Tribune
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Publié le 25 Septembre 2013

Nomination de Jean Ziegler a l'ONU

Par Richard Prasquier

 

Dans quelques jours ce sera fait. Dans l’ombre de l’Assemblée des Nations Unies à New York où le président iranien vent de manifester brillamment les stupéfiantes capacités de la diplomatie iranienne de faire prendre des vessies pour des lanternes, l’assemblée onusienne genevoise, beaucoup moins exposée aux feux de l’information, s’apprête à élire le sociologue suisse Jean Ziegler au poste d’expert au Comité consultatif des Droits de l’Homme. 

Comment pourrait-il subir un échec électoral, puisqu’il est parfaitement Cuba-compatible (il a fréquenté le Che dans sa jeunesse) et qu’il s’est rendu célèbre par un rapport qualifiant de dramatique la situation alimentaire des Palestiniens? Les responsables du Programme alimentaire mondial avaient fustigé alors  l’incompétence de Jean Ziegler. Ce n’est pas grave pour un expert des Nations Unies : sa haine envers Israël est un brevet suffisant.

 

On ajoute qu’il est présenté par le gouvernement suisse lui-même, qui est passé outre au vote défavorable du Parlement. Le ministre helvétique des Affaires étrangères apprécie peut-être le fumet  tiers-mondiste que la nomination de Jean Ziegler donnera à  son pays, qui désormais laverait plus blanc que ses montagnes. Peu d’hommes pourtant avaient critiqué plus outrancièrement la politique suisse que Jean Ziegler : il n’importe.

 

On peut signaler aussi que  Jean Ziegler était un proche  du défunt colonel Mouammar Kadhafi et que celui-ci avait humilié publiquement la Suisse lorsque des juges s’étaient mêlés des agissements violents de l’un de ses fils dans ce pays. Le masochisme a ses adeptes.

 

On peut signaler enfin que M. Ziegler a publiquement menti à plusieurs reprises en prétendant que jamais, au grand jamais, il n’avait reçu le Prix Kadhafi des Droits de l’Homme, alors même que UN Watch (cette ONG dont il faut une fois de plus saluer le combat solitaire) vient de publier un petit film de septembre 2002 qui montre le contraire.

 

M. Ziegler a immédiatement retrouvé la mémoire et la parade : oui, finalement il l’avait bien reçu, ce prix, mais, sur les conseils du très respecté Sergio de Vieira de Mello, il l’avait aussitôt renvoyé. Il n’existe aucune trace de cette belle réaction, M. de Mello est décédé et ne témoignera pas, mais pourquoi ne pas faire  confiance à la parole de M. Ziegler ? Pourquoi mentirait-il tout le temps? Et, au fond, quelle est l’importance d’un mensonge puisque son auteur « pense bien » ? UN Watch, lui, « pense mal » : autant dire qu’elle est une « agence sioniste ».

 

Et c’est ainsi que la Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, qui avait, rappelons-le, réservé à la Libye de Kadhafi des honneurs dont aucun autre pays dans le monde n’avait bénéficié, pourra rajouter une tâche supplémentaire à un palmarès bien peu glorieux.