un expert iranien du Moyen-Orient : comme à Khaybar, un million d´Israéliens fuiront les territoires occupés

 

Le 6 juin 2012, l´agence de nouvelles Fars publiait une interview de Mohammad Sadeq Al-Hosseini, ancien conseiller du ministre de la Culture réformateur Ataollah Mohajerani et expert des affaires du Moyen-Orient.

Ci-dessous quelques extraits de l´interview :

 

Journaliste : Sans la conjoncture actuelle, quelle est la situation d´Israël ?

 

Hosseini : Le secrétaire général du Hezbollah [Hassan Nasrallah] a affirmé il y a quelques jours que la question d’« Israël du Nil à l´Euphrate » n’a plus lieu d’être. Les sionistes sentent pour la première fois qu´ils n´ont aucun intérêt à continuer à défendre cet Etat artificiel. Ils disent perdre le sommeil à cause de la « résistance » ; ils peuvent à présent vraiment vivre avec cette sensation. Vous voyez qu´ils ont construit un mur de séparation entre eux et les Palestiniens de Cisjordanie. Maintenant, en raison de leur crainte des conséquences de la révolution égyptienne, ils veulent aussi construire un mur de séparation le long de la frontière égyptienne. Ils ont également construit un mur de séparation à la frontière libanaise. Ceci est parfaitement illustré dans le verset coranique « Tous ne vous combattront que retranchés dans des cités fortifiées ou de dernière des murailles » [Coran 59:14].

 

Question : Autrement dit, les circonstances de Badr et Khaybar, auxquelles le leader de la révolution [le guide suprême Ali Khamenei] faisait allusion ?

 

Hosseini : Exactement. Pourquoi croit-il que nous ne sommes pas dans le cas d’Abi Taleb, mais dans celui de Badr et Khaybar ? Parce que c´était dans les mêmes circonstances qu´à Badr que nous avons remporté la guerre [libano-israélienne de juillet 2006] de 33 jours et la guerre [Israël-Hamas de 2008-9] de 22 jours. Les circonstances de Khaybar [sont les mêmes qu´aujourd´hui, parce que les juifs se battent] de derrière un mur. Cela signifie qu´ils ont atteint la limite de leurs capacités et de leurs options, et ne sont plus disposés à quitter leurs foyers. Rappelez-vous qu’Israël est un petit pays côtier très étroit et ne possède pas la capacité stratégique ou géopolitique de se défendre, et peut disparaître à tout moment. Ces gens peuvent fuir en masse. Comme l’a dit [Yahya Rahim] Safavi, en cas de guerre totale, un million d´Israéliens fuiront les territoires occupés [Israël] dans la première semaine [de la guerre]. Sans exagération. [10]

 

Tout au long de l´histoire, les sionistes ont tenté de détruire l´islam au sein des musulmans

 

Le 21 septembre 2012, en réponse au film anti-islam L’Innocence des musulmans, Hujjat Al-Islam Ali Na´mat Allahi, qui dirige le bureau d´orientation islamique de la ville de Qazvin, a expliqué que, tout comme les juifs avaient nui au Prophète Mahomet, « à travers l´histoire » les sionistes ont essayé de détruire l´islam : « Les gens demandaient au Prophète : ‘Quelle tribu vous a le plus nui et harcelé lors de la propagation de l´islam ?’ Il répondit que la tribu juive lui a fait beaucoup de mal et l´a harcelé. Cette tradition indique clairement que la tribu juive a nui au Prophète [tout comme] les sionistes ont oeuvré pour marginaliser la religion de l´islam dans le but de la détruire au sein des musulmans ». [11]

 

Les « juifs sionistes » ont inventé l´histoire de l’Holocauste - tout comme ils ont déformé des faits relatifs à l’origine de l’islam

 

Le 18 décembre 2012, un article niant l´Holocauste paru sur Fars, « L´Holocauste – pénétrer dans la zone Défense d’entrée », de Mohammad Malik-Zadeh [12], déclarait que la Shoah est un mythe et qu’aucune preuve n’est nécessaire, les sources islamiques montrant clairement la compétence des « juifs-sionistes » à déformer les faits.

