Tribune
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Publié le 18 Juillet 2014

L’importation du conflit israélo-palestinien en France est devenue la face cachée de l’antisémitisme

Par Pascal Markowicz, Avocat à la Cour, Président exécutif du Comité Français de l’Association Internationale des Juristes Juifs

Comme tout État de droit, Israël a le devoir de protéger ses citoyens et a le droit de réagir lorsqu’une organisation terroriste l’attaque en envoyant plus de mille roquettes pour viser délibérément ses habitants et de tenter les tuer.

Car soyons lucide: l’horrible crime commis par des extrémistes juifs qui ont sauvagement assassiné le jeune Mohamed Abu Khdeir en le brûlant vivant, n’est pas l‘élément déclencheur qui aurait « autorisé » le Hamas à envoyer des roquettes sur Israël. Ce n’est qu’une excuse injustifiée.

Il n’est pas non plus inutile de rappeler qu’avant cet assassinat, trois jeunes israéliens avaient été enlevés et retrouvés morts quelques jours après, déclenchant la colère de ces extrémistes israéliens, ce qui ne justifie absolument pas leur acte.

La justice israélienne suit son cours et condamnera les responsables de ce meurtre en appliquant ses lois pénales, comme pour tout crime.

Alors pourquoi ce regain de violence initié par le Hamas et ses acolytes (Jihad islamique Palestinien…) qui « profitent » de ce meurtre entraînant nécessairement de la part d’Israël, la mise en œuvre d’une légitime défense par une réponse proportionnée ? Il s’agit bien en effet d’une réponse proportionnée, car l’armée israélienne ne vise que les terroristes par des frappes ciblées, même si dans une guerre des erreurs dramatiques causant la mort de civils peuvent être commises par l’armée (ce qui pourrait avoir été le  cas ces derniers jours sur une plage de Gaza, mais une commission d’enquête est en cours), alors que ces derniers n’hésitent pas à se protéger derrière les civils qui constituent des boucliers humains, et à utiliser des infrastructures civiles (hôpitaux, écoles, mosquées, immeubles d’habitation…) pour lancer leurs roquettes, en violation des règles internationales du droit de la guerre.

La réponse est simple : ces organisations terroristes n’ont pas renoncé à « jeter les Juifs à la mer » puisqu’ils considèrent « l’entité sioniste » (nommer l’État d’Israël par son nom n’est même pas envisageable et constitue une insulte à leurs yeux) comme une terre musulmane et arabe qui ne peut être soumise aux lois d’un État « mécréant ».

La violence est donc physique alors qu’en France, leurs supporters n’utilisaient jusqu’à présent qu’une violence verbale pour tenter de délégitimer l’État d’Israël : le boycott d’Israël par la campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions).

Si ce boycott est illégal en France, car il constitue une discrimination, comme les tribunaux français ne cessent de le rappeler y compris notre juridiction suprême, l’antisionisme qu’il véhicule s’apparente sans contestation possible à de l’antisémitisme et a pour but de mettre à néant le vivre ensemble et notre pacte républicain.

On le voit dans les commentaires laissés sur internet à la suite des vidéos ou textes relatant des actions de boycott ou appelant à sa propagation (« vite, ramenez les étoiles jaunes et les pyjamas rayés, après les produits on va boycotter les Juifs ». « nous aussi on va commencer à vous brûler dans nos pays arabes s'il le faut...pas de problème pour ça! l'essence est à si bas prix qu’on sera très généreux envers vous »…), on le lit dans les écrits des islamistes radicaux «(« Rappel pour les musulmans : près de 2000 savants ont dit que le boycott est obligatoire. Allez voir la fatwa ») ainsi que dans les arguments développés par les théoriciens de cette campagne BDS qui assimilent le sionisme à du racisme. On l’a vu dans l’attentat perpétré par Mohamed Merah qui voulait « venger la mort des enfants palestiniens », conséquence d’une coïncidence troublante : ce que disait un Maire palestinien en 2009, venu participer à une action de boycott dans un supermarché francilien qui déclarait à la foule en brandissant une douille « vous devez arrêter d'acheter les produits israéliens chacun équivaut à une balle qui va tuer un enfant en Palestine donc boycotter Israël, boycotter Israël, boycotter Israël" pour lequel la Présidente du CAPJPO-Europalestine a été condamnée à 1000 € d’amende pour appel à la haine, puisqu’elle avait diffusé la vidéo de cette action de boycott sur son site internet.

Alors pour passer de la théorie à l’acte, pour mettre en pratique ces arguments de haine qui se propagent sur la toile, à travers des manifestations « pacifiques » de soutien à la cause palestinienne, mais qui ne sont en réalité que des terrains de propagande du boycott et de la haine d’Israël, il n’y a qu’un pas que des manifestants pro-palestiniens ont délibérément franchi le 14 juillet 2014 à Paris en voulant s’en prendre à des Juifs et à des synagogues (on aura remarqué la présence de roquettes en carton lors de ce défilé. La prochaine étape sera-t-elle la présence de fusils ou de drapeaux à la gloire des organisations terroristes ?).

Il s’agit donc bien d’un antisémitisme calqué sur les pogroms des années 1930 et cela est intolérable et ne doit pas être toléré.

Le 19 mars 2014, le Premier ministre Manuel Valls a déclaré que l’antisionisme est le nouvel antisémitisme. Monsieur le Premier Ministre, ce déferlement de haine antisémite qui se cache derrière l’antisionisme doit être durement combattu. Il ne s’agit pas de priver ceux qui soutiennent la cause palestinienne de leur légitime liberté d’expression, mais de réprimer sévèrement ceux qui en abusent, au nom de nos valeurs démocratiques et en conformité avec nos lois. Faites appliquer la loi pour que les Juifs de France ne considèrent pas qu’il y a une différence entre vos nobles et justes paroles et les actes sur le terrain qui laisseraient la rue libre à ces délinquants antisémites.

La France n’est pas antisémite et ses composantes communautaires non plus, comme l’a très bien rappelé le Recteur de la Mosquée de Paris, mais la sonnette d’alarme est tirée pour que le vivre ensemble ne soit pas une chimère.