Tribune
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Publié le 25 Novembre 2014

L'engouement douteux des Européens pour l'unilatéralisme palestinien

Titre original : The Dubious Embrace of Palestinian Unilateralism 

Par Tom Wilson pour Commentary Magazine publié le 20 novembre 2014 

Traduction de Jean-Pierre Bensimon publié sur le site de l’Alliance Général Koenig le 22 novembre 2014

Une nouvelle mode a envahi la sphère politique européenne : l'unilatéralisme palestinien. L'un après l'autre, les parlements et les gouvernements d'Europe font le choix de soutenir la reconnaissance d'un État palestinien indépendamment de tout processus de paix avec Israël.

Ce faisant, ces assemblées démocratiques sont en train de compromettre l'objectif de la paix à deux Etats qu'ils prétendent rechercher. Si la plupart de ceux qui sont à l'origine de ces initiatives utilisent un langage de paix, ils sont en train de mettre au monde quelque chose qui en est très éloigné. Il semble que ce ne soit pas tant la fin du conflit qui galvanise l'énergie de ces parlementaires qu'une vision complètement pervertie de la « justice. » Il s'agit davantage de satisfaire l'obsession palestinienne pour un État que de se demander s'il va apporter la paix ou non.

Cette semaine, le parlement espagnol a voté dans cet esprit en faveur de la reconnaissance de l'État palestinien, avec 319 parlementaires favorables à la résolution, deux contre et une abstention. Des scrutins semblables ont déjà été tenus dans les parlements britanniques et irlandais, et les Français sont appelés à voter dans le même sens à la fin du mois. Dans ces pays, les résolutions parlementaires de cette nature  ne sont pas contraignantes pour les gouvernements, bien que le Président français ait déjà exprimé son soutien aux initiatives unilatérales palestiniennes au Conseil de sécurité. De son côté, le gouvernement suédois a d'ores et déjà reconnu l'État palestinien en octobre.

Si l'on veut vraiment faire aboutir la solution de la paix à deux Etats, il est tout à fait évident que ces votes ne peuvent qu'entraver les tentatives authentiques de résolution du conflit. Au-delà du fait que ces résolutions purement symboliques n'amèneront rien de concret pour matérialiser l'État palestinien, elles contribueront à rendre beaucoup moins probable un accord sur les deux Etats. Après tout, à la base du processus à deux Etats, il y a l'idée d'attribuer la souveraineté aux Palestiniens en contrepartie d'un engagement sur la sécurité d'Israël. Mais si les Palestiniens sont amenés à croire qu'en définitive le monde interviendra pour forcer la naissance de leur Etat, toute incitation à conclure un accord avec Israël s'évanouirait.

En soutenant l'unilatéralisme palestinien, les pays européens risquent de ruiner toute possibilité d'un accord sur le modèle "la terre contre la paix," dont ils affirment à tout bout de champ vouloir être les garants. Or quand "la terre contre la paix" vient sur le tapis, ils disent aux Palestiniens qu'ils peuvent obtenir le premier terme sans concéder le second en retour. Les assemblées parlementaires européennes sont en train d'aboutir à une non-solution à deux Etats. L'État palestinien pourrait devenir une réalité, mais le conflit se poursuivrait quand même, et probablement il s'intensifierait.

Le problème, c'est que sans s'en rendre compte, Israël et nombre de ses partisans ont laissé mûrir cette situation. Depuis Oslo, Israël a été embarqué dans un processus de paix qui ne l'a pas le moins du monde rapproché de la paix, mais qui a affaibli la défense de ses droits sur une bonne partie du territoire qu'il contrôle, et sur la nature de son statut international. Son désir de mettre un terme au conflit avec les Palestiniens par la création d'un État palestinien sur la Rive Ouest a conduit Israël à abandonner sa revendication sur ces territoires et donc à endosser malencontreusement le rôle d'un occupant illégitime de la terre palestinienne. De telle sorte que pour le reste du monde, la création d'un État palestinien est de moins en moins liée à l'obtention de la paix et de plus en plus à la nécessité de rendre « justice » aux Palestiniens… Lire la suite en anglais.