Tribune
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Publié le 23 Juillet 2014

Mgr Youssef Thomas : «Nous devons résister»

Par Georges Malbrunot, publié dans le Figaro le 22 juillet 2014

Originaire de Mossoul, Mgr Youssef Thomas est l'évêque de Kirkouk, où se réfugient nombre de chrétiens, menacés de mort par les djihadistes.

Comment analysez-vous ce qui se passe à Mossoul?

Mgr Youssef Thomas : En voulant guérir d'une maladie, les sunnites en ont contracté une autre. À Mossoul, ils se sont débarrassés du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, mais ils ont récupéré des extrémistes qui se comportent comme des barbares. J'ai l'impression que même ceux parmi les Irakiens qui les ont accueillis à bras ouverts commencent à le regretter. Car les djihadistes ont dépassé al-Qaida dans l'intolérance. Leur fanatisme est inimaginable. Quel danger représentaient pour eux trois cents familles chrétiennes? Aucun. Mais ils savaient qu'en les faisant fuir on parlerait d'eux en Occident.

Qu'attendez-vous justement de l'Occident?

Médiatiquement, nous constatons un intérêt pour les chrétiens d'Irak. Mais au-delà, je ne vois pas grand-chose…

Que dites-vous aux chrétiens: «Résistez ou partez»?

Je ne leur dis rien, mais je préférerais qu'ils restent. Nous devons résister et nous organiser. Mais les chrétiens sont divisés. Certains ne veulent pas quitter l'Irak, pays que leurs ancêtres habitent depuis deux mille ans. D'autres, en revanche, en ont assez de souffrir, et disent que puisqu'on ne veut plus de nous ici, mieux vaut partir. Comme l'ont fait depuis dix ans un demi-million de chrétiens, soit près des deux tiers de notre communauté. Et ceux qui ont émigré appellent leurs cousins en disant «Mais pensez à vos enfants, rejoignez-nous!». Pourtant, ailleurs, la vie n'est pas rose. En France, en Allemagne ou en Suède, les Irakiens restent des émigrés, qui rencontrent des problèmes pour s'intégrer. Mais à la fin, je reconnais que beaucoup de chrétiens pensent partir. La preuve en est la demande de certificats de baptême qui a beaucoup augmenté depuis la prise de Mossoul par les djihadistes. Ils ont peur, même si beaucoup de musulmans - la majorité silencieuse du pays - regrettent que l'Irak se vide de ces chrétiens… Lire la suite.

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