Tribune
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Publié le 24 Avril 2014

La paix est à ce prix

Billet d’André Nahum, Médecin, écrivain, chroniqueur sur Judaïques-FM(Paris 94.8)

Nos quatre otages, retenus en Syrie depuis de longs mois dans des conditions qualifiées pudiquement de « difficiles » pour ne pas dire effroyables sont finalement rentrés chez eux. Ce dénouement heureux a été accueilli avec un immense soulagement par l’ensemble de la nation, tant sont inacceptables et odieuses, ces pratiques qui rappellent le temps où les pirates barbaresques sillonnaient la Méditerranée pour se saisir de paisibles navires de commerce et ramener à leurs bases, trésors, marchandises et captifs. 

Il faut certainement féliciter ceux qui ont réussi cette libération dont on ne saura jamais le prix.

Mais, l’heureuse conclusion, largement médiatisée d’un acte de banditisme ne doit pas nous faire oublier l’essentiel du problème.

Il y a en Syrie une guerre atroce dont on ne voit pas la fin et un peuple qui n’en finit pas de souffrir.

Il y a face à nous, à notre civilisation et nos valeurs, une puissante internationale djihadiste qui sous prétexte de religion, fanatise et conditionne des jeunes et nous mène une guerre implacable et cruelle.

Cette internationale est présente dans tous les pays, dans tous les continents. Elle ne s’en prend pas seulement à ce qu’elle appelle les infidèles, c’est-à-dire à tous ceux qui ne sont pas Musulmans, particulièrement les Chrétiens et les Juifs, mais aussi à ceux des Musulmans qu’elle qualifie de kafers, c’est-à-dire ceux qui ne les suivent pas dans leur délire meurtrier.

Les ex-otages ont rapporté que certains de leurs geôliers parlaient le français, ce qui n’est pas pour nous surprendre puisque nous savons que des centaines de nos jeunes compatriotes sont allés en Syrie pour prendre part à la guerre sainte.

Notre gouvernement a eu le courage d’intervenir au Mali et a infligé un coup sévère aux milices djihadistes. Mais cette opération, pour brillante qu’elle ait été ne met pas un terme à la puissante entreprise de déstabilisation qui nous menace.

La France ne peut pas vaincre à elle seule ces organisations criminelles.

Le combat contre les islamistes ne peut être mené par un seul pays. Il nécessite une coopération internationale incluant l’ensemble des nations concernées, y compris bien entendu les pays arabes et musulmans, la Russie et la Chine qui sont tous confrontées à ce fléau.

Cette guerre au terrorisme doit devenir la priorité de tous.

Elle ne se mène pas seulement par les armes, mais aussi par des mesures économiques, par le renseignement, par une étroite surveillance des individus et des lieux suspects, par l’éducation, dans une coopération sans faille entre les nations.

A l’internationale de la terreur, il faut répondre par une internationale du droit, de la morale, de la tolérance et de la liberté.

C’est aujourd’hui en Syrie que les islamistes les plus dangereux donnent libre cours à leurs instincts sanguinaires. Ils doivent être neutralisés.

Le seul moyen d’y parvenir est de fortifier militairement l’armée syrienne libre et d’obtenir à tout prix qu’Assad et les rebelles non-djihadistes négocient une sortie de crise acceptable, excluant les fanatiques. Cela n’est possible qu’avec l’accord et le soutien de la Russie.

En Syrie comme en Ukraine, la diplomatie doit retrouver ses droits.

La Russie n’est pas notre ennemie. Elle doit devenir notre partenaire.

Pratiquement mise à l’écart au temps de l’implosion de l’ex-Yougoslavie, elle revient aujourd’hui en force dans le jeu politique international.

Il ne s’agit nullement de baisser le pavillon et de laisser le champ libre à Wladimir Poutine dans sa soif d’expansion, mais de négocier avec lui sur une base d’égalité et de compréhension mutuelle en respectant les intérêts de chacun.

Qu’on le veuille ou non le monde a changé et s’il faut en redessiner les frontières et les zones d’influence, mieux vaut le faire autour d’une table.

La raison le commande.

La paix est à ce prix.