 

L´article exposait : « ... Voici un résumé des principaux points de l´histoire de l´Holocauste du point de vue de ses façonneurs, principalement les juifs-sionistes... Examiner la véracité ou la fausseté de cette allégation [l´Holocauste] n´est pas le sujet de cet article, ni l´objectif principal de l´auteur en l´écrivant. Il suffit de remarquer ici que dans cette affaire, les juifs ont déformé et falsifié leurs événements historiques [tout] comme ils le faisaient aux origines de l´islam. [13] Ils sont si habiles en cela qu´il ne fait aucun doute que dans cette affaire [l´Holocauste], ils ont aussi déformé les faits pour [atteindre] leur but. »

 

L´ayatollah Ruhollah Qarehi : « Il est encore possible » de faire aux juifs ce qui leur a été fait à Khaybar

 

Dans une leçon de morale du 7 avril 2012, l´ayatollah Ruhollah Qarehi expliquait que les juifs n´ont pas encore ingéré ce que Mahomet leur a fait à Khaybar. Il affirmait : « Les chiites enseignent qu´il est encore possible de faire [aux Juifs] ce que [Mahomet] leur a fait à Khaybar, tout comme [ce que] le Hezbollah libanais [a fait aux Israéliens]. Ce cher [leader du Hezbollah] M. Hassan Nasrallah est un grand homme qui a montré qu´il est encore possible [d´agir comme à Khaybar]. Les juifs sont incapables [de lutter contre les musulmans] ». [14]

 

* E. Zigron est chargé de recherche au MEMRI ; A. Savyon est directrice du Iranian Media Project.

 

Notes :

[1] YJC.ir (Iran), 17 août 2012.
[2] ISNA.ir (Iran), 1er juillet 2012 ; le vice-président iranien Mohammad Reza Rahimi a fait part d’opinions semblables, IRNA.ir (Iran), 3 septembre 2012.
[3] Fars (Iran), 17 août 2012.
[4] Lenziran.com, 31 août 2012. Il convient de noter que ces déclarations dans le sermon n´ont pas été rapportées dans la presse écrite iranienne.
[5] Walter J. Fischel, The Jews in Mediaeval Iran, from the 16th to the 18th Centuries dans : Shaul Shaked (ed.), Irano-Judaica I (Jérusalem, 1982), pp 265-291 ; Bernard Lewis, The Jews of Islam (Princeton, New-Jersey, 1984).
[6] Islam and Revolution: Writings and Declarations of Imam Khomeini (traduit en anglais et annoté par Hamid Algar) (Berkeley, 1981), p. 27, 89, 109, 127. Voir aussi Ayatollah Ruhollah Khomeini, Al-Qadiyya al-Falastiniyya fi kalam al-Imam al-khomeini, Beyrouth, 1996, p. 31, et Khomeiny, Al-Hukuma Al-Islamiyya (le "gouvernement islamique”), Beyrouth, 1979, p. 83.
[7] Il convient de noter que les porte-parole du régime iranien appellent ostensiblement à une solution démocratique au problème palestinien, mais si l’on examine attentivement l´essence de la solution qu´ils proposent, l’on peut déceler une requête délicatement formulée de l’élimination de l´Etat d´Israël. L´intention de l´Iran est de ramener les réfugiés palestiniens et d’organiser un référendum parmi ceux qui vivaient dans la Palestine mandataire avant 1948. Ainsi, un Etat à majorité musulmane arabe verra le jour, et seuls les descendants de Juifs qui y vivaient avant 1948 seront autorisés à rester et à y vivre en paix. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré le 23 novembre 2012 que la guerre n´était pas nécessaire pour résoudre la question palestinienne : elle peut être résolue démocratiquement, par des élections libres dont les résultats indiquent que les sionistes n´ont pas leur place en Palestine. Mehr (Iran), 23 novembre 2012.
[8] Snn.ir, 10 mars, 2012.
[9] Farsi.khamenei.ir, 9 janvier 2012.
[10] Fars (Iran), 6 juin 2012
[11] Fars (Iran), 21 septembre 2012.
[12] Fars (Iran), 18 décembre, 2012. D´abord paru dans le numéro 10 de la revue Farhang-e Pouya, publiée par le Centre Imam Khomeini d´éducation et de culture, dirigé par l´ayatollah Mesbah e-Yazdi. Cet article sera expliqué en détail dans la 2ème partie de cette série, qui mettra l´accent sur la négation de l´Holocauste.
[13] L´auteur ajoute ici cette annotation : « Dans les textes religieux, et en particulier dans le Coran, dans de nombreux cas, la politique hypocrite des Juifs est omise, par exemple, ‘La Table’ [Chapitre 5], verset 13, se réfère aux violations du pacte de la part des tribus juives. [Ce chapitre] souligne la trahison [des Juifs] et leur déformation des faits, et c´est pour cette raison qu´ils ont été maudits par Dieu : ‘Nous avons maudit les Juifs et alourdi leur coeur parce qu´ils ont violé le pacte. Ils ont déformé les paroles et les ont extraites de leur contexte, et j´ai oublié quelques-unes des raisons pour lesquelles ils ont été châtiés, et vous [le Prophète] devez toujours avoir à l’esprit leur [nature] perfide’. »
[14] Fars (Iran), 7 avril 2012.

 

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