Tribune
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Publié le 16 Février 2012

Le mur et l’apartheid scandaleusement et mensongèrement au programme à Paris 8

C’est une grande affiche. On voit au premier plan un homme coiffé d’un keffieh, il marche. Derrière et devant lui, on aperçoit un mirador avec en son sommet, de larges fenêtres aux vitres teintées et le mur, grand, gris et profondément triste. Sur l’affiche et en place du mur (en photo), les organisateurs d’un colloque qui devrait se tenir dans l’enceinte de l’Université de Paris VIII, les 27-28 février 2012, ont écrit : « Israël, un état d’apartheid ? » 

Retour sur un mensonge

1) En l’espèce, le colloque qui va être organisé à l’université Paris VIII contrevient à deux conditions (risque de trouble à l’ordre public et non-respect de la mission universitaire).

 

2) Une université a-t-elle vocation à accueillir une réunion à but strictement politique (de ce genre), au demeurant non contradictoire ?

 

3) De plus, le thème de cette journée sera, je veux le rappeler ici : « Le boycott d’Israël, une mise en perspective ». Or, ce thème contrevient aux dispositions des articles 225-1 et 225-2 du Code Pénal sur la discrimination ainsi qu’aux articles 23 et 24 al.8 de la loi du 29 juillet 1881 sur l’interdiction de la provocation à la discrimination nationale, raciale ou religieuse envers des personnes ou groupes de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou non-appartenance à une race, une ethnie, une religion ou une nation

 

Au-delà, je veux répondre.

 

A) Sur la notion d’apartheid.

 

1) Il n'est pas une ville israélienne qui n'ait été ces dernières années ou ces derniers mois la cible d'attentats aveugles et sanglants. Il n'est pas un lieu où n’ait résonné en écho le bruit assourdissant de la voiture piégée ou du kamikaze fou et qui en porte les stigmates. Il n'est pas une école, un collège ou un lycée qui ne soit devenu un blockhaus, et des parents ou des enseignants qui ne se soient inquiétés pour leurs enfants et élèves. Il n'est pas une station de bus où soit absente totalement l'angoisse des usagers des transports publics, qui regardent autour d'eux de crainte qu'un passager ne se fasse sauter ou qu'un colis suspect n'explose. Il n'est pas un grand magasin ou un centre commercial où vous ne soyez contrôlés de peur qu'un attentat ne soit commis, pas une rue qui ne soit protégée, pas un carrefour qui ne soit surveillé, pas un lieu qui ne soit soumis à un contrôle strict qui paralyse la vie quotidienne et use les habitants de ce pays.

 

2) Bref, de quoi parlons-nous en réalité ? D'apartheid ou d'état de guerre ? Est-ce qu'un Etat au monde - la France par exemple - accepterait que son territoire subisse le terrorisme, que sa population soit mise en danger ? Quel Etat au monde accepterait-il que sa capitale soit visée ? Lorsqu'un kamikaze menace de se faire sauter, les forces de l'ordre doivent-elles laisser faire et se contenter de compter le nombre de victimes ? Lorsque des soldats pénètrent dans un village ou que le bouclage des territoires devient effectif, est-ce pour créer un imaginaire bantoustan ou traquer les terroristes qui s'y camouflent, trouver des armes et se substituer à une Autorité palestinienne trop souvent inerte en la matière, ou qui instrumentalise le terrorisme ? Lorsque les Israéliens prennent des routes de contournement, est-ce par racisme ou pour se protéger de caillasses, des tirs et des attentats ?

 

3) Certes la réalité sur le terrain est cruelle et nous le reconnaissons, mais cette situation est due à la guerre qui s'y déroule.

 

B) Sur le mur et cette photographie :

 

Le mur de séparation entre Israël et les Territoires les indispose. Admettons. Mais, que disent-ils des autres murs de séparation, dont Claude Quétel dans « Murs, une autre histoire des hommes » (Editions Perrin) dresse le portrait?

 

* Etats-Unis – Mexique : 1100 km de murs ou barrières. Ont-ils protesté ? Non.

* Maroc - Sahara Occidental : 2720 km de murs ou barrières. Ont-ils protesté ? Non.

* Chypre- République turque de Chypre du Nord : 180 km de murs ou barrières. Ont-ils protesté ? Non.

* Botswana – Zimbabwe : 500 km de murs ou de barrières. Ont-ils protesté ? Non.

* Arabie Saoudite – Irak : 700 km. Ont-ils protesté ? Non.

* Arabie Saoudite – Yémen : 1800 km. Ont-ils protesté ? Non.

* Inde – Bengladesh : 530 km. Ont-ils protesté ? Non.

* Inde – Pakistan (Cachemire) : 530 km. Ont-ils protesté ? Non.

* Corée du Nord – Corée du Sud : 238 km. Ont-ils protesté ? Non.

* Afghanistan – Ouzbékistan : 217 km. Ont-ils protesté ? Non.

* Koweït – Irak : 217 km. Ont-ils protesté ? Non.

 

Il existe également des murs et/ou des barrières entre d’autres Etats du monde. Jamais, nous n’avons entendu leurs protestations et leur courroux à ce sujet. Comment cela se fait-il? Le seul mur qui les tétanise est le mur de séparation entre Israël et les territoires.

 

Leur aveuglement confine ici, je dois le dire, à la bêtise et c’est cela qu’ils veulent "vendre" à Paris 8 ?

 

Non, vraiment?

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