Tribune
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Publié le 12 Mars 2012

Terreur

Par Hélène Keller-Lind

VIDEOS Une pluie de roquettes, missiles et obus de mortier, tombant toutes les 20 minutes, contraignent un demi-million d'Israéliens à passer la nuit du 11 au 12 mars 2012 dans des abris antimissiles. Les écoles se trouvant de 7 à 40 km de Gaza resteront fermées. Entre le 9 mars au soir et le 12 mars au matin, 147 roquettes ont frappé la population israélienne, 47 roquettes ont été interceptées par le Dôme de fer, 22 civils israéliens ont été blessés. A chaque tir émanant de la Bande de Gaza, Israël répond par une frappe ciblée visant terroristes et leurs  infrastructures. Des terroristes encouragés par l'Iran.

Ce sont les grands centres de population du Sud d'Israël, Beer-Sheva, Ashkelon et Ashdod

qui sont visés délibérément par les terroristes gazaouis, mais aussi les bourgades plus petites. L'intention est claire : tuer, blesser, terroriser, rendre toute vie normale impossible. Le 11 une roquette est tombée près d'une école primaire de Beer-Sheva qui était vide, les écoles ayant été fermées et le restant en ce 12 mars. Le 12 au matin 22 civils israéliens avaient été blessés, un grand nombre de civils souffrant de traumatismes car c'est une véritable pluie de roquettes, missiles ou obus de mortiers – 147 à ce jour- qui s'abattent sur une population d'un million de personnes depuis le 9 mars au soir.

 

La Bande de Gaza devenue base iranienne devait être un « laboratoire pour la paix »

 

Les autorités israéliennes soulignent que depuis le retrait israélien de la Bande de Gaza en 2005, plus de 8000 roquettes ont été tirées sur Israël, mettant quotidiennement 1 million de civils en danger. Bande de Gaza gérée par des Palestiniens et qui devait être un « laboratoire pour la paix », pour reprendre les termes utilisés alors par l'Ambassadeur d'Israël, Nissim Zvili, ancien Secrétaire général d'Avoda. Ce laboratoire est devenu une poudrière où ont été stockées des tonnes d'armes fournies principalement par l'Iran. Iran qui, selon un porte-parole de l'armée, le Brigadier Général Yoav Mordechai incite aujourd'hui le Jihad Islamique palestinien à poursuivre ses attaques contre Israël. Selon Debkafiles des experts iraniens sont d'ailleurs sur place. Ce groupe terroriste, suppôt du régime de Téhéran, a apporté son soutien immédiat à un autre groupe terroriste, les Comités de Résistance Populaire - CRP -, dès qu'il a attaqué Israël. C'était le 9 mars au soir, après que deux terroristes appartenant au CRP aient été tués lors d'une frappe ciblée israélienne. Il s'agissait de son Secrétaire général, Zuhair al-Qaisi (Abu Ibraim) et de l'un de ses autres dirigeants, Ahmad al-Khanini de Naplouse, qui avait été libéré dans l'échange contre l'otage Guilad Shalit et expulsé à Gaza.

 

Le CRP est responsable des attentats terroristes d'août dernier au nord d'Eilat qui ont tué 8 Israéliens et fait une trentaine de blessés. C'est parce qu'une attaque similaire était sur le point d'être menée par le CPR à la frontière entre Israël et l'Égypte qu'Israël a décidé de décapiter l'organisation terroriste.

 

Frappes ciblées israéliennes contre les terroristes, frappes palestiniennes visant des populations civiles

 

Il faut préciser que les frappes israéliennes visent terroristes et leurs infrastructures de manière très précise comme le montrent les vidéos mises en ligne. Mais, étant donné que ces terroristes choisissent délibérément de s'installer dans des zones de population, il y a également des victimes collatérales palestiniennes, élevées au rang de « martyrs » qui sont alors utilisés à des fins de propagande anti-israélienne. Selon l'agence de presse palestinienne Maan News, ce sont 22 Palestiniens qui ont été tués depuis le début des hostilités. La plupart étant des « militants » - lire terroristes. Ainsi, au cours de la nuit du 11 au 12 mars, deux membres du Jihad Islamique ont été tués au sud de la Bande de Gaza, d'autres blessés, ainsi que des civils.

 

On notera, par ailleurs, qu'en dépit de ces tirs, le 11 mars les autorités israéliennes ont envoyé plus de 4.200 tonnes de marchandises dans la Bande de Gaza. Ce qui illustre, une fois encore, que le blocus de la Bande de Gaza, dont l'ONU a reconnu la légalité, ne vise pas les populations civiles gazaouies, mais le terrorisme qui s'y est développé depuis la main mise du Hamas. Le 12 au matin Tsahal notait que trois camions de marchandises destinées à la population de Gaza ont été détruits par des tirs palestiniens.

 

Le Dôme de Fer

 

Si ce barrage d'obus de mortier, roquettes et missiles n'a pas fait plus de dégâts en Israël, c'est que l'armée dispose d'un atout de taille depuis le déploiement des batteries antimissiles appelées « Dôme de Fer » près des trois villes principales du sud d'Israël. Le Président Obama en avait d'ailleurs parlé en ces termes dans le discours qu'il a tenu à Washington le 4 mars dernier devant le lobby pro-israélien, AIPAC : « en tant que Président j'ai fourni les fonds nécessaires pour déployer le Dôme de Fer qui a intercepté des roquettes qui auraient pu frapper des foyers, des hôpitaux, des écoles dans cette ville et d'autres. Notre assistance permet à Israël de développer ses capacités de défense pour que plus d'Israéliens puissent vivre sans avoir peur des roquettes et des missiles balistiques. Parce qu'aucune famille, aucun citoyen, ne devaient vivre dans la peur ».

 

Ce Dôme de Fer, destiné à intercepter des missiles de courte portée, a été conçu par des ingénieurs israéliens. Le 11 mars, Avital Leibovitch, porte-parole de Tsahal, annonçait que ce Dôme de fer avait réussi à intercepter 47 missiles sur 52. Un taux de réussite très élevé mais les ingénieurs militaires travaillent actuellement pour améliorer encore ce taux, tandis que les terroristes palestiniens s'efforcent de profiter des failles du système.

 

Le 11 mars, toujours, Benjamin Netanyahou s'est rendu dans le sud d'Israël pour montrer sa solidarité. Il s'est arrêté à l'emplacement d'un site de batterie antimissile déclarant : « j'ai demandé de frapper quiconque à l'intention de nous attaquer. Tsahal frappe très fort les organisations terroristes. Ce mélange de capacité offensive, de capacité défensive et de courage de la population est un mélange gagnant et nous l'avons. Avec les réussites impressionnantes du Dôme de Fer, je demanderai aux résidents de respecter les instructions du commandement du Front Intérieur ». Instructions enjoignant à cette population de se montrer vigilante en ne se réunissant pas en groupe ou en restant dans les abris antimissiles si possible. On sait que, compte tenu de distances très courtes entre les lieux de tir et les zones israéliennes habitées, les habitants des régions visées par le terrorisme ne disposent que de 14 secondes après le déclenchement de l'alerte pour se mettre à l'abri avant que le missile ne tombe.

 

Le rôle de l'Iran, les effets de la crise syrienne et les changements d'alliance dans la région

 

Le Hamas, qu'Israël tient entièrement pour responsable de ce qui se passe dans la Bande de Gaza dont il a le contrôle, tenterait d'obtenir un cessez-le-feu par l'intermédiaire de l'Égypte où il a envoyé des émissaires. Mais l'Iran instrumentalise notamment les terroristes du Jihad Islamique qui lui sont inféodés.

 

L'analyste Ely Karmon, spécialiste du terrorisme, explique qu'il faut voir ce qui se passe aujourd'hui dans un contexte plus large. En effet, dit-il, « Téhéran craint que « l'axe de résistance Téhéran Damas » s'effrite à cause de la situation grave dans laquelle se trouve le régime d'Assad et que l'Iran perde son influence sur ses mandataires, le Hamas surtout. L'accord entre le Hamas et le Fatah du 6 février à Doha qui a pour but de créer un gouvernement d'unité nationale ayant à sa tête le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le départ de dirigeants du Hamas de leur quartier général à  Damas et les déclarations faites par le chef de l'administration du Hamas, Ismaël Hanyeh, le 24 février, pour soutenir les rebelles en Syrie contre Assad, ont poussé Téhéran à lancer un avertissement à la direction du Hamas, lui enjoignant de ne pas abandonner la voie de la « résistance ». Le Hamas préfère aujourd'hui compter sur le nouveau gouvernement militaire en Égypte et attendre que les Frères musulmans y imposent un régime plus islamiste après les élections présidentielles de juillet 2012, avec une nouvelle constitution... » Il ajoute que le Jihad Islamique « sert les intérêts de l'Iran en essayant de déstabiliser la région, notamment concernant l'Égypte, en se présentant comme le véritable défenseur des intérêts du peuple palestinien ».

 

A ce jour, d'ailleurs, le Hamas n'a pas utilisé les missiles iraniens Fajr 5 dont il est doté et qui a une portée de 75 kilomètres. Et cette deuxième attaque qui était montée via le Sinaï, où le gazoduc fournissant Israël est régulièrement pris pour cible, montre effectivement que cela pourrait devenir un nouveau front.